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Le nouvel évêque de Coire ne plaît pas à tout le monde

Vitus Huonder était auparavant vicaire général pour les Grisons. Keystone

Les réactions à la nomination de Vitus Huonder comme évêque de Coire sont mitigées. Les Eglises de Suisse appellent ce conservateur proche de Rome à se montrer ouvert.

Le pape Benoît XVI a confirmé dimanche le candidat de 65 ans proposé par le chapitre de Coire. Vitus Huonder veut être l’évêque qui «ramènera la foi dans le cœur des hommes».

Le nouvel évêque de Coire Vitus Huonder, qui entrera officiellement en fonction en septembre, a donné sa première conférence de presse lundi à Coire. Il s’est exprimé sur le rôle des femmes dans l’Eglise, l’oecuménisme et la situation du diocèse de Coire.

Sur ce dernier point, Vitus Huonder estime qu’il y a des problèmes à Coire comme dans tous les autres diocèses. Par exemple, le fait notamment que de moins en moins de gens ont la foi. «La foi a disparu du coeur des hommes à beaucoup d’endroits», a-t-il indiqué, reconnaissant qu’il existe aussi une forte minorité très croyante.

Inquiétudes

La désignation de Vitus Huonder comme nouvel évêque de Coire provoque des inquiétudes chez certains chrétiens. L’Union des catholiques critiques (Verein kritischer Katholiken), fondée après la nomination du très controversé évêque Wolfgang Haas, s’étonne de ce choix.

La principale critique de l’union vise la personnalité problématique de certains prêtres choisis par Vitus Huonder lorsqu’il était vicaire général. Mais le plus important sera de voir comment le nouvel évêque répondra aux besoins et aux voeux de la base.

Cette méfiance provient du fait que le futur évêque, qui apparaît comme un fidèle de la ligne tracée par Rome, avait été désigné vicaire général pour les Grisons en 1990 par Mgr Wolfgang Haas.

Ce dernier avait provoqué des remous au sein de la communauté, au point d’être déplacé par le pape à l’Evêché du Liechtenstein en 1998. Il avait été remplacé par Mgr Amédée Grab, dont la démission a été acceptée par le pape en février dernier.

Pas de retour en arrière

A Obwald, les catholiques veulent laisser du temps au nouvel évêque. Il ne toléreront toutefois pas un retour en arrière, a indiqué Karl Vogler, président des Eglises catholiques-romaines du canton d’Obwald. Il espère que Vitus Huonder sera à l’écoute des divers mouvements au sein de l’Eglise.

Le vicaire général des cantons de Zurich et Glaris espère de son côté que le nouvel évêque répondra aux préoccupations des catholiques dans l’esprit de son prédécesseur Amédée Grab. Il émet toutefois des critiques sur la procédure de nomination du nouvel évêque.

Les «soi-disant privilèges» du chapitre de Coire n’ont été «une fois de plus» que «très formellement» respectés. Le vicaire général juge que la procédure manque de transparence.

Les femmes et l’oecuménisme

Lundi, le nouvel évêque s’est également exprimé sur le rôle des femmes. «L’Eglise a clairement expliqué ces dernières années son opposition à l’ordination des femmes, a déclaré Vitus Huonder. Mais la femme a toujours joué un rôle important dans l’Eglise», a-t-il ajouté.

Il ne faut pas vouloir à tout prix se focaliser sur l’ordination des femmes car cela mène à une impasse, selon le nouvel évêque. Le sacerdoce pour les femmes «n’est pas possible» et cette décision de l’Eglise doit être respectée, a-t-il souligné.

Lundi, Vitus Huonder a également évoqué l’œcuménisme, qui a récemment fait de grands progrès. «On ne se bat plus l’un contre l’autre. Au contraire, nous marchons l’un vers l’autre.» Le fait que l’on continue à prier pour l’unité de l’Eglise est un motif d’espoir.

swissinfo et les agences

Né à Trun en 1942, dans l’Oberland grison.

Suit ses études de philosophie et de théologie au couvent d’Einsiedeln (Schwytz), puis à Rome et Fribourg.

Ordonné en 1971, entre 1976 et 1988 il est prêtre à Sachseln (Obwald), Kilchberg (Zurich) puis Egg (Zurich).

Il se consacre ensuite à la liturgie, avant d’être appelé à Coire en 1990, comme vicaire général pour les Grisons par Mgr Wolfgang Haas.

Il prendra la tête de l’Evêché de Coire en septembre.

En Suisse, le chapitre de l’évêché de Bâle désigne son évêque sans en référer à Rome.

Les chapitres de Coire et St-Gall participent à la nomination de leur évêque, mais c’est le pape qui confirme ce choix. Ce dernier désigne directement tous les autres évêques suisses.

A Coire, la succession de Mgr Grab, nommé en 1998, a été ouverte en février après sa démission. Il avait été le 1er évêque de Coire nommé selon la nouvelle procédure de l’«Etsi salva». Auparavant, le pape désignait aussi l’évêque auxiliaire, soit le futur remplaçant de l’évêque, mais le chapitre n’appréciait pas de ne pas être consulté.

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