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Le rôle moteur des consulats pour la diaspora suisse

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Craignant de nouvelles fermetures de consulats en France, en Allemagne et en Italie où vivent la plupart des expatriés, Jacques-Simon Eggly veut mobiliser le Parlement et la Confédération.

Selon le président de l’Organisation des Suisses de l’étranger (OSE), les consulats jouent un rôle qui dépasse leurs fonctions administratives. Comme à Marseille, ils peuvent servir de catalyseur pour la diaspora helvétique. Interview.

L’annonce en avril dernier de la fermeture du consulat de Bordeaux – tout premier consulat de Suisse – a déjà fait beaucoup de vagues. L’Organisation des Suisses de l’étranger (OSE), s’est déjà émue de cette décision auprès du ministère suisse des Affaires étrangères, tout comme les associations des Suisses de France qui ont protesté contre cette décision.

Malgré ces réactions, Jacques-Simon Eggly craint toujours de nouvelles fermetures de consulats, en particulier dans les pays limitrophes de la Suisse où vivent le plus grand nombre d’expatriés. Une inquiétude que le président de l’OSE a récemment exprimée à Marseille, lors d’une réunion, organisée par le Consulat général, avec les présidents des associations suisses du Sud de la France.

swissinfo: Vous êtes plus que jamais inquiet. Pourquoi?

Jacques-Simon Eggly: Suite à l’annonce de la fermeture du consulat de Bordeaux, Micheline Calmy-Rey, ministre suisse des affaires étrangères, nous a expliqué que son budget limité l’obligeait à faire des choix et qu’elle devait ouvrir de nouvelles représentations, notamment dans les pays de l’Est. Je regrette d’ailleurs la récente fermeture du consulat de Dresde, justement situé dans l’ancienne Allemagne de l’Est.

Notre organisation estime impossible de continuer à limiter ces antennes qui facilitent la vie des expatriés. Et cela dans les pays où ils sont les plus nombreux dans le monde, soit la France et l’Allemagne.

Raison pour laquelle nous continuerons à nous battre pour freiner cette tendance à la suppression des consulats professionnels. Il faut aussi valoriser – avec un appui plus grand et une formation adéquate – les consuls honoraires. Mais cette option a des limites, les consuls honoraires n’étant pas autorisés à produire certains actes officiels.

Les moyens informatiques modernes devraient à terme faciliter la vie des Suisses de l’étranger dans leurs démarches administratives. Mais l’informatique n’est pas toujours la solution; pensons simplement aux personnes âgées.

Cela dit, Micheline Calmy-Rey peut renvoyer la balle au Parlement qui n’alloue pas des moyens supplémentaires pour à la fois conserver les consulat existant et en ouvrir de nouveaux.

swissinfo: Vous allez donc défendre ce dossier au Parlement?

J-S E : Sans articuler de chiffres, nous allons tenter – notamment au travers du groupe parlementaire qui défend les Suisses de l’étranger – de faire prendre conscience de cet enjeu. De la même manière, nous avons déjà réussi à sauver le budget en faveur des écoles suisses de l’étranger.

Quant au ministère des Affaires étrangères, nous allons tenter de lui faire sentir constamment l’attente des Suisses de l’étranger et leurs besoins, puisque son préavis est déterminant quant à la fermeture ou non de tel ou tel consulat.

swissinfo: Pourquoi ces consulats sont-ils si importants pour les expatriés?

J-S E : Les consulats sont des relais essentiels pour la transmission d’informations importantes, comme les affiliations aux assurances maladie, suite à l’entrée en vigueur des accords bilatéraux avec l’Union européenne ou l’assurance vieillesse pour les Suisses de l’étranger au moment de leur retraite, sans parler des contentieux avec les administrations du pays de résidence.

En outre, les consuls généraux sont des maillons essentiels à la vie des communautés des Suisses expatriés. Des communautés si souvent glorifiées dans les discours officiels.

Un consul général vraiment actif, engagé et très au fait des problèmes consulaires, joue un rôle indispensable et complémentaire à l’action diplomatique. Il serait vraiment dommageable d’en arriver à un seul service consulaire attaché à l’ambassade dans les capitales française, allemande et italienne, après la suppression de tous les consulats régionaux. Cette extrémité n’est malheureusement pas totalement exclue.

swissinfo: Observe-t-on cette tendance dans d’autres pays?

J-S E : Le ministère des Affaires étrangères nous dit que notre réseau consulaire serait un des plus étoffé du monde, compte tenu de la taille de la Suisse. Sans doute, mais cela n’est pas une raison pour nous aligner sur des pays qui ont un moins bon réseau. La Suisse a tiré beaucoup de bénéfices de ce réseau.

Le rôle d’un consulat ne se réduit pas à des tâches purement administratives qui, à terme, se feront via l’Internet. Comme on le voit ici à Marseille, le consul général joue un rôle dynamique auprès des Suisses qui dépendent de sa circonscription et des associations qui les réunissent.

Evidement, avoir un consul coûte plus cher que de ne pas en avoir. Mais il serait intéressant de savoir quelle économie réelle représente la fermeture d’un consulat comme celui de Bordeaux.

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Une ambassade a pour mission première de veiller aux intérêts politiques, économiques et juridiques de son pays auprès du pays hôte, ce qui englobe la promotion de l’image de la Suisse et le maintien d’un réseau de relations.

Elle possède en général une section consulaire fournissant des services à des ressortissants suisses, mais aussi étrangers. Les ambassades se trouvent dans la capitale, près du siège du gouvernement.

Un consulat général peut être ouvert dans une grande ville. Il est toujours rattaché à l’ambassade assurant la représentation officielle de la Suisse auprès du gouvernement concerné.

Le consulat général veille sur les intérêts du pays, notamment par la promotion économique, la communication et la fourniture de services consulaires.

Outre les ambassades, les missions et les consulats généraux tenus par du personnel de carrière, il existe un réseau de consuls honoraires qui sont le plus souvent des ressortissants suisses installés dans le pays hôte. Leur rôle est régi par une convention conclue avec le consulat général dont ils dépendent. (source: DFAE)

L’Organisation des Suisses de l’étranger (OSE) représente en Suisse les intérêts des Suissesses et des Suisses de l’étranger.

Elle informe quelque 670’000 expatriés et leur offre un large éventail de prestations de services. L’OSE a son secrétariat à Berne.

L’OSE peut s’appuyer sur quelque 750 sociétés et institutions suisses dans le monde entier. L’organisation, qui existe depuis 1916, est reconnue par les autorités comme porte-parole de la Cinquième Suisse.

L’organe suprême est le Conseil des Suisses de l’étranger (CSE), le «Parlement de la Cinquième Suisse».

Il se compose de délégués de l’étranger ainsi que de membres de l’intérieur et se penche sur toutes les questions de politique touchant les Suisses de l’étranger.

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