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Le voile n’a pas droit de cité à l’école

Fribourg interdit le port du voile dans le cadre de l'école. Keystone

La ville de Fribourg a licencié deux employées de l'accueil extrascolaire parce qu'elles refusaient d'enlever leur voile durant les heures de service.

La municipalité affirme ainsi clairement qu’elle ne veut pas de signe ostentatoire d’appartenance religieuse dans ses écoles. Les employées, elles, se plaignent de licenciement abusif.

Les deux femmes, toutes deux jeunes mères de famille musulmanes, avaient été placées à cet emploi à durée déterminée par les services du chômage. Elles travaillaient à l’accueil extrascolaire. Toutes deux ont été licenciées pour avoir refusé de retirer leur voile durant leur service.

Les deux employées se sont plaintes de licenciement abusif auprès notamment de l’Union des associations des musulmans de Fribourg, indique mercredi son président Mohamed Ali Batbout, confirmant une information de «La Liberté».

Ce dernier a connaissance de la version des deux femmes et demande à connaître celle des pouvoirs publics. Une séance est prévue avec toutes les parties concernées ainsi qu’avec des représentants de la commission cantonale pour l’intégration et contre le racisme.

Protestation de parents

«Je me rendrai à cette séance, mais pour moi l’affaire est classée et je ne compte pas revenir sur ces licenciements, déclare de son côté la directrice des écoles de la ville de Fribourg Marie-Thérèse Maradan. Si ces dames se plaignent de licenciements abusifs, il y a les tribunaux civils pour régler ce genre de problèmes.»

La directrice est personnellement choquée de se voir accusée de racisme. Elle rappelle qu’il y a eu jusqu’à 28 nationalités représentées dans les six services d’accueil extrascolaire de la ville de Fribourg.

Il n’y a jamais eu de problèmes jusqu’à présent, ajoute-t-elle, pas plus entre les employés et la ville qu’entre les employés et les familles utilisant ce service non gratuit de l’école communale. Dans le cas des deux femmes voilées, ce sont des parents qui ont protesté et se sont plaints.

Neutralité confessionnelle

La ville applique par analogie aux accueils extrascolaires les règles valables dans les écoles fribourgeoises, selon lesquelles le port du voile islamique par une enseignante ne peut être admis.

La direction de l’instruction publique avait émis une directive dans ce sens, se fondant sur une décision du Tribunal fédéral relative à un cas genevois.

La neutralité confessionnelle dans les écoles est un principe admis dans le canton. A titre d’exemple, les constructions scolaires récentes ne prévoient pas de crucifix à leurs murs contrairement à l’ancienne tradition de ce canton catholique. Les bâtiments plus anciens, où des crucifix se trouvaient encore, n’ont en revanche pas été obligés à les décrocher.

swissinfo et les agences

En 1997, la Direction de l’instruction publique fribourgeoise écrivait dans une directive: «Le port du voile islamique par une enseignante ne peut être admis».
Cette directive se fondait sur une décision du Tribunal fédéral relative à un cas genevois.
Dans le cas des deux femmes licenciées, la ville a décidé d’appliquer aux accueils extrascolaires les règles valables à l’école.

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