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Les amnisties fiscales menacent les banques privées

Le siège de l'Union Bancaire Privée (UBP) à Genève. Keystone Archive

Mariée à la Discount Bank of Trust Company, l'Union Bancaire Privée (UBP) va supprimer 275 emplois en Suisse. La moitié à Genève.

La banque fondée par Edgar de Picciotto n’aime pas suivre le mouvement. Elle préfère le précéder.

L’année dernière, l’UBP avait été la première banque privée de Genève à annoncer une diminution de 10% de ses effectifs en raison de la déprime des marchés financiers.

Cette année, moins de quatre mois après l’annonce d’une fusion avec la Discount Bank and Trust Company (DBTC), l’UBP va se séparer en douceur de près d’un quart de ses effectifs, soit 275 emplois sur 1170 en Suisse.

Le début de la purge

Ce n’est que le début de la purge. Les banques Lombard Odier et Darier Hentsch, qui ont décidé en juin dernier de «réunir leurs deux maisons», devraient annoncer à la rentrée une forte diminution de leurs effectifs.

Ils comptent actuellement 2000 employés dans le monde.

Actuellement, Pictet est la première banque privée, avec 180 milliards de francs d’avoirs sous gestion, devant Julius Bär (160 milliards), Lombard Odier Darier Hentsch (140 milliards) et l’UBP-DBTC (80 milliards).

Qu’est ce qui pousse des établissements que l’on croyait florissants, à se regrouper? Leurs tailles.

Des nains face aux grands

Ces grandes banques privées restent des nains face aux grands établissements généralistes comme l’UBS et le Credit Suisse, présents aux quatre coins de la planète.

«Nous pouvons proposer à un entrepreneur qui a placé une partie de sa fortune chez nous un financement pour son entreprise en lui mettant à disposition ce que l’UBS offre dans ce domaine», explique dans une interview au Temps Thierry de Loriol, président du directoire de Ferrier Lullin.

Cette banque privée appartient en effet à l’UBS. En revanche, un établissement privé indépendant ne propose pas de prêts. A cette taille critique s’ajoute un autre défi : le profil des nouveaux riches.

59 milliards d’euros pour l’Italie



Selon une étude réalisée aux Etats-Unis, 90 % des personnes qui possèdent plus d’un million de dollars l’ont gagné elles-mêmes et non par héritage.

Leur but n’est plus de cacher leur argent, afin d’échapper au fisc, mais de le faire fructifier, de préférence dans leur propre pays.

Or, Guy de Picciotto, président du comité exécutif de l’UPB, le reconnaît: sa banque, qui ne compte actuellement que 280 employés en dehors de la Suisse, n’a «pas les moyens de constituer un véritable réseau onshore».

Onshore, le mot est lancé. L’amnistie fiscale lancée le 1er novembre 2001 par Silvio Berlusconi a permis à l’Italie de rapatrier 59 milliards d’euros.

Cela représente l’équivalent de 4 % du PIB de la Péninsule. Or, 70 % des fonds viennent des coffres des banques suisses.

Vers une amnistie en Allemagne

Cette vaste opération financière a si bien marché que le chancelier Gerhard Schröder a déclaré dans le Spiegel de lundi qu’il se réservait «le droit d’examiner une amnistie», qui pourrait permettre à l’Allemagne de récupérer autour de 100 milliards d’euros, venant en grande partie de Suisse.

On dit que l’Espagne serait également tentée par une telle opération financière d’envergure. Si Paris se convertit à son tour à l’amnistie fiscale, la fonction de banquier privé sera le métier le plus exposé de la Confédération.

swissinfo/Ian Hamel

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