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Le président de Credit Suisse espère une assemblée générale apaisée

Le président de Credit Suisse Urs Rohner espère ramener le calme parmi les actionnaires contestataires avec les mesures annoncées vendredi (archives). KEYSTONE/WALTER BIERI sda-ats

(Keystone-ATS) Après la proposition de la direction générale de baisser ses bonus de 40%, soit de 20 millions de francs, le président de Credit Suisse espère apporter de la sérénité avant l’assemblée générale. Urs Rohner affirme avoir reçu des retours très positifs des actionnaires.

Plusieurs actionnaires ou sociétés de conseil, dont ISS, Glass Lewis et la fondation genevoise Ethos, ont émis des réserves et recommandé le rejet du rapport sur les rémunérations lors de l’assemblée générale des actionnaires du 28 avril. Elles jugent les montants trop élevés au regard des deux lourdes pertes subies en 2015 et 2016.

Pour mémoire, les directeurs généraux avaient touché une enveloppe globale de 82 millions de francs, contre 80,2 millions en 2015, y compris le dédommagement de 14,3 millions réservé au patron Tidjane Thiam. La somme était destinée à combler le manque à gagner suite au départ à mi-2015 du Franco-Ivoirien de l’assureur britannique Prudential pour rejoindre Credit Suisse.

En 2016, Tidjane Thiam a perçu au total 11,9 millions de francs, contre un montant de 18,9 millions un an auparavant. L’établissement a lui essuyé une perte nette de 2,62 milliards de francs l’an dernier, après un débours de 2,94 milliards en 2015.

L’exercice 2016 s’est achevé dans le rouge suite à la condamnation fin 2016 de Credit Suisse à verser 5,3 milliards de dollars (5,3 milliards de francs au cours actuel) d’amende et dédommagements aux Etats-Unis pour avoir vendu avant la crise financière de 2007-2008 des produits financiers toxiques adossés à des crédits hypothécaires.

Davantage d’acceptation

Urs Rohner espère maintenant que davantage d’actionnaires ne suivent pas les recommandations des contestataires. “D’après les réactions d’investisseurs institutionnels, nous pensons que l’approbation sera plus élevée lors de l’assemblée générale” qu’auparavant, indique-t-il dans une interview publiée dimanche dans la NZZ am Sonntag.

Le conseil d’administration a pour sa part décidé de maintenir sa propre rémunération au niveau de 2015 et 2016 et de renoncer à l’augmentation prévue pour cette année. L’organe de surveillance proposait aux actionnaires d’approuver un montant maximal de 12,5 millions de francs pour la période allant jusqu’à l’assemblée générale ordinaire de 2018.

L’an dernier, la compensation du président du conseil d’administration Urs Rohner a été remontée à près de 4 millions de francs, contre 3,2 millions en 2015. L’ensemble du conseil d’administration a empoché près de 11 millions, contre un peu moins de 9,9 millions un an auparavant.

Pression des actionnaires

Il n’est cependant pas certain que la réduction des bonus implique un changement. Dans une interview publiée dans Le Matin Dimanche et la SonntagsZeitung, le directeur d’Ethos Vincent Kaufmann a indiqué vouloir en “discuter très vite, car les sommes restantes – plus de 15 millions pour les bonus 2016, dont plus de 7 millions pour le directeur général et quelque 31 millions de bonus futurs – restent tout de même très élevées”.

Le directeur d’Ethos a, en revanche, assuré que la fondation allait maintenir sa demande de non réelection du président du conseil d’administration Urs Rohner et du vice-président Richard Thornburgh.

Vincent Kaufmann justifie cette décision par le bilan “loin d’être bon” d’Urs Rohner et son soutien à la stratégie d’expansion importante de la banque d’investissement qui a mené à des pertes massives. Par ailleurs, les deux hommes faisaient partie de la direction entre 2005 et 2007, “années durant lesquelles la banque a vendu des produits financiers toxiques”, entraînant une condamnation de Credit Suisse.

“La pression des actionnaires sur Credit Suisse a porté ses fruits”, fait encore remarquer Vincent Kaufmann. Selon lui, l’initiative Minder prend enfin vie. Et guise de preuve, il avance que “les 44 millions de francs de rémunération à l’ex-directeur général et président de Novartis Daniel Vasella ne sont plus de mise”.

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