Le Musée Barbier-Mueller remonte le temps

De l'Egypte pré-dynastique aux idoles des Cyclades, et de la culture de Villanova à l'Inde préhistorique, l'exposition illustre la formidable vitalité de l'art antique. A travers des oeuvres dont certaines sont vieilles de 7000 ans.

De l’Egypte pré-dynastique aux idoles des Cyclades, et de la culture de Villanova à l’Inde préhistorique, l’exposition illustre la formidable vitalité de l’art antique. A travers des oeuvres dont certaines sont vieilles de 7000 ans.

Un étrange personnage à barbiche, gardien d’une tombe dans le Japon des débuts de notre ère, trône aux côtés d’une plantureuse déesse de la fertilité (Anatolie, Ve mill. av. J-C), d’une splendide tête de Démosthène et d’un impressionnant vase étrusque, parmi de nombreuses oeuvres de marbre, de bronze ou de bois – objets rituels, funéraires ou utilitaires issus de tous les continents. Si le Musée Barbier-Mueller est d’ordinaire voué aux arts premiers, le propos de cette exposition est de faire dialoguer, par-delà les âges et les lieux, des formes d’expression multiples, antérieures pour la plupart à l’avènement des grandes religions et des grands empires.

Premier enseignement : l’art moderne n’est ni plus subversif ni plus inventif que les nombreux chapitres qui l’ont précédé. En témoignent notamment ces fameuses idoles des Cyclades, dont les plus anciennes datent de 4000 ans avant J-C, remarquables de stylisation et de puissance expressive (J. P. Barbier en possède la plus importante collection privée).

Autre constat saisissant, le caractère immuable de certaines formes : si 2500 ans se sont écoulés entre tel relief de l’Ancien Empire et son voisin de l’époque ptolémaïque, l’art égyptien n’a que peu varié. A l’inverse, une statuette funéraire du Mali, étonnamment délurée, (XIIIe siècle apr. J-C) contraste avec les ancêtres figés dans leur dignité qui lui feront suite.

Le musée a par ailleurs subi une réorganisation, qui ne se limite pas à ses nouvelles vitrines : les expositions temporaires sont désormais présentées en surface (rez et mezzanine), alors que les arts premiers (Amérique précolombienne, Afrique, Insulinde et Océanie) occupent les quatre salles des sous-sols.

Véronique Zbinden

Genève, Musée Barbier-Mueller, 10, rue Calvin : “7000 ans de créativité”; tous les jours de 10h à 17h, jusqu’au 15 février 2000.