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Le porno de Pipilotti Rist à l’Elysée

«Chaque personne a une définition différente de la pornographie.» Musée de l'Elysée

La très provocante artiste suisse Pipilotti Rist présente une vidéo pornographique, jusqu'au 14 janvier 2001, dans le cadre de l'exposition «Le triomphe de la chair» au Musée de l'Elysée à Lausanne.

«Non, je ne vois pas de porno dans l’œuvre de Pipilotti Rist, s’insurge William Ewing, directeur du Musée de l’Elysée, mais bien plutôt de la poésie dans sa vidéo.»

«Evidemment, poursuit le commissaire de l’exposition, chaque personne a une définition différente de la pornographie. Où commence-t-elle? Quelle est-elle? Tout est relatif et tout est fonction de nos valeurs références.»

Toujours est-il que William Ewing avait gardé en mémoire l’œuvre de Pipilotti Rist qui l’avait frappé, voici une décennie, par l’aspect spirituel qui s’en dégageait.

Manifestement, pour Sir Ewing, la pornographie ne commence qu’au moment où elle implique des notions de violence. Or, même si la vidéo montre les parties génitales des personnes filmées, aucune violence s’en dégage. «Au contraire, rétorque le commissaire de l’exposition, tout est célébration du corps humain dans le travail de Pipilotti».

«J’ai donc choisi d’intégrer l’œuvre cinématographique de Pipilotti Rist, explique William Ewing, parce que j’ai senti dans sa vidéo que la chair était vraiment quelque chose de difficile à regarder. Ainsi, sa démarche est d’autant plus intéressante qu’elle va à l’encontre de la chair parfaite des «top-models» affichés dans les vitrines des pharmacies suisses.»

Toutefois, William Ewing convient volontiers qu’il est question dans l’appellation de l’œuvre de Pipilotti Rist de «vidéo porno». Or, pour l’Anglais de l’Elysée, le titre de l’œuvre serait davantage une provocation que le véritable contenu de ladite cassette vidéo.

A chacun, dès lors, de découvrir l’œuvre de Pipilotti Rist et d’y ressentir l’émotion qui, alors, le portera vers le dégoût, l’attirance ou encore la jouissance.

Emmanuel Manzi

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