Le naufrage de « L’Etoile de l’Orient » dû à une tornade
(Keystone-ATS) Le naufrage de l’Etoile de l’Orient a été probablement provoqué par le passage d’une petite tornade qui a frappé brièvement la région, a indiqué mercredi la météo chinoise. La police n’a en revanche rien reproché pour l’instant au capitaine du navire.
Le navire de croisière a chaviré en moins de deux minutes lundi soir sous un violent orage dans le fleuve Yangtsé, avec 456 personnes à son bord, selon un nouveau décompte officiel incluant passagers et membres d’équipage. Aucun ressortissant étranger n’a été mentionné.
Le Bureau d’Etat à la météorologie (BEM) chinois a assuré que le drame a été provoqué par le passage d’une petite tornade, accompagnée de vents de plus de 117 km/h, durant 15 à 20 minutes. « Un phénomène rare, qui se produit environ tous les cinq ans », a indiqué une responsable lors d’une conférence de presse tenue à Jianli.
Aucune mention du nombre de victimes n’a été faite durant cet exercice de communication des autorités, où aucune question n’a été autorisée. Sauvés tous les deux, le capitaine et le chef mécanicien, qui ont déclaré eux aussi que le bateau avait été pris dans une « tornade », étaient entendus par la police.
Capitaine jugé compétent
L’opinion chinoise semble divisée quant à la responsabilité du capitaine, mais plusieurs blogueurs ont pris sa défense. Ils ont souligné que ce naufrage du naufrage n’avait rien à voir avec celui du Sewol, qui a fait 304 morts en avril 2014 en Corée du Sud. Des proches des passagers disparus se demandent cependant pourquoi le navire a continué à naviguer dans des conditions météo aussi mauvaises.
Considéré comme compétent, le capitaine, âgé d’une cinquantaine d’années, a reçu l’an dernier le prix de l' »employé extraordinaire » décerné par la compagnie de transport fluvial de Chongqing, rapporte l’agence de presse Chine nouvelle, citant l’un de ses collègues.
Fils de capitaine, il exerce lui-même depuis plus de dix ans et en a passé sept ou huit sur la ligne Chongqing-Nankin où s’est produit le naufrage, a précisé un autre. Il y a trois ans, il avait été distingué pour avoir sauvé la vie d’un homme âgé victime d’une crise d’asthme à bord de son navire.
Dix-neuf corps repêchés
Le navire, qui assurait la liaison entre deux anciennes capitales chinoises, Nankin (est) et Chongqing (centre), a coulé dans la région de Jianli (province du Hubei). Mercredi en milieu d’après-midi, le bilan du drame était toujours de 14 survivants et de 19 corps repêchés, certains retrouvés à une cinquantaine de kilomètres en aval.
Les recherches pour retrouver les corps emportés par les eaux s’étendaient désormais jusqu’à la ville de Wuhan (centre), 220 kilomètres en aval du naufrage, ont annoncé les autorités mercredi matin, citées par la télévision d’Etat CCTV.
Sur place, sous une pluie battante, les secours, aidés d’une centaine de plongeurs, s’affairaient à fouiller l’épave du navire. La coque retournée émergeait toujours de la zone où le bateau s’est échoué par 15 mètres de fond. Les secouristes doivent faire face à de forts courants et une absence quasi totale de visibilité, a indiqué un responsable, Zhang Jianxin.
Le bilan humain promet d’être très lourd, la plupart des passagers étant des retraités qui se sont retrouvés piégés à l’intérieur du navire ou emportés par le fleuve.
Colère des familles
A Shanghai, d’où étaient originaires une centaine de passagers, les proches des disparus ont laissé éclater leur colère mercredi devant la municipalité, indignés d’être laissés sans nouvelles. Une vive confrontation a eu lieu avec les forces de l’ordre qui voulaient les déloger.
Soucieuse d’éviter tout débordement, la police a finalement forcé le groupe à monter à bord d’un bus, avant le conduire dans le hall monumental d’un autre bâtiment public, transformé pour l’occasion en « centre d’accueil ». D’autres proches des victimes y étaient réunis devant des écrans diffusant en boucle les reportages de la télévision d’Etat, montrant notamment le Premier ministre Li Keqiang sur les lieux du drame.