Des perspectives suisses en 10 langues

Le pape, l’idole des jeunes

Le pape, une véritable star pour les 14'000 jeunes présents à Berne. Keystone

«L’Eglise a besoin de votre enthousiasme.» Par ces mots, Jean-Paul II a suscité un tonnerre d’applaudissement parmi les 14'000 jeunes réunis samedi à Berne.

Un succès certes, mais devant un public conquis d’avance et qui a manifesté son approbation face à un discours souvent à la limite de l’audible. Reportage.

«Steh auf! Lève-toi! Alzati! Sto se! Cette parole du Seigneur résonne aujourd’hui avec force dans notre assemblée et elle s’adresse à vous, chers amis, jeunes catholiques de Suisse», a déclaré le pape.

Et effectivement, dès l’entrée à la patinoire de Berne, nul doute qu’il s’agit bien d’un rassemblement des jeunesses catholiques de Suisse. La distribution de chapelets et d’images saintes ne laisse planer aucun doute.

Cette conviction se renforce encore à l’intérieur du bâtiment, où le visiteur découvre une multitude de stands dédiés aux jésuites, à Saint Pio ou encore à diverses œuvres catholiques.

Les jeunes présents viennent de tous horizons. En saisissant les conversations, on se rend très vite compte que l’on se trouve dans une véritable tour de Babel.

Et ceux qui ne reconnaîtraient pas les différents idiomes peuvent toujours se fier au grand nombre de drapeaux brandis: des suisses, bien sûr, mais aussi des polonais, des allemands, des croates, des slovènes…

Une ambiance de concert rock



Tous les participants se dirigent vers la patinoire où le pape parlera dans moins d’une heure. Mais en attendant sa venue, le public est «chauffé». Comme dans un concert, des artistes assurent la première partie du spectacle.

Il y a d’abord une chorégraphie. Les danseurs tombent à terre face aux malheurs qui accablent le monde (violence, suicides, avortements, etc.). Mais s’ils tombent, c’est pour mieux se relever grâce au message chrétien.

Puis l’ambiance monte encore d’un cran avec quelques chansons de rock chrétien. Massées derrière une rangée d’évêques assis au premier rang – on les reconnaît à leur calotte violette – les jeunes se trémoussent au son de la musique.

La salle est donc «chauffée» en attendant la venue du pape. Mais attention tout de même aux débordements. C’est ainsi qu’il est impossible de boire une bière au bar.

«Il nous est strictement interdit de vendre de l’alcool avant 23h00. C’est un ordre de l’Eglise», confie la tenancière.

Un délire d’applaudissements



Vers 18h00, la patinoire est comble. Tous attendent la venue du pape. Diverses banderoles annoncent clairement la couleur: «Vive le pape», «Tu es Pierre» sont quelques-uns des messages qu’on peut y lire.

Des signes aussi que pour certains des jeunes présents, le culte de la personnalité semble flirter d’un peu trop près avec le message évangélique…

Vers 18h15, celui que tous attendent roule sur scène. Et ce n’est pas une image, puisque, en raison de son état de santé, le Saint-Père est déplacé sur un siège posé sur un support muni de roulettes.

Dans le public, c’est un véritable délire. Pendant presque un quart d’heure, les jeunes acclament le pape par des applaudissements nourris. Des applaudissements qui redoublent dès que Jean-Paul II leur adresse un salut de la main.

Entre rire et compassion



Après cette ovation, le pape peut commencer son discours. Les débuts sont laborieux. De longues secondes s’écoulent entre les mots de Jean-Paul II. Un fort tremblement, très bien perceptible sur les deux écrans géants disposés dans la salle, semble l’empêcher de poursuivre la lecture.

Un membre du clergé s’approche. Il écarte le micro et fait mine de vouloir prendre les feuilles des mains du pape. Mais d’un petit geste sec, Jean-Paul II tape sur ses feuilles, montrant ainsi qu’il souhaite les conserver. L’ecclésiastique s’éloigne, sans doute un peu penaud.

Le public, qui n’a pas perdu une miette de la scène, applaudit à tout rompre. Il est en tout cas difficile de rester insensible. On est partagé en le comique de la situation et une vraie compassion pour un homme aussi affaibli physiquement.

Le pape poursuit son discours d’une voie parfois claire, mais le plus souvent à peine audible. Il encourage notamment les jeunes à ne pas avoir peur de rencontrer Jésus.

Le public applaudit à de nombreuses reprises. Mais il est bien difficile de savoir si tous ces jeunes font une ovation à l’homme présent sur l’estrade – qui semble être une véritable «star» à leurs yeux – ou à son message.

Peu de critiques

Compris ou pas, le message pontifical n’est de toute façon pas vraiment contesté parmi le public. «Je ne suis pas d’accord avec tout ce qu’il dit. Mais je n’accepte pas d’attaques contre le pape; il est le représentant de Dieu», déclare ainsi Jean-Baptiste, un jeune venu de France.

Même son de cloche pour Damien, qui a fait le déplacement depuis la Suisse romande. «Les médias se focalisent toujours sur l’usage du préservatif et déforment ce qu’il dit», déclare-t-il.

Vers 19h00, l’hymne officielle de la manifestation retentit, signe de la fin de la rencontre. Le pape s’en va, une fois de plus sous un déluge d’applaudissements. Les jeunes scandent: «Giovanni Paolo, Giovanni Paolo…»

Leur prochaine rencontre aura lieu dimanche matin. Ce sera pour la messe.

swissinfo, Olivier Pauchard

Quelque 14’000 jeunes ont rencontré le pape à Berne.
Cette visite constitue le 103e voyage de Jean-Paul II.
Il s’agit de la 3e visite du pape en Suisse.

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision