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Le retour des bostryches dans les forêts suisses

Les bûcherons craignent le retour du temps chaud et sec propice aux bostryches. Keystone Archive

Alerte aux bostryches! Les arbres couchés ou affaiblis par le passage de l'ouragan Lothar, en décembre 1999, sont devenus des sites de nidification idéaux pour le coléoptère. Résultat: il menace l'ensemble de la forêt suisse.

Le phénomène est connu. Il a déjà pu être observé après l’ouragan Vivian, dans les années 90. La population de bostryches avait alors augmenté, et atteint un pic trois ans après la catastrophe naturelle. Alors qu’elle était à nouveau normale en 1999, les bûcherons s’attendent aujourd’hui à revivre le phénomène.

Le bois tombé à terre, mais aussi les déchets laissés en forêt après l’exploitation importante de l’an dernier, sont en effet des lieux propices au développement du bostryche. De même que les zones affaiblies par l’ouragan.

Bref, cela n’a pas été une surprise: l’automne dernier, de nouveaux foyers de bostryches ont été découverts dans le bois à terre. Mais l’ampleur de la catastrophe dépendra maintenant de la météo.

Si la pluie du mois de mars en a déprimé plus d’un, les bûcherons et autres garde-forestiers, eux, craignent le retour d’un ciel plus clément. Le chaud et le sec sont en effet propices aux bostryches. Dans tous les cas, la population d’insectes atteindra son paroxysme l’année prochaine ou dans deux ans.

Prenez l’exemple du canton de Fribourg, particulièrement touché par Lothar: 1,3 million de mètres cubes de bois y sont tombés, dont les deux-tiers ont été exploités l’an dernier. Alain Lambert s’attend maintenant à de nouvelles pertes, dues aux bostryches.

«Nous ne pouvons pas encore les chiffrer, mais elles ne seront pas anecdotiques», prédit le chef de secteur au Service de la forêt et de la faune.

Ce que craignent par-dessus tout les forestiers, c’est que le coléoptère se développe dans les bois sains. Du coup, il est essentiel de terminer rapidement le nettoyage des forêts.

Autre mesure: les forêts sont surveillées de près. Afin de détruire les nids, et d’évacuer rapidement le bois atteint. De mauvaise qualité, celui-ci est également de moindre valeur sur le marché. Alors même que le prix du bois avait déjà chuté de 40-50% l’an dernier, selon les chiffres d’Alain Lambert.

Bref, les forêts ne se sont toujours pas remises de Lothar, qui, le 26 décembre 1999, avait balayé en quelques heures 46 000 hectares de bois. «Sur le plateau, la situation pourrait se normaliser en trois ou quatre ans, estime Beat Forster, ingénieur forestier à l’Institut fédéral de recherche WSL. Dans les Alpes et les Préalpes, il faudra plutôt compter six ans».

Caroline Zuercher

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