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Les anarchistes italiens menacent la Suisse

Les terroristes anarchistes seraient impliqués dans l’attentat d’Abetone (centre de l'Italie). Keystone

Des attentats commis en Toscane inquiètent les responsables helvétiques. D'autant que les terroristes se réfèrent à l'anarchiste grison Marco Camenisch, emprisonné dans le canton de Berne.

La sécurité a donc été renforcée autour des missions diplomatiques suisses.

Lundi, des inconnus ont fait sauter les installations de remontées mécaniques de la station de ski d’Abetone ainsi que des antennes de relais dans deux autres endroits.

Or, sur les murs des installations visées, les enquêteurs ont retrouvé des graffitis à la gloire de Marco Camenisch, un anarchiste suisse natif de Campocologno, dans le Val Poschiavo.

Marco Camenisch (51 ans) avait été arrêté en Italie en 1992. Il y a été condamné à une peine de 12 ans de prison pour avoir commis toute une série d’attentats en Toscane contre des pylônes de l’Enel (entreprise nationale d’électricité) et pour avoir tiré sur la police lors de son arrestation.

Après avoir connu les geôles italiennes pendant 11 ans, l’anarchiste grison a été extradé vers la Suisse le 18 avril 2002, où il était déjà recherché pour l’homicide d’un garde frontière à Brusio et pour d’autres crimes.

La tension monte d’un cran

«Suite à ces derniers événements, le niveau de surveillance a été augmenté, déclare le consul général de Suisse à Milan Marco Cameroni. Depuis mercredi soir, la police est postée 24 heures sur 24 devant le Centre suisse, où sont installés nos bureaux.»

«Nous sommes effectivement nous aussi préoccupés, ajoute Giancarlo Kessler, membre de l’ambassade de Suisse à Rome. Déjà l’année passée, il y avait eu une manifestation d’anarchistes devant notre ambassade. Il ne s’est rien passé de particulier, mais la police était présente.»

Et de poursuivre. «Maintenant, avec cette affaire Camenisch, qui s’ajoute en plus au WEF de Davos, la surveillance a été renforcée.»

Se référant à des déclarations de la Digos (police anti-terroriste italienne) de Milan, l’hebdomadaire Panorama a écrit récemment que les intérêts suisses en Italie pourraient être dans le collimateur de la mouvance anarchiste à cause justement de l’extradition de Marco Camenisch.

Une succession de violences

Contactée par swissinfo, la police italienne n’a fait aucune déclaration officielle. Les forces de l’ordre transalpines laissent cependant entendre qu’elles suivent le dossier de très près, craignant une nouvelle vague de violence au nom, cette fois, de Marco Camenisch.

Toujours selon Panorama, les anarchistes avaient déjà manifesté en faveur de Marco Camenisch en novembre, lors du Forum social de Florence. La police avait alors spécialement surveillé le consulat suisse.

La même chose était déjà arrivée le 13 septembre 2002, quand les anarchistes avaient défilé dans une dizaine de ville, dont Rome et Milan. Le même jour, d’autres anarchistes avaient manifesté devant l’ambassade de Suisse à Madrid.

Un tout dernier événement inquiétant vient alimenter la thèse d’une possible stratégie d’intimidation à l’encontre de la Suisse.

«Au cours des dernières heures, des inscriptions en l’honneur de l’anarchiste suisse (les mêmes qu’à Abetone) ont été inscrites sur les murs du bâtiment qui abrite le consulat général de Gênes et dans les rues avoisinantes», révèle Marco Cameroni.

Une collaboration italo-suisse

Contacté par swissinfo, le Ministère public de la Confédération n’a pas dit s’il avait mis sur pied un dispositif d’alarme coordonné avec les autorités italiennes. Quant à l’Office fédéral de la police, il ne s’est guère montré plus loquace.

Berne fait toutefois remarque que, conformément à la Convention de Vienne, il appartient à l’Etat hôte de garantir la sécurité des ambassades et du personnel diplomatique étranger.

Pour assurer cette tâche, les différents Etats prennent les mesures qui leur semblent nécessaires. Mais ils n’en font pas forcément part aux intéressés.

Une telle surveillance semble en tout cas appropriée. En effet, le 1er février, les anarchistes prévoient un ‘sit-in’ juste devant le consulat suisse de Milan.

swissinfo, Paolo Bertossa, Rome
(traduction: Olivier Pauchard)

– En 1981, Marco Camenisch (nom de combat Martino) s’échappe du pénitencier de Regensdorf, où il purgeait une peine de 10 ans pour un attentat à l’explosif contre une centrale électrique de Bad Ragaz en 1979. Durant cette évasion, un gardien est tué et un autre grièvement blessé.

– En 1989, l’anarchiste tue un douanier à Brusio, localité du Val Poschiavo, à la frontière italo-suisse.

– Après son extradition, Marco Camenisch est détenu dans le canton de Zurich. Et, depuis le 12 décembre, il est locataire de la prison de haute sécurité de Thorberg, près de Berne.

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