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Les buts de l’ONU pour le sida «ne seront pas atteints»

Ce patient ougandais fait partie des 33 millions de personnes infectées par le VIH dans le monde. Reuters

La lutte contre le HIV progresse mais les objectifs pour 2010 fixés en 2001 ne seront pas atteints, selon Thomas Zeltner, directeur de l'Office fédéral de la santé publique.

De retour d’une réunion de haut niveau sur le sida à l’Assemblée générale de l’ONU à New York, Thomas Zeltner a expliqué à swissinfo qu’il faudrait aussi faire plus en matière de prévention.

Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, des chefs d’Etat et plus de 80 ministres, des hauts fonctionnaires, des représentants d’organisations internationales et de la société civile ont passé en revue les progrès vers les buts fixés par la Déclaration d’engagement sur le VIH/sida ainsi que par la Déclaration politique sur le VIH/sida.

Lors de cette réunion de deux jours qui s’est terminée mercredi soir, les discussions ont également porté sur les défis qui subsistent et exploré les moyens possibles d’y répondre.

Ban Ki-moon a présenté son rapport sur la réponse des Etats au sida. Un texte basé sur les rapport transmis par 147 pays à Onusida, le programme de l’ONU sur le sida, à la fin de janvier 2008.

swissinfo: Quels ont été les principaux sujets de discussion à New York?

Thomas Zeltner: Nous avons constaté des progrès substantiels dans deux des buts fixés en 2001, mais il est clair aujourd’hui que les objectifs pour la période 2001-2010 ne seront pas atteints. Il nous faudra probablement les maintenir en fixant de nouveaux délais.

swissinfo: Pourquoi ces objectifs ne seront-ils pas atteints?

T.Z.: D’abord parce que les financements et les ressources sont toujours insuffisants. Ensuite, les infrastructures ne sont probablement pas encore prêtes dans de nombreux pays.

Mais aussi, les exigences de base du programme, soit le fait que chaque pays dispose d’un plan national, d’une structure nationale et d’un système qui recense les progrès, n’ont toujours pas été remplies. Et tant que cette infrastructure de base n’existe pas dans un pays, il ne peut pas travailler.

swissinfo: Selon l’ONU, en dépit des efforts croissants réalisés dans la lutte contre le sida, le nombre de personnes infectées par le HIV dépasse celui des personnes qui commencent le traitement antirétroviral. Est-ce qu’on fait des progrès?

T.Z.: Oui, sans aucun doute. Comme le secrétaire général l’explique dans son rapport, un tiers des personnes atteintes du HIV qui en ont la possibilité sont actuellement traitées, c’est un grand progrès. Ensuite, la transmission mère-enfant a été réduite de manière substantielle dans de nombreux pays.

Le domaine où nous pensons que les progrès sont insuffisants est celui de la prévention.

swissinfo: Dans quelle mesure la lutte contre le sida est-elle un problème scientifique – c’est-à-dire la création d’un médicament – et dans quelle mesure est-elle un problème politique, c’est-à-dire donner accès au médicament à ceux qui en ont besoin?

T.Z.: Les deux. D’une part, on constate actuellement que les femmes sont plus contaminées que les hommes, c’est donc une question d’égalité des sexes. Et nous espérons tous disposer un jour d’un vaccin. C’est un problème médical qui n’est toujours pas réglé.

Le grand espoir repose actuellement sur un gel qui tue le virus, une nouvelle option très intéressante qui permettrait de faire de grands progrès chez les hétérosexuels.

swissinfo: La flambée des prix du pétrole et de la nourriture – sans oublier les effets du changement climatique – ont des conséquences sur les personnes atteintes du sida. A quel niveau se place le sida dans l’échelle des priorités de l’ONU et des gouvernements?

T.Z.: Nous voyons et nous sentons que le HIV n’est plus prioritaire dans de nombreux pays comme il l’était il y a cinq ou dix ans, et cela vaut pour des pays en développement comme pour des pays donateurs. Ce problème est effectivement lié aux autres crises qui s’annoncent.

Peter Piot – directeur d’Onusida qui se retire après 13 ans – l’a très bien formulé en disant que l’épidémie de sida était une crise sanitaire. Elle l’est toujours, d’une certaine façon, mais en même temps, elle est en train de devenir un mal chronique qui nécessite des investissements pour les 30 à 40 prochaines années.

swissinfo: Quelle a été la contribution de la Suisse au débat de New York et à la lutte contre le sida en général?

T.Z.: Notre contribution n’est pas vraiment financière, mais nous faisons partie des conseils d’Onusida et du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Nous pensons qu’il est très important d’y siéger et de contribuer à fixer les priorités dans ces deux institutions.

La Suisse est très active dans le domaine de la propriété intellectuelle et de l’accès à la médecine. En mai, nous avons liés ces deux secteurs d’intérêt à Genève et je pense que de réels progrès ont été effectués.

Interview swissinfo: Thomas Stephens
(Traduction de l’anglais: Isabelle Eichenberger)

Environ 2,1 millions de personnes dans le monde sont mortes du sida en 2007 et au moins 33 millions sont atteintes du virus.

2,5 millions de personnes ont été infectées par le HIV en 2007, alors qu’un million de personnes ont commencé le traitement antirétroviral.

Les personnes dont le système immunodéficitaire est affaibli par le HIV ont 50 chances de plus de développer une tuberculose.

Le Fonds mondial de l’ONU contre le sida a annoncé lundi avoir aidé 1,75 million de personnes à accéder au traitement antirétroviral, soit 59% de plus par rapport à 2006.

Mais un peu plus des deux tiers des personnes atteintes du HIV n’ont aucun accès au traitement.

Réduire en 2005 la prévalence du HIV chez les jeunes de 15 à 24 ans dans les pays les plus touchés de 25% et de 25% globalement d’ici à 2010.

En 2005, assurer qu’au moins 90%, et 95% au moins d’ici 2010, des jeunes de 15 à 24 ans aient accès à une information et une éducation adéquates et à des services compétents pour réduire leur vulnérabilité au virus, en partenariat avec les jeunes, les parents, les familles, les éducateurs et les soignants.

En 2005, réduire la proportion des bébés infectés de 20% et de 50% d’ici 2010, en assurant l’information, le conseil et les services de prévention à 80% des femmes enceintes.

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