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Côtoyez le Chili de Pablo Neruda ou l’Abyssinie de Rimbaud, plongez dans un Salon de la culture africaine, parcourez la planète avec Jules Verne…

La 18e édition du Salon international du livre et de la presse de Genève s’ouvre mercredi.

«Nous avons 17 salons derrière nous, ce qui veut dire que nous avons de la durabilité… Notre Salon n’a pas disparu, comme d’autres», constatait il y a peu Pierre-Marcel Favre, fondateur et patron de la manifestation, à l’occasion d’une conférence de presse.

Et de citer le salon de Lyon, coulé corps et biens, ou celui de Bruxelles, qui s’est éclipsé pour renaître plus modeste. Il est vrai que d’année en année, le rendez-vous genevois draine un large public, et que si d’aucuns se plaignent parfois de son côté «foire», c’est là la rançon – et l’une des raisons – du succès.

Aux 4 points cardinaux

Cette année, la caractéristique de la manifestation est indéniablement l’appel au voyage et à l’ouverture qu’il véhicule.

Avec notamment le «1er Salon africain du livre, de la presse et de la culture», soutenu notamment par la DDC, le bureau fédéral chargé de la coopération, qui souligne deux buts: développer la visibilité de «l’immense richesse du continent africain» et donner un coup de pouce au développement durable en Afrique. Nous y reviendrons.

Dépaysement également avec le pays hôte d’honneur, le Chili, qui a donné au monde Gabriela Mistral, Prix Nobel de littérature en 1945 et Pablo Neruda, dont on célèbre cette année le centenaire de la naissance. Mais le Chili, c’est aussi une littérature vivante et d’excellents vignobles… Ces aspects-là devraient être présents à Genève.

Voyage encore avec une exposition consacrée à Arthur Rimbaud. Rimbaud le poète, et Rimbaud l’homme aux semelles de vent, puisque les images que le photographe suisse Benoît Lange a rapportées d’Ethiopie – l’Abyssinie du temps de Rimbaud – seront accrochées au salon.

Voyage toujours avec les Verne(s). Henri Vernes, le créateur de Bob Morane, à qui le groupe français Indochine doit tant! Le stand Wallonie-Bruxelles consacre une exposition à Super Bob, né en 1953, et qui, depuis, a connu 150 aventures souvent très exotiques. Henri Vernes fera d’ailleurs le déplacement de Genève.

Et Jules, bien sûr. Jules Verne, auquel le Salon du livre consacre cette année sa «Grande exposition».

«L’univers fabuleux de Jules Verne»

Fabuleux comme «fable» ou comme «extraordinaire»? «Comme extraordinaire», répond immédiatement Eric Weissenberg, médecin genevois, secrétaire-général de la Société Jules Verne et collectionneur passionné.

«Jules Verne est un artiste. On l’a considéré à tort comme un romancier de la science, mais cela n’a jamais été le cas. Il a toujours été un artiste qui a utilisé la science comme un homme de théâtre utilise des accessoires ou des décors», explique-t-il.

Il faut dire que les innombrables adaptations pour enfants ou adolescents qu’ont subies certaines œuvres de Jules Verne, si elles ont été bénéfiques à ses éditeurs, ne l’ont pas été nécessairement pour la réputation littéraire de l’œuvre.

Comment raconter l’écrivain français à travers une exposition? «On a voulu montrer par des affiches modernes – cinéma, publicité – que le monde de Jules Verne est très vivant, très remuant aujourd’hui. Un grand bouillonnement qui d’ailleurs s’accentue à l’approche du 100e anniversaire de sa mort, en 2005», constate Eric Weissenberg.

Sont aussi présentés moult documents d’époque: dessins originaux de ses illustrateurs, photos ayant appartenu à Jules Verne lui-même ou à son éditeur Hetzel, et même des jeux dérivés, adaptés de ses œuvres.

La grande partie de ce qui est présenté à Genève appartient à Eric Weissenberg. «C’est assez étonnant de voir ainsi étalé sur de vastes surfaces des objets qui généralement sont dans des tiroirs ou en rouleaux sur le sommet des armoires», conclut-il tranquillement.

La déclinaison du livre

Outre les stands des éditeurs et des diffuseurs, le livre se décline également à travers d’autres expositions: Georges Sand, le Polonais Witold Gombrowicz ou Zep, le père de Titeuf, et sa bande de «Tchô» ont ainsi chacun droit à leur accrochage.

Plus étonnant: un parcours organisé quatre jours d’affilée en ville de Genève, pour visiter les lieux où ont séjourné des auteurs connus. L’occasion de participer à un thé littéraire à l’Hôtel des Bergues en compagnie de Mary Shelley et de Frankenstein, mais aussi de suivre les traces de Rousseau, de Ludwig Hohl, de Dostoïevski ou d’Albert Cohen.

De la passion à la mystique du livre, certains n’hésitent pas à franchir le pas, ainsi l’auteur et peintre français d’origine polonaise, Marek Halter, qui participait à la conférence de presse citée plus haut.

«Avant l’écriture, il y avait des pictogrammes. Donc tout ce qui était abstrait était difficile à dire. Et ce n’est pas par hasard que l’écriture précède à peine l’invention de la première abstraction dans l’histoire de l’humanité: Dieu. Dieu Un, invisible. Vous imaginez bien qu’avec les pictogrammes, cela aurait été difficile à dire».

Difficile de croire que le concept n’a pas précédé le mot. Et que l’abstraction n’est pas antérieure à l’invention de Dieu. Mais quoi qu’il en soit, la formule est jolie.

swissinfo, Bernard Léchot à Genève

La manifestation a lieu du 28 avril au 2 mai 2004.
Elle se tient à «Geneva Palexpo» sur une surface de 30.000 m2, inclut 300 exposants et rassemble chaque année environ 120.000 visiteurs.

– Comme d’habitude, plusieurs autres salons sont intégrés à celui du livre et de la presse: Europ’Art, Salon de l’étudiant, Salon de la musique, et, pour la première fois, un «Salon africain du livre de la presse et de la culture».

– A côté de cela, le Salon du livre et de la presse de Genève est un lieu de débat et de rencontre, que ce soit dans le cadre du Grand café littéraire, du Chouette Espace, des divers stands de presse ou, bien sûr, du Village alternatif.

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