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Le train du futur est déjà sur les rails

Contrairement au Swissmetro, le Transrapid allemand roule déjà. www.transrapid.de

200 spécialistes internationaux des trains à lévitation magnétique étaient réunis début septembre à Lausanne.

C’est l’EPFL, berceau du projet Swissmetro, qui les accueillait. Mais son bébé est encore sur une voie de garage.

Plus rapide, plus sûr, moins polluant, moins bruyant et moins cher. Pour les experts qui se sont retrouvés trois jours durant à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), le train à lévitation magnétique (maglev) est sans conteste le moyen de transport du futur.

Capable de rouler à plus de 500 km/h, il offre des avantages décisifs par rapport à l’automobile, à l’avion et à ses concurrents traditionnels qui se meuvent sur des roues.

Dans les 20 à 30 prochaines années, il devrait donc révolutionner le monde des transports. Et sans attendre jusque là, la Chine se prépare à inaugurer dans quelques mois la première ligne maglev commerciale du monde, entre la ville de Shanghaï et son aéroport international.

C’est pour discuter de ces perspectives que l’EPFL accueille du 3 au 6 septembre la 17ème édition du Congrès mondial maglev.

Un défi pour l’aviation civile

Imaginé dès 1920 par l’Allemand Hermann Kemper, le système de lévitation magnétique permet à des trains sans roues de se déplacer comme s’ils étaient suspendus à quelques centimètres de leurs rails.

Ce qui leur procure un avantage décisif sur tous leurs concurrents, surtout lorsque la vitesse dépasse les 300 km/h.

Les TGV., ICE et autres Shinkansen ne sont en effet pas loin d’atteindre leurs limites techniques. Ils ne pourront jamais rouler beaucoup plus vite que ce qu’ils font aujourd’hui.

Mais plus encore qu’aux chemins de fer, c’est au transport aérien que la technologie maglev lance un défi.

Avec sa vitesse de croisière comprise entre 300 et 500 km/h, le train à lévitation magnétique sera un concurrent direct de l’avion, surtout sur les distances inférieures à 800 kilomètres.

Pionniers japonais…

Grands pionniers du chemin de fer rapide, les Nippons ont développé dès les années 60 le premier train à grande vitesse du monde, le Shinkansen.

C’est au Japon également qu’un train maglev a atteint en 1999 la vitesse de 552 km/h, sur un tronçon expérimental. Record inégalé à ce jour.

Présent au Congrès de Lausanne, Akio Seki, directeur des Chemins de fer japonais, a confirmé que la première ligne commerciale maglev de l’archipel devrait voir le jour en 2005.

Et cela pour les visiteurs de l’Expo universelle d’Aichi. En attendant un projet bien plus ambitieux, qui reliera dans quelques années Tokyo à Osaka.

…et technologie allemande

Mais pour une fois, les Japonais sont en passe de se faire prendre de vitesse par leurs voisins chinois.

Selon Yan Luguang, délégué de Pékin au Congrès lausannois, c’est Shanghaï qui devrait accueillir – dès l’an prochain – la première ligne publique de train à lévitation magnétique.

Et ceci grâce à la technologie allemande, peut-être la plus avancée du monde dans ce domaine. Fruit d’un consortium qui regroupe les géants Siemens et ThyssenKrupp, le Transrapid a déjà transporté plus de 200’000 touristes sur sa ligne expérimentale d’Emsland.

Et les autorités fédérales ont prévu d’investir 2,3 milliards d’euros par année pour doter le pays de ses deux premières lignes maglev, entre Düsseldorf et Dortmund et entre le centre de Münich et son aéroport.

Et Swissmetro?

Et tandis que d’autres nations, comme les Etats-Unis ou les Pays-Bas investissent elles aussi dans cette technologie d’avenir, la Suisse traîne les pieds.

Né à l’EPFL, le projet Swissmetro présente pourtant des avantages décisifs sur les autres trains à lévitation magnétique. Ce qui a encore été souligné au cours du présent Congrès.

«Malgré leurs atouts technologiques, les trains maglev allemands et japonais se heurteront finalement aux même problèmes que les convois traditionnels», estime Michele Mossi, directeur opérationnel de Swissmetro.

Et d’évoquer l’impact sur l’environnement, le bruit, les problèmes de traversée des localités et les recours qui ne manqueront pas de pleuvoir contre les nouveaux tracés.

Question de finances

Avec son tracé entièrement souterrain, le maglev helvétique se jouerait de tous ces obstacles. Qui plus est, son tube sous vide permettrait d’améliorer grandement son bilan énergétique en supprimant le frein que constitue le frottement de l’air.

Selon ses promoteurs, le prix du kilomètre de tunnel Swissmetro reste très inférieur à celui du kilomètre de tunnel de base sous les Alpes. Nettement moins large, il ne coûterait – à longueur égale – qu’un tiers du prix des NLFA. C’est même moins cher que les derniers tunnels actuellement en chantier pour l’achèvement de Rail 2000.

Des arguments qui pour l’heure n’ont pas convaincu les responsables fédéraux. Alors que la poursuite des recherches pour Swissmetro coûterait 100 millions de francs, Berne n’en a pour l’heure alloué que deux.

swissinfo/Armando Mombelli

1934: Hermann Kemper dépose le premier brevet pour un train à lévitation magnétique
1970: premiers essais en Allemagne et au Japon
1988: l’Allemand Transrapid 06 atteint 412 km/h
1999: le Japonais JR Maglev atteint 552 km/h

Les principaux projets maglev:
Chine: Shanghaï centre – aéroport, 30 km en 8 minutes
Allemagne: Düsseldorf – Dortmund, 78 km en 34 minutes et Munich centre – aéroport, 37 km en 10 minutes
Pays-Bas: Amsterdam Schiphol – Gröningen, 186 km en 58 minutes
Etats-Unis: Washington – Baltimore, 60 km en 20 minutes

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