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Le président indien dans l’«Antique République»

Le président indien (au centre) avait reçu une délégation suisse lors de la visite d'Etat de Pascal Couchepin (à droite) en 2003. Keystone

Le président indien A. P. J. Abdul Kalam débute mercredi une visite d’Etat en Suisse.

Il sera officiellement accueilli par le président de la Confédération Samuel Schmid. Au programme: des discussions sur les relations bilatérales et la situation internationale.

L’Inde est actuellement le 8ème partenaire de la Suisse en ordre d’importance. Les officiels suisses considèrent que le renforcement de ces liens représente un but prioritaire pour les années à venir.

On s’attend d’ailleurs à ce que le sous-continent indien, où habitent plus d’un milliard de personnes, devienne la 4ème puissance économique du monde vers 2020.

Samedi, Abdul Kamal et Samuel Schmid visiteront la région de l’Oberland bernois. Il est possible que le président indien y reconnaissance quelques-uns de ces magnifiques décors alpins très prisés par la fameuse industrie indienne du cinéma.

Toutefois, le moment fort du séjour d’Abdul Kamal – un des scientifiques les plus renommés d’Inde et ancien responsable du programme indien de missiles guidés – se déroulera avant le début de cette partie officielle.

Mercredi, à la veille du début officiel de la visite, le président se rendra au CERN de Genève, qui abrite le plus grand laboratoire de physique des particules. Le lendemain, il se rendra aux Ecoles polytechniques de Lausanne et de Zurich en compagnie du ministre suisse de l’Intérieur Pascal Couchepin.

Les deux hommes pourront même se remémorer des souvenirs récents. En effet, lors de son année présidentielle en 2003, Pascal Couchepin avait également fait une visite d’Etat en Inde. Cette visite s’était concentrée sur les relations techniques et scientifiques entre les deux pays.

De vieux amis

Mais les bons rapports entre la Suisse et l’Inde remontent à plus loin que cette visite d’Etat. Leurs relations datent en fait de 1948. La Suisse avait alors été le premier Etat étranger avec lequel l’Inde, qui venait d’obtenir son indépendance, avait signé un «traité d’amitié».

La Suisse était alors désignée sous le terme d’«Antique République de Suisse» selon les termes du Premier ministre de l’époque, Jawaharlal Nehru, qui louait «les valeurs et les traditions démocratiques» de l’Etat alpin.

Mais pour Joseph Koch, directeur du hub commercial suisse en Inde, les relations entre les deux pays vont bien plus loin que cela.

Suite à l’utilisation de mercenaires suisses au 18ème siècle, les deux pays ont débuté une longue histoire de relations commerciales avec l’établissement simultané de deux maisons du commerce à Zurich et à Bombay. Ces établissements facilitaient alors le négoce de produits comme les épices et le coton.

On dit que l’Inde a joué un rôle capital dans le développement de l’industrie textile suisse, à l’époque très renommée.

Au-delà des clichés

Selon Joseph Koch, cette longue tradition de liens économiques se marque encore le relations actuelles: «Dans l’Inde d’aujourd’hui, la Suisse jouit encore d’une bonne réputation qui va au-delà des vaches, du chocolat et des montres. La Suisse est vue comme un pays jouant un rôle particulièrement important dans le domaine de l’innovation en général.»

«D’une manière générale, les entreprises indiennes sont prêtes à payer légèrement plus cher pour des produits suisses, en particulier pour les machines, parce qu’elles savent qu’elles achètent une qualité supérieure», ajoute Joseph Koch.

Selon le responsable du hub commercial, beaucoup de gens voient encore l’Inde comme un «centre global de services» complétant l’importance croissante de la Chine en tant qu’atelier du monde. Mais Joseph Koch est convaincu que l’Inde possède également la capacité de devenir un important centre de production.

«L’Inde a aujourd’hui tout autant d’ingénieurs de talents que de spécialistes en informatique», conclut-il.

Un gros potentiel

Le gros potentiel de l’économie indienne est souvent sous-estimé. Un secteur susceptible de prendre de l’importance est celui du tourisme. Ainsi l’an dernier, plus de 70’000 visas ont été accordés à des touristes indiens pour visiter la Suisse. Et la demande augmente rapidement.

L’une des raisons pour laquelle la Suisse représente une destination spéciale, c’est que de nombreux touristes indiens connaissent déjà le pays au travers de leur industrie du film, un peu comme les cinéphiles suisses reconnaissent immédiatement New York ou San Francisco.

A ce propos, le ministre suisse de l’Economie Joseph Deiss déclarait l’an dernier à swissinfo: «Un bon film indien avec un happy end doit presque obligatoirement se terminer au sommet d’une montagne suisse.»

swissinfo, Chris Lewis
(Traduction de l’anglais: Olivier Pauchard)

Les exportations suisses en Inde se sont montées à 1,02 milliard de francs en 2004, en hausse de 37% par rapport à l’année précédente.
Les importations de produits indiens en Suisse ont atteint 548,1 millions de francs (+ 9,6%).
Les principales exportations suisses sont les machines et les produits chimiques.
Les principales exportations indiennes sont les textiles, les produits chimiques et les bijoux.

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