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Le tunnel du Grand St-Bernard mise sur la sécurité

Le drame du tunnel du Mont-Blanc, qui a vu la mort de 39 personnes en 1999, a bouleversé les conceptions en matière de sécurité. Keystone Archive

La catastrophe du Mont-Blanc de 1999 a eu pour conséquence de provoquer une refonte totale de la sécurité dans les tunnels. C'est le cas du Grand Saint-Bernard, qui va investir pour 60 millions de francs de travaux. Une galerie de sécurité et d'évacuation parallèle au tunnel sera percée d'ici à 2004.

Si la partie italienne de la société d’exploitation du tunnel du Grand Saint-Bernard – la SITRAS – a déjà donné son feu vert à ces investissements, les Suisses ne s’étaient, à ce jour, pas encore prononcés.

«C’est aujourd’hui chose faite», explique Bernard Bornet, président de Tunnel SA, la société suisse de l’exploitation du tunnel du Grand St-Bernard.

«L’après Mont-Blanc fait que la vision de la sécurité n’est plus comme avant, précise le président. Même si le tunnel du Grand St-Bernard n’a jamais été le théâtre d’un accident majeur depuis son ouverture en 1967.»

«Mais toutes les sociétés ferroviaires et routières doivent reconsidérer leur politique de sécurité dans les tunnels, ajoute Bernard Bornet. Ce qui ne veut pas dire que le tunnel était plus dangereux avant.»

Pourtant, le danger est bien présent. La société d’exploitation du tunnel a mandaté des experts pour évaluer la sécurité et prendre des mesures. La première s’est soldée par l’engagement d’une équipe de secours présente en permanence. Ce qui n’était pas le cas auparavant.

Mais ce qui ressortait principalement de ces expertises, c’est que le dégagement en cas de catastrophe était pratiquement impossible, confirmant un autre danger existant.

«C’est pourquoi nous avons conjointement décidé, avec nos partenaires italiens, de construire cette galerie parallèle de service et de sécurité», confie Bernard Bornet.

Cette solution a l’avantage de ne pas toucher à la structure routière de ce tunnel de 5,8 km. Avec pour conséquence de ne pas avoir à le fermer pendant les travaux. Ceux-ci dureront entre deux et trois ans.

«Cette galerie en surpression atmosphérique sera reliée au tunnel par des sas très rapprochés et aura deux fonctions, explique Bernard Bornet. D’une part, elle servira au travail permanent des exploitants du tunnel, mais surtout elle pourra jouer le rôle d’échappatoire en cas de grave accident.»

Ces travaux devraient rassurer, surtout lorsque l’on sait qu’aucun camion de pompier ou de sauvetage ne peut faire demi-tour en cas d’accident.

«Cette galerie permettra d’organiser des sauvetages dans les deux sens. Sans qu’un accident n’occasionne de bouchon. Et que le tunnel devienne un piège mortel», précise le président de Tunnel SA.

Mais les exploitants veulent même aller plus loin en mettant en place un dispositif de détection des véhicules à l’intérieur du tunnel. Basé sur un système de bandeau routier détecteur, les surveillants du tunnel pourront localiser un véhicule au centimètre près, en cas de panne ou d’accident.

A noter qu’à l’occasion de ces travaux, l’oléoduc apportant le pétrole brut de Gênes en Italie vers la raffinerie de Collombey en Valais sera déplacé. Pour plus de sécurité, le pipeline qui se trouve actuellement sous la route sera dévié sous la galerie.

Avec plus de 60 millions de francs d’investissement, le tunnel du Grand St-Bernard devrait donc assurer un risque quasi-zéro en matière de sécurité, et tirer un enseignement de la catastrophe du Mont-Blanc.

Pour sa part, le Tunnel du Mont-Blanc – malgré plus de 500 millions de francs d’investissement – n’ouvrira pas ses portes au mois de septembre, comme prévu par le gouvernement français. Car les exploitants du tunnel ont décidé d’équiper la structure d’un système encore plus perfectionné que celui mis en place depuis l’accident.

Jean-Louis Thomas

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