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Lecture critique de la politique de Berne face à l’apartheid

L’étude dégage l'image d’une diplomatie très prudente. swissinfo.ch

Alors que le Fonds national suisse de la recherche scientifique s'apprête à étudier l'histoire des relations entre la Suisse et l'Afrique du Sud, un groupe de travail, soutenu notamment par le Parti socialiste, publie sa propre contribut

Cette brochure rédigée par le «Groupe de recherche Suisse-Afrique du Sud» n’est pas une histoire complète des relations entre Berne et le régime blanc de Pretoria. Il s’agit plutôt de mettre en évidence – à travers des témoignages, ceux en particuliers des acteurs suisses du combat contre l’apartheid – les faiblesses de l’attitude de la Suisse durant cette époque.

On voit ainsi Berne se taire alors que d’autres pays protestent auprès des autorités sud-africaines suite à la destruction d’un camp de squatters près du Cap, en 1981. Ou encore: l’absence de représentants de la Suisse lors de funérailles à hauts risques, une pratique pourtant suivie par plusieurs pays européens, de manière à prévenir les violences policières.

Autres exemples, autres critiques adressées à la diplomatie suisse: sa politique à propos des Bantoustans créés par les autorités sud-africaines ou encore les justifications apportées à l’exportation des avions PC-7.

L’image qui dessine ainsi est celle d’une diplomatie très prudente, soucieuse de ne pas s’immiscer dans les affaires intérieures sud-africaines. «La Suisse, avec l’argument de la discrétion, s’est retenue énormément, argumente Mascha Madörin, l’une des auteurs de cette étude. Elle a fait beaucoup de choses qui étaient bien vues par le gouvernement sud-africain, mais qui n’étaient pas acceptées par le mouvement anti-apartheid.»

Ainsi, en s’attachant au comportement très concret de la diplomatie suisse, le Groupe – soutenu, via une fondation, par l’Union syndicale suisse, le PSS et des organisations non-gouvernementales – a voulu combler une lacune. Celle qu’il voit dans le rapport livré en juillet 1999 par l’administration fédérale et qui se concentrait sur la question des sanctions, en tentant d’expliquer pourquoi la Suisse avait maintenu, tout au long de cette période, sa politique de refus des sanctions.

Mais les Suisses n’ont certainement pas fini de se retourner sur ce passé. Prochain chapitre: l’étude que lance ce vendredi, auprès des chercheurs, le Fonds national de la recherche scientifique (FNRS). Un mandat confié par le Conseil fédéral, qui vise à évaluer la politique sud-africaine de la Suisse. Le FNRS devrait livrer les conclusions de ses travaux dans trois ans.

Pierre Gobet, Zurich

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