Des perspectives suisses en 10 langues

Les armes légères dans le collimateur de la Suisse

Plus de 500 000 personnes sont tuées chaque année et des millions d'autres blessées par de petites armes. Keystone Archive

Dans le cadre de la conférence de l'ONU sur la réduction du trafic des petites armes, la Suisse a présenté mardi à New York un rapport Intitulé «Small Arms Survey 2003».

Elaboré à Genève, ce document a été financé par douze pays.

«La lutte contre la prolifération des petites armes n’en est qu’à ses débuts», a déclaré l’ambassadeur suisse auprès des Nations unies Jenö Staehelin lors d’une conférence de presse.

Cette analyse indépendante porte d’ailleurs le sous-titre «Development denied» (Développement refusé).

C’est la troisième du genre depuis 2001 sur l’état et la prolifération des petites armes privées. Elle a été réalisée par l’ONG «Small Arms Survey», basée à l’Institut des Hautes études internationales à Genève.

L’étude a été financée par douze pays. La Suisse est l’un des plus gros contributeurs de l’ONG.

Facilité d’accès: danger

«La facilité d’accès des petites armes n’est pas seulement dangereuse pour la vie des êtres humains, mais cela a aussi des conséquences négatives directes sur la sécurité et l’économie», a souligné M. Staehelin.

Ces influences sont d’ailleurs pour la première fois bien documentées dans ce nouveau rapport.

La Suisse joue par ailleurs un rôle actif dans cette lutte contre les armes légères au sein du groupe d’experts de l’ONU. Berne soutient pour sa part le plan d’action international pour réduire le trafic des petites armes conclu en 2001 sous l’égide de l’ONU.

La conférence onusienne bisannuelle s’est ouverte lundi à New York et doit durer une semaine. Elle vise à promouvoir le plan d’action et à étudier les progrès accomplis.

Traçabilité des armes

Le premier jour de la conférence, Thomas Greminger a également annoncé que dans le cadre de la 28ème Conférence de la Croix Rouge et du Croissant Rouge, le Réseau de la sécurité humaine organisera un atelier sur les conséquences humanitaires des armes légères. Cette réunion se tiendra début décembre 2003 à Genève.

Le chef de la section Politique de la paix et sécurité humaine des Affaires étrangères a ensuite rappelé qu’en 2001, la Suisse et la France avaient essayé de faire insérer au Programme d’action un paragraphe sur la question des ventes d’armes aux acteurs non étatiques.

Car, a-t-il insisté, pour mieux lutter contre le commerce et la prolifération des armes légères, il faut assurer leur traçabilité.

Cela passe par la mise en place d’un marquage des armes unique et permanent, assorti à un système d’enregistrement compatible, qui s’ajouterait à la panoplie des mesures déjà en vigueur.

Mais ce projet, sans doute trop ambitieux avait été balayé, notamment par les Etats-Unis. Frustrés, la Suisse et la France les avait alors accusés de vouloir vider de sa substance la conférence des Nations Unies sur la prolifération illégale des armes de petit calibre.

Un fléau mondial

En effet, deux ans après l’adoption du plan d’action onusien, plus de 500’000 personnes sont encore tuées chaque année. Et des millions d’autres sont blessées par de petites armes, que ce soit dans le cadre de guerres, de crimes, d’accidents ou de suicides.

90% des victimes sont des femmes et des enfants, comme l’a souligné Kofi Annan dans son discours inaugural lundi. Situation qu’il a qualifiée de «fléau mondial».

Ces résultats proviennent du rapport publié à l’occasion de cette conférence par le réseau international d’action sur les armes légères (IANSA). Ce rapport portait lui sur les progrès accomplis dans le cadre du programme d’action adopté en juillet 2001 par les pays membres.

L’IANSA regroupe 500 organisations non gouvernementales dans une centaine de pays.

Mais, affirme l’IANSA, «peu de gouvernements ont fait d’importants progrès» dans la lutte contre ces armes. Et les progrès sont «particulièrement lents dans les pays d’Afrique du Nord, du Moyen-Orient et dans certaines régions d’Asie», relève le rapport d’IANSA.

Il note aussi que seuls 19 pays sur 120 ont lancé une étude de leur législation nationale sur les armes légères et 65 ont adressé à l’ONU, comme le demandait le programme d’action, un rapport de leurs efforts dans ce domaine.

swissinfo et les agences

– Selon le rapport «Small Arms Survey», la population américaine, avec 83 à 96 armes pour 100 habitants, reste la plus armée au monde.

– Mais, contrairement à ce qui est généralement prétendu, les Européens ne sont pas en reste, avec 17,4 armes à feu pour 100 personnes.

– Dans le monde entier, il y a au moins 639 millions d’armes à feu, dont 59% sont détenus légalement par des civils. En 2001, il y en avait 550’000.

– Les plus grands producteurs d’armes légères sont l’Europe et les Etats-Unis.

– Plus de 4 millions d’armes légères ont été détruites au cours des dix dernières années suite à divers programmes.

– Soixante personnes meurent toutes les heures d’attaques à l’arme légère, soit un demi-million par an.

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision