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Le sommet mondial de l’information décolle

Une majorité des habitants de la planète n’a pas accès au téléphone. Keystone

Longtemps ignoré, le sommet de la société de l’information suscite enfin l’intérêt des Etats, du secteur privé et de la société civile.

Pays hôte et co-organisatrice de la conférence onusienne, la Suisse veut un maximum d’engagements concrets.

«La mayonnaise est en train de prendre», lance l’ambassadeur suisse Daniel Stauffacher, à propos du sommet placé sous l’égide de l’ONU et de l’UIT (Union internationale des télécommunications).

«Plus d’une trentaine de chefs d’Etat, poursuit le délégué du gouvernement helvétique pour la préparation du sommet, ont annoncé leur participation.»

Et d’ajouter: «Les pays du Sud ont été les premiers à témoigner leur intérêt. Mais les pays du Nord s’y mettent également».

Cela dit, l’ambassadeur suisse souligne surtout la participation du monde de l’économie. Ce qui, jusqu’à récemment, était loin d’être acquis.

«Des groupes tels que Vodaphone ou Nokia nous contactent, précise Daniel Stauffacher. Ils cherchent à s’impliquer dans le sommet et ses préparatifs.»

Quant à la société civile (le troisième pôle ), elle est d’ores et déjà pleinement impliquée.

Le sommet de Genève sera d’ailleurs le premier du genre à permettre aux représentants de la société civile d’intervenir durant les séances plénières de la conférence.

Le rôle catalyseur de la Suisse

«Dès le départ, relève l’ambassadeur Daniel Stauffacher, la Suisse a poussé pour que la société civile et le secteur privé soient tous deux étroitement associés au sommet.»

La participation effective de tous ces acteurs aux intérêts divergents constitue un tout premier succès pour les organisateurs du sommet et pour son pays hôte en particulier.

D’ailleurs, sur ce point, la Suisse veut montrer l’exemple. «La délégation helvétique qui participera au sommet réunit des représentants des trois pôles», souligne Frédéric Riehl, directeur des relations internationales à l’Office fédéral de la communication (OFCOM).

La position que défendra la Suisse lors du sommet sera le fruit d’une concertation entre son gouvernement, sa société civile et ses milieux industriels – représentés par economiesuisse, l’organisation faîtière des patrons helvétiques.

«Mais, précise l’ambassadeur Daniel Stauffacher, le gouvernement aura tous de même le mot de la fin.»

Un défi de taille pour la Suisse

Cette réunion internationale, lance Marc Furrer, directeur de l’OFCOM et cheville ouvrière du sommet, «offre à la Suisse une occasion de prouver qu’elle est capable de s’attaquer à des sujets difficiles».

Difficile, le mot est faible. Le Sommet mondial de la société de l’information (SMSI) ambitionne en effet de jeter les bases d’une société de l’information ouverte et accessible à tous.

«Les technologies de l’information et de la communication (TIC) constituent le principal vecteur de la globalisation, rappelle Marc Furrer. Mais elles donnent aussi la possibilité de compenser les inégalités causées par la globalisation.»

C’est donc ce potentiel que le sommet est censé mettre en branle. A lire le projet de déclaration finale du sommet, les TIC seront même l’outil privilégié pour réduire les inégalités entre riches et pauvres, que se soit des pays ou des individus.

Et ce n’est pas tout. Les TIC doivent également permettre une meilleure défense des droits de l’Homme et de la démocratie, tout en ménageant le respect de la diversité culturelle.

Tout en plaidant pour la diffusion des logiciels ouverts et gratuits, le projet de déclaration finale souligne également l’importance de la sécurité liée aux TIC et à l’Internet, la protection des droits d’auteurs.

Bref, la substance du sommet est grosse de conflits d’intérêt. Le patron de l’OFCOM Marc Furrer en est d’ailleurs parfaitement conscient.

«Le sommet de Genève, dit-il, doit enclencher un processus et provoquer une prise de conscience générale, à l’instar du sommet de Rio consacré au développement durable.»

Quelque 500 projets concrets

Cela dit, le SMSI n’entend pas se borner à un catalogue de vœux pieux. «Le plan d’action qui sera également adopté lors du sommet doit être réalisable», précise Marc Furrer.

Par ailleurs, la Suisse a engagé son agence de coopération – la DDC – à présenter avec la Banque mondiale (BM) une série de projets qui visent à combler la fracture numérique.

Au nombre de 500, ces projets feront l’objet d’un salon qui se tiendra, en marge du sommet, à Genève également.

Enfin, durant le SMSI, la cité de Calvin accueillera de nombreux colloques largement animés par la société civile.

Quant aux médias de service public, ils auront leur propre réunion baptisée Forum mondial des médias électroniques.

swissinfo, Frédéric Burnand

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