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Le référendum turc n’était pas aux normes du Conseil de l’Europe

"Le référendum en Turquie s'est déroulé sur un terrain inégal et les deux camps en campagne n'ont pas bénéficié des mêmes opportunités", a constaté la délégation du Conseil de l'Europe. KEYSTONE/EPA TURKISH PRESIDENT PRESS OFFIC sda-ats

(Keystone-ATS) Le référendum de dimanche en Turquie qui a accordé président Recep Tayyip Erdogan le renforcement de ses pouvoirs n’était pas aux normes édictées par le Conseil de l’Europe. C’est le constat d’une mission commune d’observateurs de l’OSCE et du Conseil de l’Europe.

Un représentant de la mission évoque un cadre juridique insatisfaisant et des modifications de dernière minute dans la procédure de dépouillement.

“Le référendum s’est déroulé sur un terrain inégal et les deux camps en campagne n’ont pas bénéficié des mêmes opportunités”, a déclaré Cezar Florin Preda. Chef de la délégation de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, celui-ci s’est exprimé lors d’une conférence de presse à Ankara. La Turquie est membre du Conseil de l’Europe.

“Des modifications tardives dans la procédure de comptage (des voix) ont supprimé un important garde-fou”, a-t-il ajouté, faisant allusion à la décision des autorités d’accepter les bulletins non estampillés du sceau officiel.

L’opposition crie à la fraude

Le président turc a obtenu le “oui” qu’il recherchait au référendum sur le renforcement de ses pouvoirs. Mais l’opposition, qui l’accuse de dérive autoritaire, crie à la fraude.

Selon les chiffres de l’agence de presse progouvernementale Anadolu mis à jour dans la nuit de dimanche à lundi, Recep Tayyip Erdogan aurait obtenu que 51,41% des suffrages dimanche, après dépouillement des bulletins dans 99,97% des urnes.

Le président de la commission électorale (YSK) a confirmé dans la soirée la victoire du “oui” avec 1,25 million de voix de plus que le “non” alors qu’il restait 600’000 bulletins à dépouiller. Il a précisé que le résultat définitif serait annoncé “d’ici à onze ou douze jours”.

Lundi, le président de l’YSK a déclaré que tous les bulletins de vote et enveloppes fournis dimanche aux électeurs turcs lors du référendum étaient valides. Il a rejeté les accusations du camp du “non”.

Au total, quelque 55,3 millions de Turcs étaient appelés à voter dimanche, et le taux de participation s’est établi à 85%, selon le YSK.

“Oui” de la diaspora

Les Turcs de la diaspora ont voté à 59,09% en faveur de la réforme, selon des résultats partiels diffusés par l’agence Anadolu. En Suisse, le “oui” n’a toutefois obtenu que 38,08%.

Dans le détail, en Allemagne, où la diaspora turque est très importante, 63,07% des votants ont accepté le texte renforçant les pouvoirs du chef de l’Etat turc. Et en Autriche, le “oui” dépasse les 73,23%. Il l’emporte également en Belgique (74,98%), France (64,86%), et aux Pays-Bas (70,94%).

Environ 2,9 millions de personnes pouvaient voter à l’étranger dont environ la moitié en Allemagne. Leurs voix ont compté pour 5% du résultat total. La commission électorale n’a encore publié aucun résultat officiel concernant le vote des membres de la diaspora.

Au final, le “oui” atteint 59,09% chez les Turcs de l’étranger et 51,18% pour leurs compatriotes au pays, selon Anadolu.

Premières réactions

La chancelière allemande Angela Merkel a appelé le président turc à chercher “un dialogue respectueux” avec tous les partis politiques.

Une exhortation également exprimée par la Suisse, qui entend poursuivre son dialogue à la fois “ouvert, critique et constructif” avec Ankara.

Par ailleurs, la Turquie va prolonger l’état d’urgence en vigueur depuis le putsch avorté de juillet, ont rapporté lundi des médias.

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