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Le pôle français de SAirGroup sacrifié

SAirGroup ne veut plus débourser 80 millions de francs par mois pour ses participations dans AOM, Air Littoral et Air Liberté. Keystone

SAirGroup coupe les vivres à Air Littoral. Pour les syndicats, cette décision préfigure l'abandon d'AOM et d'Air Liberté. A brève ou moyenne échéance, Swissair devrait se retirer totalement du deuxième pôle aérien français.

SAirGroup ne veut plus débourser 80 millions de francs par mois pour ses participations dans AOM, Air Littoral et Air Liberté, trois compagnies qui sont en partie responsables des résultats calamiteux annoncés lundi par Mario Corti, le nouveau grand patron du groupe: 2,8 milliards de francs de déficit en 2000.

La direction zurichoise tire donc un trait sur une partie de ses activités en France: elle annonce avec effet immédiat l’arrêt pur et simple de tout apport de liquidités dans Air Littoral.

A Paris et en province, les syndicats cachent mal leur colère et leur consternation. Pour Raymond Besco, responsable CGT à la Fédération française des transports, il «faut demander au gouvernement Jospin de faire payer le retrait de SAirGroup le plus cher possible».

Au sein du personnel d’Air Littoral, on fait remarquer que la Suisse ne fait pas partie de l’Union européenne. Dans le cadre des accords bilatéraux, Paris pourrait faire pression sur Berne ou mettre en avant des mesures de rétorsion.

Mais du côté du Syndicat national des pilotes de ligne, on ne se fait guère d’illusion. Son président, Thierry Eydoux, se montre même sceptique quant aux actions que pourrait entamer la base. Il faut dire que rien n’a filtré des discussions qui ont opposé le ministre communiste des Transports, Jean-Claude Gayssot à Mario Corti.

Alors que les syndicats estiment qu’une reprise d’Air Littoral par Air France est une impérieuse nécessité, le gouvernement Jospin doit tenir compte des réserves exprimées par Bruxelles qui sont nombreuses: il y va notamment de la dérégulation du marché aérien européen et du bon équilibre de la concurrence.

Quant à la direction d’Air France, elle a toujours dit qu’elle n’avait pas pour vocation de reprendre tous les canards boiteux du ciel et de la terre.

Pour ce qui est de l’avenir d’AOM et d’Air Liberté, un plan de restructuration est en cours et une décision sera prise d’ici le 25 avril. Mais là, aussi, les syndicats estiment que les jeux sont faits.

«Seuls les tours de passe-passe de l’actionnaire majoritaire, le patron des patrons français Ernest-Antoine Seillière, empêchent pour l’instant SAirGroup de se désengager totalement», souligne Paul Fourier de la CGT.

Les syndicats précisent: «Il est aujourd’hui évident que les deux partenaires cherchent à sortir du pôle, mais ils ne savent pas comment s’y prendre, tant la construction financière est complexe et floue du côté de Monsieur Seillière. Mais pour nous, un désengagement total des Suisses dans le ciel français est acquis».

Jacques Allaman, Paris

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