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Le Tessin tente d’imposer sa loi à la prostitution

Au Tessin, fin 2001, 570 prostituées, dont 70 transsexuels, et 20 gigolos étaient recensés. Keystone

La nouvelle loi cantonale pour lutter contre la prostitution sauvage vient d'entrer en vigueur. Un pas de plus dans une guerre qui est loin d'être gagnée.

Pour Luigi Pedrazzini, à elle seule, la nouvelle loi ne sera pas suffisante pour venir à bout de la prostitution. Notamment la prostitution sauvage. Qui ne cesse de se répandre dans tout le canton.

Aux maires des communes tessinoises, le chef du Département des institutions lance un appel: «votre collaboration active avec les autorités cantonales et, notamment, avec la police est primordiale».

Les gigolos font leur apparition

Entrée en vigueur au premier janvier 2002, cette nouvelle loi n’a pas été accueillie avec grand enthousiasme. Elle a, d’ailleurs, fait l’objet d’un recours au Tribunal fédéral. Motif? Elle serait anticonstitutionnelle. Elle lèserait la liberté de commerce.

Parmi les prostituées, elles-mêmes, la loi a eu très peu d’échos. Seules deux d’entre elles – dont une Suissesse – se sont en efet annoncées à la police.

Elles seront fichées. Elles auront droit à une assistance médicale gratuite et, si elles le demandent, à un soutien de la part du canton. Mais elles seront aussi tenues à déclarer leurs revenus au fisc.

A fin 2001, la police estimait à 570 prostituées – dont 70 transsexuels et, pour la première fois, 20 gigolos – le nombre de professionnels du sexe qui exercent dans le canton. Et, à en croire Bruno Ongaro, chef de la brigade des mœurs, plus ou moins 400 d’entre elles exerceraient illégalement leur métier.

A noter que le nombre de personnes qui exercent le plus vieux métier du monde est en diminution. Puisque, un an plus tôt, un bon millier de filles de joie provenant principalement d’Amérique du Sud et des pays de l’Est travaillaient dans des maisons de passe, des night-clubs et des appartements.

Fermetures en cascade

La lutte contre la prostitution «sauvage» a débuté au Tessin au tout début de l’an 2000. Et les premières interventions de police remontent à février 2000.

Deux mois plus tard, l’hôtel de passe «Il Gabbiano», propriété du conseiller national Giuliano Bignasca (Lega), était fermé: une prostituée brésilienne y avait été égorgée par un client.

Depuis, la police a fermé 23 établissements publics et 18 appartements privés. La dernière descente a eu lieu, peu avant Noël, à Lamone près de Lugano, où le restaurant-maison de passe d’une ex-actrice porno et ex-députée de la Lega au Parlement a dû mettre la clé sous le paillasson.

Au total, 85 personnes ont été arrêtées et 27 d’entre elles ont été jugées ou devront passer devant la justice. Et 380 prostituées ont été dénoncées au Ministère public.

Gemma d’Urso, Lugano

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