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Le public boude la foire des énergies renouvelables

Des panneaux solaires à l'aéroport de Genève. Keystone

swissinfo s'est rendu au premier salon suisse des énergies renouvelables. Si le futur de la planète dépend de l'afflux du public à Energytech, il y a de quoi s'inquiéter.

Les exposants sont en effet parfois plus nombreux que les visiteurs. Et cela même à Lausanne, ville modèle qui a reçu une médaille d’or européenne pour sa politique pionnière en matière d’énergies renouvelables.

«Nous couvrons 66% des besoins énergétiques de la ville avec de l’énergie renouvelable, mais la plupart des citoyens ne le réalisent pas», affirme Jürg Stierli des services Industriels lausannois.

«Il n’est pas trop tard pour que les gens changent de point de vue mais c’est à nous de donner des impulsions. Les avantages de l’énergie renouvelable sont là et nous devons nous assurer qu’elle soit totalement intégrée par la prochaine génération.»

La question reste cependant de savoir comment persuader un public apparemment pas perturbé du tout par des rapports aussi apocalyptiques que réguliers sur le réchauffement global.

Des subsides incitatifs

A Energytech, les options ne manquent pas. Les visiteurs peuvent en effet découvrir, grâce à une quarantaine de stands, des chauffages aux pellets (granulés de bois), des pompes à chaleur, des moteurs d’éoliennes et une voiture hybride fonctionnant au gaz et à l’essence.

Cette foire veut également sensibiliser le grand public aux économies d’énergie et au recyclage. Selon le directeur d’Energytech Christophe Vuillermet, le problème principal reste cependant la question des coûts.

«Les gens peuvent changer leur manière de penser mais je ne pense pas qu’ils soient prêts à payer plus pour rouler en voiture hybride ou se chauffer avec des granulés de bois», explique-t-il.

«Le gouvernement et les cantons doivent favoriser le changement vers les énergies renouvelables grâce à des subsides incitatifs.»

Selon l’Office fédéral de l’Energie (OFEN), la plupart des autorités cantonales offrent des subsides, même si de grandes différences subsistent. Le gouvernement met, quant à lui, chaque année 14 millions de francs à disposition pour des projets liés aux énergies renouvelables.

Des allégements fiscaux

Bernard Vermeulen, représentant de la firme allemande de chauffage à bois Lopper Kesselbau, estime que la Suisse devrait suivre l’exemple de la France. Là, les familles qui décident d’investir dans un chauffage écologique ou qui installent des panneaux solaires sont remboursées pour moitié sous forme de déductions fiscales.

«Durant les cinq dernières années, l’intérêt pour nos chauffages est allé grandissant en raison de l’augmentation du prix du pétrole mais également pour des motifs écologiques. Mais cela n’est pas encore assez», dit-il.

«Il faudrait être fou pour ne pas croire au réchauffement climatique. Il suffit de voir, par exemple, comment le glacier du Trient s’est retiré durant les dix dernières années.»

Selon Bernard Vermeulen, un ménage qui désire s’équiper d’un chauffage à bois doit investir plusieurs milliers de francs. Mais une fois le système installé, le combustible nécessaire coûtera près de 50% moins cher que le pétrole ou le gaz.

Cette approche à long terme est celle d’Alexandre Nüssli, un technicien de 28 ans qui est train de rénover sa maison.

«Je m’intéresse aux panneaux solaires et aux capteurs photovoltaïques, ainsi qu’au chauffage à bois, même si je sais que les investissements seront conséquents, dit-il. Je veux construire une maison autosuffisante en énergie. Le coûts s’équilibreront sur les années.»

Pionnier de l’énergie alternative

Le Jurassien Jean Oppliger – responsable de l’entreprise agricole jura-energie.ch – est un pionnier dans le domaine de l’énergie alternative depuis 25 ans.

Il a entamé son aventure avec des panneaux solaires, puis est passé aux capteurs photovoltaïque et aux éoliennes. Aujourd’hui, il vend son énergie renouvelable excédentaire dans son canton, mais aussi jusqu’à Berne ou Winthertour.

L’an dernier, il a par exemple produit 100’000 Kilowatt-heure (kWh) pour sa ferme et n’en a utilisé que 14’000. Mais l’énergie renouvelable étant plus onéreuse, il n’est pas facile de trouver acquéreur.

«C’est un peu frustrant, admet Jean Oppliger. Mais dans deux décennies, il n’y aura plus de pétrole et nous devrons obligatoirement nous tourner vers les énergies renouvelables. Nous devrons nous diversifier. Une petite entreprise comme la mienne représente le futur.»

swissinfo, Adam Beaumont à Lausanne
(Traduction et adaptation de l’anglais: Mathias Froidevaux)

Energytech, le premier salon suisse des énergies renouvelables, s’étend sur 4000 m2 au Palais de Beaulieu à Lausanne, dans le canton de Vaud. Il se déroule du 16 au 18 novembre.

Plus de 40 exposants présentent des technologies novatrices et respectueuses de l’environnement allant des moteurs d’éoliennes aux systèmes de chauffage géothermiques.

Pour les organisateurs, le but est de conseiller ceux qui veulent construire ou rénover un logement. Il vise aussi les professionnels qui connaissent souvent mal les nouvelles techniques liées aux énergies renouvelables.

Les organisateurs espèrent attirer 4’000 visiteurs.

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