Le ski suisse poursuit sur sa bonne trajectoire
Malgré des Mondiaux ratés, l’équipe de Suisse masculine de ski alpin, emmenée par un Didier Cuche au sommet de sa forme, peut se montrer satisfaite de son hiver de Coupe du monde. Chez les dames, le bilan est plus mitigé.
En remportant les globes de cristal de la descente et du super-G, Didier Cuche a une nouvelle fois été la locomotive du ski suisse. Son palmarès, désormais riche de 17 victoires et 60 podiums de Coupe du monde, a été complété cet hiver par une médaille d’argent en descente aux Mondiaux de Garmisch-Partenkirchen. «Ce fut une saison incroyable, souligne le skieur des Bugnenets. Après un départ mitigé, je ne pensais pas pouvoir décrocher deux globes à Lenzerheide.»
Les six globes à son actif, obtenus dans trois disciplines différentes – 4x descente, 1x super-G, 1x géant – lui donnent quelques idées pour ce qui sera certainement la dernière saison de sa carrière. «En étant aux avant-postes dans trois disciplines, j’aurai peut-être une chance de me battre pour le classement général de la Coupe du monde l’hiver prochain», murmure le Neuchâtelois.
Contrairement à l’hiver précédent, lors duquel Carlo Janka avait fait étalage de tout son talent, la Suisse ne peut pas se prévaloir de compter dans ses rangs le meilleur skieur de la planète toutes disciplines confondues. Cet honneur revient au Croate Ivica Kostelic, qui a dominé de la tête et des épaules la Coupe du monde. Didier Cuche (2e) et Carlo Janka (3e) complètent le podium.
La relève bien présente
Martin Rufener, acteur majeur du renouveau du ski suisse, qui quittera ses fonctions après sept ans passés à la tête de l’équipe masculine, se montre toutefois satisfait à l’heure de tirer son dernier bilan: «C’est toujours difficile de confirmer un globe du général. Je ne dirais donc pas que l’on a reculé par rapport à la saison précédente. Cet hiver, il y a bien sûr eu Cuche, mais aussi d’autres vainqueurs: Silvan Zurbriggen, Tobias Grünenfelder, Beat Feuz, Carlo Janka. Ca signifie qu’on n’a pas suivi qu’une trace. La direction est la bonne car malgré les nombreuses blessures, il y a toujours des skieurs suisses capables de rivaliser avec les meilleurs.»
Carlo Janka, lui, n’était pas en possession des armes physiques nécessaires pour défendre son titre. Son problème d’arythmie cardiaque, décelé au mois de décembre, l’a perturbé tout au long de l’hiver. Opéré à la fin du mois de février, le Grison a réussi l’exploit de remporter dix jours plus tard le géant de Kranjska Gora. «Mon corps a connu des hauts et des bas. Mais depuis mon intervention au cœur, j’ai ressenti une nette amélioration au niveau de la récupération. Certes, je n’ai pas encore retrouvé le sommet de ma forme car j’ai été perturbé deux fois durant ma préparation estivale en raison d’un virus. Mais c’est rassurant pour la suite», explique-t-il.
Pour Martin Rufener, outre les sept victoires et les dix-sept podiums obtenus cet hiver, les motifs de satisfaction sont évidents. «La relève a été bien présente. Elle n’est pas pléthorique, mais talentueuse. Les Murisier, Schmidiger et autre Gisin ont fait beaucoup de progrès. Je peux passer le témoin à mon successeur avec sérénité, il n’y aura pas de trou ces prochaines années».
Seule ombre au tableau, des Mondiaux ratés pour l’ensemble de l’équipe de Suisse, avec une seule médaille au compteur. La malchance et les blessures expliquent cependant en grande partie ce couac, dont les dirigeants de la Fédération n’ont d’ailleurs pas tiré d’enseignements prématurés.
Retour gagnant de Lara Gut
Avec une seule victoire pour sept podiums, dont quatre pour la seule Lara Gut, qui a parfaitement réussi son retour de blessure, la situation est un peu moins rose dans le camp féminin. Mauro Pini, qui a repris l’équipe en mains cette saison, refuse cependant de dramatiser.
«Certes, nous sommes évalués sur les résultats et je ne me soustrais pas à cette responsabilité. Mais je préfère souligner les aspects positifs. Le retour de Lara Gut a été un succès. La valorisation des talents a été réussie, comme l’ont prouvé les championnats du monde juniors de Crans-Montana. Des spécialistes de la vitesse comme Abderhalden, Kamer et Gisin ont nettement progressé techniquement. En géant et en slalom, trois filles ont réussi régulièrement à se qualifier en deuxième manche, ce qui n’était pas le cas l’hiver dernier»..
Mauro Pini n’exclut toutefois pas des changements: «Il faut que tous les membres de l’encadrement aient le feu nécessaire pour participer à notre projet». Dès la fin de la saison, il analysera en détail les expériences de l’hiver pour apporter des améliorations, avec toujours pour perspective les Jeux olympiques de Sotchi en 2014. Certaines pistes sont déjà connues.
«Les filles doivent progresser techniquement et physiquement, mais aussi au niveau mental. Contrairement aux hommes, certaines d’entre elles n’appliquent pas la même rigueur professionnelle qui doit guider une carrière de sportif d’élite», souligne Mauro Pini.
Ce n’est pas le cas de Lara Gut, qui se montre satisfaite à l’heure de terminer sa saison. «Mon come-back est réussi, mais j’espère que ce sera le dernier. J’aurais signé les yeux fermés pour de tels résultats en début de saison. Je me réjouis maintenant de pouvoir recommencer à m’entraîner en géant et en slalom, deux disciplines que j’ai un peu négligées». Comme d’habitude, Lara Gut s’entraînera de son côté et ne rejoindra l’équipe féminine que pour le début des compétitions. Il est à craindre que les tensions entre le clan Gut et la Fédération suisse de ski, qui ont atteint un sommet en décembre avec la suspension de la Tessinoise pour deux courses, ne soient pas une histoire totalement oubliée.
MESSIEURS
Classement général:
1. Ivica Kostelic/CRO
2. Didier Cuche/SUI
3. Carlo Janka/SUI
Descente:
Didier Cuche/SUI
Super-G:
Didier Cuche/SUI
Géant:
Ted Ligety/USA
Slalom:
Ivica Kostelic/CRO
Super-combiné:
Ivica Kostelic/CRO
DAMES
Classement général:
1. Maria Riesch/GER
2. Lindsey Vonn/USA
3. Tina Maze/SLO
Descente:
Lindsey Vonn/USA
Super-G:
Lindsey Vonn/USA
Géant:
Viktoria Rebensburg/GER
Slalom:
Marlies Schild/AUT
Super-combiné:
Lindsey Vonn/USA
Val-de-Ruz. Né en 1974, Didier Cuche est originaire aux Bugnenets, dans le Jura neuchâtelois.
Coupe du monde. Son palmarès est riche de 17 victoires en Coupe du monde. Il a notamment remporté à quatre reprises la prestigieuse descente de Kitzbühel.
Globe de cristal. Il a remporté le globe de cristal récompensant le meilleur descendeur de la saison en 2007, 2008, 2010 et 2011, celui du géant en 2009 et celui du super-G en 2011.
Grands événements. Didier Cuche compte une médaille d’argent aux Jeux olympiques (super-G de Nagano en 1998) à son palmarès. Il a été sacré champion du monde du super-G à Val d’Isère en 2009. Il a également décroché une médaille de bronze en géant lors des Mondiaux d’Are en 2007 et une médaille d’argent en descente aux Mondiaux de Garmisch en 2011.
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