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Le vaccin contre le sida n’est pas pour demain

Selon Guiseppe Pantaleo, le chemin jusqu'à un vaccin contre le sida est encore long. Keystone

Pour Giuseppe Pantaleo, responsable du département d'immunologie au Centre hospitalier universitaire vaudois, le vaccin contre le sida n'est pas pour demain.

Le chercheur lausannois était présent à la Conférence AIDS Vaccine 2005 de Montréal pour faire le point sur les dernières avancées de la recherche dans ce domaine.

En juillet déjà, le programme des Nations Unies sur la question du sida/VIH avait averti que des solutions à long terme pour combattre la maladie étaient nécessaires, y compris le développement d’un vaccin.

A l’heure actuelle, les estimations font mention de près de 40 millions d’êtres humains porteurs du virus, dont presque deux tiers en Afrique sub-saharienne. Le nombre des nouvelles infections en 2004 est évalué à 4,9 millions. Interview.

swissinfo: Guiseppe Pantaleo, pensez-vous que des progrès ont été faits dans le sens d’un développement d’un vaccin?

Guiseppe Pantaleo: Il est impossible d’établir un calendrier sensé jusqu’à la découverte d’un vaccin. Je pense qu’il faut considérer le problème différemment.

A l’heure actuelle, nous avons deux ou trois produits qui semblent prometteurs et qui vont subir des tests cliniques, afin d’évaluer leur potentiel. Nous avons deux vaccins potentiels qui doivent encore subir des tests poussés, mais il pourrait se passer encore sept ou huit ans avant que nous obtenions des résultats concluants quant à leur efficacité.

swissinfo: Quels sont les principaux problèmes dans le développement de vaccins?

G.P.: Il y a toujours de très grands obstacles avant de trouver un vaccin vraiment efficace. Nous devons arriver à savoir comment stimuler la production d’anticorps qui attaqueront et détruiront le syndrome d’immuno-déficience acquise transmis par le virus VIH. C’est notre défi principal et nous n’avons, pour l’instant, pas de réponse à cette question.

Les vaccins que nous allons tester s’attaquent aux cellules infectées mais ne sont pas en mesure de bloquer l’infection.

swissinfo: La recherche contre le sida est-elle assez soutenue?

G.P.: Il y a une très grande différence entre les fonds alloués pour la recherche aux Etats-Unis et en Europe. Le gouvernement américain alloue environ 650 millions de dollars (809 millions de francs) par an à la recherche d’un vaccin contre le sida. Et la «Gates Fondation» (créée par le patron de Microsoft Bill Gate) va donner 400 millions de dollars supplémentaires durant les cinq prochaines années.

Les Nations Unies ont récemment estimé que les Etats-Unis contribuaient pour 86% à la recherche d’un vaccin alors que l’Europe ne le faisait qu’à hauteur de 12%. Les chercheurs américains ont ainsi vu leurs ressources s’accroîtrent considérablement alors que l’Union européenne semble sous-estimer le problème. Il n’y a d’ailleurs aucun programme de recherche d’un vaccin prévu à long terme en Europe.

swissinfo: Les chercheurs prennent-ils cependant la peine de collaborer? Les scientifiques sont connus pour être très timorés à l’idée de partager leurs résultats.

G.P.: Durant les deux dernières années, les chercheurs ont collaboré davantage. La «Gates Fondation» a lancé un programme de recherche global pour le développement d’un vaccin. Le but n’est pas simplement d’augmenter les ressources disponibles mais d’améliorer la coordination au niveau international.

L’idée est d’éviter les doublons et de renforcer les synergies. La coordination est meilleure à l’heure actuelle et l’idée est également de créer une série de centres de recherche virtuels à travers le monde.

Il est impératif que les chercheurs se coordonnent de manière optimale car les problèmes auxquels nous faisons face sont complexes et nécessitent beaucoup de ressources. La collaboration et la coordination sont nécessaires car il est impossible de parvenir à un résultat seul dans un petit laboratoire.

Interview swissinfo, Scott Capper
(Traduction de l’anglais: Mathias Froidevaux)

Selon les Nations Unies, le nombre de personnes vivant avec HIV a augmenté dans chaque région du monde, et plus particulièrement en Asie de l’Est, en Asie centrale et en Europe de l’Est.

L’Afrique sub-saharienne reste la région du monde la plus touchée par la maladie avec près de 60% de la population vivant avec le virus HIV (don’t trois quart des femmes).

– Guiseppe Pantaleo est le responsable du département d’immunologie au Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV).

– Il est aux avants-postes de la recherche sur un vaccin contre le sida en Suisse.

– Guiseppe Pantaleo a notamment dirigé une série de tests préliminaires sur un vaccin potentiel contre le sida développé par le consortium EuroVacc.

– Ce vaccin a notamment été bien toléré et a provoqué une immuno-réaction chez presque 45 pour cent des volontaires qui ont participé à un test à Lausanne et à Londres. Un test plus important aura lieu en février prochain.

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