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Le soleil et la neige ne suffisent plus

Un tiers seulement des remontées mécaniques suisses sont rentables. Keystone

Pour améliorer leur compétitivité, les entreprises de remontées mécaniques suisses doivent «regarder au-delà de la vallée d’à-côté» et se mettre au marketing.

Le processus de fusion qui touche le secteur devrait impérativement s’accélérer ces prochaines années.

Pour une fois, la neige était au rendez-vous dès l’ouverture de la saison d’hiver. Une bonne nouvelle qui ne change rien au fait que la branche est encore et toujours trop morcelée.

Telle est en effet la constatation de Thomas Bieger, professeur de l’Université de Saint-Gall. Dans une interview à l’agence ats, ce spécialiste estime indispensable que les acteurs «regardent au-delà de la vallée d’à côté» et que l’amélioration de la compétitivité internationale nécessite «un autre ordre de grandeur».

Rationnaliser ou mourir

Le président des Remontées mécaniques suisses confirme ce diagnostic à swissinfo. Il l’explique par les origines du grand boom du ski dans les années soixante.

Louis Moix, qui est aussi directeur de Téléverbier SA, estime que «le problème tient au fait que les stations de ski sont dirigées par des techniciens plus que par des experts en marketing».

«Il est évident qu’il faut élargir nos horizons. C’est un problème commun à toutes les vallées alpines, longtemps trop repliées sur elle-mêmes.»

Résultat, un tiers seulement des quelque 586 membres des Remontées mécaniques suisses se portent bien. Sur un chiffre d’affaires de 850 millions de francs en 2002, 77% d’entre elles se sont situées à moins d’un million de francs.

Une solution: fusionner

Selon Thomas Bieger, la solution est dans les fusions de société, une tendance qui devrait s’accentuer ces prochaines années.

Louis Moix confirme: le nombre de sociétés devrait diminuer de 25 à 30% d’ici une quinzaine d’années, à la suite de fusions et… de fermetures.

«En outre, certaines stations de moyenne altitude doivent offrir d’autres activités, pour pallier le manque de neige», estime le président des Remontées mécaniques suisses.

Mais il n’y a pas que la fusion. Les derniers mariages entre sociétés de remontées mécaniques montrent en effet qu’ils conviennent d’abord aux acteurs importants.

«Jusqu’ici, seules les sociétés qui réussissaient déjà se sont regroupées, comme à Davos, Flims (GR) ou Zermatt (VS)», estime le professeur Bieger.

Collaborations tous azimuts

Louis Moix préconise donc plutôt un système de collaboration tous azimuts.

«Par exemple, le Val d’Anniviers en Valais regroupe plusieurs sociétés qui collaborent pour les achats, assurances et autres frais. En outre, elles se partagent le domaine skiable avec un seul abonnement.»

Pourtant, ce type de collaborations n’engendre-t-il pas une augmentation du prix des abonnements?

«C’est vrai, concède Louis Moix, cela a été le cas par exemple à Zermatt. Mais en général, les remontées ne coûtent pas plus cher que d’autres loisirs sur l’ensemble du tourisme ou de vacances en station.»

L’apport des groupes étrangers

Société prospère en Valais, Téléverbier se félicite de l’entrée dans son capital du groupe français Compagnie des Alpes, actionnaire également des remontées mécaniques de Saas Fe.

Pour Louis Moix, qui est également directeur de Téléverbier SA, la Suisse vit une petite révolution dans la branche. «Cette société est très orientée vers la clientèle et c’est ce qui nous manque le plus en Suisse, où nous sommes trop orientés vers la technique».

L’arrivée de groupes étrangers est effectivement plutôt une chance, estime de son côté le professeur Thomas Bieger: «Ils ne peuvent qu’amener davantage de visiteurs.»

L’exemple d’Arosa

Pour améliorer leur compétitivité, les exploitants de télésièges, téléphériques, remonte-pentes et autres funiculaires devraient acquérir des hôtels ou d’autres installations touristiques.

«Ils formeraient ainsi des entités plus substantielles, qui induiraient des économies et donc un meilleur rendement», selon M. Bieger.

Ainsi, la station d’Arosa a mis au point une «Carte Arosa» pour la saison d’été qui, à partir d’un séjour d’une nuit dans un hôtel, offre tous les trajets à la clientèle. Une offre intégrée qui a valu à la station le prix touristique «Milestone 2003». Et qui a occasionné une hausse des nuitées de 160%.

Mais une telle offre est encore de la musique d’avenir pour ce qui est de la saison d’hiver. C’est ce qu’indique Myriam Keller, porte-parole de la station grisonne, à swissinfo.

Les stations suisses ont donc encore du chemin à faire pour s’adapter aux exigences du marketing touristique et parvenir à une offre globale et intégrée telle que pratiquée par les stations de ski américaines, conclut Louis Moix.

swissinfo et les agences

La Suisse compte 586 compagnies de remontées mécaniques employant quelque 11’000 personnes.
Le processus de fusion devrait en voir disparaître 30% d’ici à 15-20 ans.
Seules un tiers d’entre elles sont rentables.
Sur un chiffre d’affaires global de 850 millions de fr en 2002, 77% des compagnies se situent en dessous de un million.

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