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Les champions olympiques et l’éthique des affaires

John Naber en plein discours à Thoune. Keystone

L'ancien nageur et champion olympique John Naber croit en l'éthique. Les principes suisses de modestie et de fair-play ont, selon lui, bien plus de valeur que le désir absolu de gagner à tout prix.

Quadruple champion olympique à Montréal en 1976, l’ex-nageur américain John Naber, qui tient de nombreuses conférences sur les exploits rendus possibles par la motivation, explique dans une interview à swissinfo que l’éthique et la formation du caractère devraient jouer un rôle plus grand, tant dans le sport que dans les affaires.

John Naber était l’un des orateurs du 10e Forum économique suisse de Thoune qui s’est tenu en mai dernier.

swissinfo: Y a-t-il beaucoup de parallèles entre le sport et les affaires? John Naber: Les deux domaines sont très axés sur la réalisation d’objectifs élevés, ils sont très compétitifs et sont tous les deux pratiqués par des personnes guidées par le désir du succès.

La différence réside dans le fait qu’en affaires, vous êtes responsable du comportement des autres. Lorsque je nageais, je n’avais à me soucier que de moi.

Mon crédo est qu’il ne faut pas en faire une affaire personnelle. Là est la clé du succès. Vous ne devez pas détester vos concurrents. Mais si vous vous battez sur la base de vos compétences et de vos performances, les résultats vont suivre.

swissinfo: Quels sont les ingrédients nécessaires pour être un champion en sport ou en affaires?

J.N.: Il y a une différence entre vouloir gagner et être prêt à en payer le prix. Beaucoup de gens veulent être les meilleurs, mais certains estiment qu’ils n’y arriveront jamais et d’autres que c’est possible, mais ils ne veulent pas en payer le prix.

swissinfo: Les Suisses sont, de façon générale, plus modestes que les Américains. Est-ce un obstacle au succès?

J.N.: J’approuve la manière dont les Suisses font les choses – leurs performances parlent d’elles-mêmes. Parfois, les athlètes sont encouragés à bomber le torse pour attirer les sponsors, mais je commence à croire que les Américains n’aiment pas ça.

swissinfo: La présence de drogues et de produits dopants dans le sport vous désespère-t-elle?

J.N.: Certaines personnes préfèrent avoir la médaille d’or que la gagner, c’est une différence de taille… Ceux qui n’accordent aucune importance à cette distinction peuvent finir par tricher.

Je ne suis pas désespéré, mais un peu déçu, je l’admets, par le comportement de certaines personnes. Nous encourageons les comportements négatifs en récompensant quelqu’un par un gros contrat juste parce qu’il a gagné. Il faudrait que le caractère de la personne joue aussi un rôle.

L’idéal olympique reste fort même s’il a subi quelques affaiblissements ici ou là. Mais on ne doit pas abandonner un idéal juste parce que tous les participants n’y souscrivent pas. A ce moment-là, il faudrait laisser tomber les limitations de vitesse dès que quelqu’un ne les respecte plus…

swissinfo: Etait-il juste d’attribuer les Jeux à la Chine?

J.N.: Je ne suis pas favorable à un boycott. Je n’ai pas à être d’accord avec le gouvernement d’un pays pour me rendre dans ce pays, lier des liens d’amitié avec les athlètes et concourir aussi bien que je le peux, tout en ouvrant un œil sur la manière dont le reste du monde pense et se comporte.

swissinfo, Matthew Allen à Thoune
(Traduction de l’anglais: Ariane Gigon)

La dixième édition du Forum économique suisse (Swiss Economic Forum, SEF), rencontre annuelle des PME, a eu lieu à Thoune au mois de mai.

Le Forum a été créé par Stefan Linder et Peter Stähli en 1998 pour promouvoir les nouvelles PME et l’innovation. Le premier forum avait comme thème la communication. Près de 500 personnes y avaient participé.

Cette année, les participants étaient au nombre de 1200, alors que 600 étaient prévus. Le thème: la performance maximale.

Outre le milliardaire russe Viktor Vekselberg, les orateurs étaient l’ancien maire de New York Rudolf Giuliani et le CEO et président du conseil d’administration de Novartis Daniel Vasella.

Les PME emploient au maximum 250 personnes en Suisse. Elles représentent 99,7% des 307’000 entreprises privées suisses et fournissent 66,8% des emplois dans le pays.

John Naber est né en 1956 dans l’Illinois, aux Etats-Unis.

Il a gagné quatre médailles d’or aux JO de Montréal en 1976 en natation, en battant chaque fois le record du monde, de même qu’une médaille d’argent.

Au total, il a battu six fois le record du monde durant sa carrière de nageur. En 1977, il a gagné la médaille James E. Sullivan de meilleur sportif amateur américain.

John Naber est aujourd’hui commentateur sportif et conférencier sur la motivation. Il a publié plusieurs livres.

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