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Les civils payent le prix fort des combats à Raqa en Syrie: plus de 40 morts

L'ONU estime qu'il y a jusqu'à 25'000 civils pris au piège des violences qui ont occasionné d'importants dégâts dans Raqa. KEYSTONE/AP/=053011000379= sda-ats

(Keystone-ATS) Plus de 40 civils dont de nombreux enfants ont péri lundi dans d’intenses frappes de la coalition dirigée par les Etats-Unis sur la ville syrienne de Raqa, a indiqué une ONG mardi. Les combats y font rage dans les zones les plus peuplées.

La coalition a confirmé avoir intensifié ses raids durant la semaine écoulée avec plus 250 frappes dans et autour de Raqa, principal fief du groupe djihadiste Etat islamique (EI) dans le nord syrien. Elle a indiqué son intention d’enquêter sur les victimes civiles. Elle fournit un appui aérien crucial aux Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance arabo-kurde engagée dans une offensive pour chasser l’EI de la cité qu’il contrôle depuis 2014.

Après s’être emparées de 60% de la cité, les FDS encerclent désormais l’EI dans une zone de 10 km2 dans le centre et le nord de la ville, où la majorité de la population est prise au piège de violents bombardements aériens et de l’artillerie.

170 civils tués en 8 jours

Lundi, 42 civils dont 19 enfants et douze femmes ont péri dans des raids contre plusieurs quartiers tenus par l’EI, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Dimanche, 27 autres y ont péri. En huit jours, il y a eu près de 170 civils tués dans de telles frappes.

“Les bilans sont élevés car les bombardements ciblent des quartiers du centre-ville très densément peuplés”, a expliqué Rami Abdel Rahmane, le chef de l’OSDH. “Il y a des immeubles remplis de civils qui tentent de fuir des lignes de front. Les raids de la coalition visent tout bâtiment où sont détectés des mouvements de Daech”, a-t-il ajouté en utilisant un acronyme en arabe de l’EI.

Interrogé sur ces victimes civiles, le porte-parole américain de la coalition, le colonel Ryan Dillon, a indiqué que la coalition enquêterait sur ces allégations. Selon lui, depuis la fin en juillet de l’offensive à Mossoul, en Irak voisin, d’où l’EI a été chassé, la coalition a plus d’avions à sa disposition pour frapper Raqa.

Début août, la coalition a reconnu être responsable de la mort de 624 civils dans des frappes depuis 2014. Certaines organisations estiment ce chiffre largement sous-estimé.

Hausse des frappes confirmées

“Le pire endroit aujourd’hui en Syrie est la partie de Raqa qui est toujours aux mains du prétendu Etat islamique”, a dit la semaine dernière Jan Egeland, le chef du groupe de travail humanitaire de l’ONU pour la Syrie. L’ONU estime qu’il y a jusqu’à 25’000 civils pris au piège des violences qui ont occasionné d’importants dégâts dans Raqa.

Le commandant des opérations anti-EI en Irak et en Syrie, le général Stephen Townsend, confirme “la légère hausse des frappes”, par le fait que “Raqa est devenue après Mossoul, la priorité numéro un”. De plus “les combats se déroulent dans les parties les plus dures de la ville et nos partenaires ont besoin d’un plus grand soutien”.

“C’est probablement logique de supposer que le nombre de victimes civiles a augmenté mais je voudrais qu’on me fournisse des informations précises” sur cela, a-t-il déclaré à Bagdad.

Pour sa part, le secrétaire américain à la Défense James Mattis, en visite en Irak, s’en est pris, en allusion à l’EI, à “un ennemi qui se cache derrière les femmes et les enfants et force des innocents à rester sur des lieux qu’il transforme en champ de bataille”. La coalition affirme toujours prendre des mesures pour éviter les victimes civiles.

Pourparlers reportés

Le Kazakhstan a annoncé mardi dans ce contexte que la prochaine session de pourparlers de paix sur la Syrie à Astana pourrait se tenir à la mi-septembre, alors que la Russie prévoyait d’organiser ces discussions fin août. Lors de la dernière session de pourparlers, Russie, Iran et Turquie avaient tenté de parvenir à un accord sur la mise en place de zones de “désescalade”.

L’envoyé de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, espère pour sa part lancer en octobre des pourparlers de paix “réels et substantiels” entre le régime et l’opposition à Genève.

Dans le même temps, des groupes de l’opposition syrienne réunis à Ryad se sont séparés sans accord sur une stratégie de négociation face au régime, en raison des divergences sur le sort du président Bachar al-Assad, a rapporté un participant mardi.

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