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Le soleil, c’est sympa… l’ombre c’est mieux!

Profiter du soleil: une question de dosage. Keystone

Avec les beaux jours, l'envie de s'exposer au soleil est grande. Un geste qui n'a pourtant rien d'anodin.

Malgré la prévention, on diagnostique chaque année en Suisse quelque 1500 nouveaux cas de mélanome, la forme la plus grave du cancer de la peau.

La victime-type de ce type de cancer? Une personne qui dès l’enfance a été exposée au soleil et qui, à l’âge adulte, a conservé cette habitude.

Facteurs aggravants: l’individu en question a généralement du mal à bronzer lors des premières expositions, et a subi de nombreux coups de soleil au cours de sa vie. Par ailleurs, il est porteur de nombreux grains de beauté.

Ce peut être un homme ou une femme. De n’importe quel milieu social.

Tel est le ‘portrait-robot’ brossé par Danielle Liénard, médecin associé en oncologie au Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV), à Lausanne.

Aggravation de la situation

Ce qui inquiète le docteur Liénard, c’est de constater que le cancer de la peau se déclare de plus en plus tôt. «Il y a une quinzaine d’années, fait-elle remarquer, c’était exceptionnel de voir quelqu’un de 20 ans avec un mélanome. Maintenant, c’est mon pain quotidien.»

Pour elle, c’est une conséquence directe de l’habitude, assez récente, de mettre les enfants au soleil.

Ainsi, en 25 ans, le taux de mélanomes a triplé dans le canton de Vaud. Et on estime qu’un homme sur 8 et une femme sur 10, en Suisse, développeront cette forme de cancer de la peau.

Avec 1500 nouveaux cas par an en Suisse, le mélanome est le troisième cancer le plus fréquent chez la femme et le cinquième chez l’homme. Par contre, le mélanome ne représente qu’un cancer cutané sur dix.

Dix ans de campagne

Comment faire pour inverser la tendance? Combattre les mauvaises habitudes des adultes est difficile, reconnaît le Dr Liénard.

Néanmoins, insiste-t-elle, on doit leur faire comprendre qu’il n’est pas raisonnable d’aller au soleil nu ou presque. Par conséquent, chapeaux, T-shirts et lunettes doivent être de mise.

Depuis une décennie, la Ligue suisse contre le cancer (LSC) est active dans ce domaine à travers le programme «Peau et Soleil».

Au vu de l’accroissement des cas de cancers cutanés, on peut se demander si ce genre de campagne est vraiment utile… «Oui, répond la chargée de l’information de la LSC, car maintenant le taux de cancer de la peau chez les femmes, qui était le public cible, s’est stabilisé.»

En revanche, Claire Tiberghien admet que chez les hommes et les jeunes, le taux est en hausse. C’est pourquoi, dès cette année, l’information est intensifiée auprès de ces deux catégories de population. Le bus de la LSC, baptisé Solmobile, va se rendre dans les universités et les entreprises.

Autre résultat positif de ces campagnes, selon Claire Tiberghien: les gens sollicitent beaucoup plus facilement un dépistage dès qu’ils constatent quelque chose d’anormal. Et les pharmaciens sont davantage consultés.

Se protéger et encore se protéger

Le soleil n’a certes pas que des effets négatifs, loin de là. Mais c’est une question de dosage. Et de moment: il ne faut pas s’exposer entre midi et 16 heures, les heures les plus riches en rayons ultraviolets B (UVB), ceux qui provoquent les coups de soleil.

Autre impératif: ne pas oublier la crème solaire, et cela à n’importe quelle heure du jour. Indice de protection requis: entre 15 et 20. En dessous, cela ne sert à rien. Et au-dessus à pas grand-chose!

Cela dit, un indice élevé n’autorise pas à rester des heures durant au soleil. Et cela d’autant plus que les humains, en fonction de leur type de peau, sont inégaux face à l’astre du jour.

Par ailleurs, plusieurs zones de flou subsistent. Si l’on sait que la crème solaire protège du coup de soleil, il n’est pas prouvé qu’elle empêche le développement d’un mélanome. Et puis… on ne sait pas précisément à partir de quelle quantité d’exposition le soleil devient dangereux.

swissinfo, Chantal Nicolet

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