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Le patron de Swissair crée la panique en Belgique

Mario Corti veut-il également lâcher Sabena? swissinfo.ch

Les propos tenus par le patron du groupe de Swissair, Mario Corti, à l'agence financière Bloomberg ont fait l'effet d'une bombe en Belgique. Où les médias se demandent si Sabena est promise à un scénario «à la AOM». Autrement dit, si la compagnie belge va, elle aussi, être lâchée par Swissair.

Le journal Le Soir – premier quotidien francophone du pays – cite la déclaration d’un membre de cabinet ministériel qui résume bien le sentiment actuel de beaucoup de Belges: «le groupe Swissair ferait mieux de communiquer sa décision, au lieu de faire des déclarations irresponsables dans les médias».

Les déclarations en question sont celles faites par Mario Corti à Bloomberg. «Je ne peux pas redresser Swissair avec des participations qui perdent de l’argent», dit-il notamment. Et d’ajouter que la prise de participation majoritaire du groupe Swissair dans Sabena n’est «pas un objectif en soi».

Le problème, c’est que la signature des dirigeants de l’ex-SAirGroup – appellation contrôlée à l’époque – figure sur le contrat passé en avril 2000 avec l’Etat belge qui prévoit cette prise de participation. Un contrat confirmé par SAirGroup en janvier, quelques jours avant la fin de l’ère Bruggisser.

Depuis, le ministre belge des participations publiques, Rik Daems, ne cesse de répéter qu’«un contrat est fait pour être respecté». Alors que le groupe Swissair semble vouloir lui rétorquer: «tout contrat peut être cassé».

Au siège zurichois du groupe Swissair, on tente d’éteindre l’incendie provoqué en Belgique par les propos de Mario Corti. «Tout est dans le si, lance le porte-parole Patrick Jeandrain qui connaît particulièrement bien le dossier. Le groupe Swissair n’investira plus dans Sabena si cette dernière continue à perdre de l’argent. La décision sur la prise de participation n’est pas prise.»

Patrick Jeandrain confirme toutefois que Swissair est bel et bien «en négociation pour revoir l’accord d’avril 2000». Il indique également que la patience zurichoise sera très limitée.

Evoquée dans le plan stratégique du patron de Sabena, Christoph Müller, l’échéance de 2005 pour le retour à la rentabilité est beaucoup «trop éloignée». Pas question, pour le groupe Swissair, d’éponger quatre exercices déficitaires.

L’inquiétude des Belges est d’autant plus grande qu’une nouvelle recapitalisation de Sabena – indispensable à sa survie – n’est envisageable que si elle est assumée par un investisseur privé. En partie du moins.

A supposer qu’il ait les moyens de sauver la compagnie Sabena à lui tout seul, le gouvernement s’attirerait à coup sûr les foudres de la Commission européenne. Qui traque les aides publiques.

Thierry Zweifel, Bruxelles

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