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Les deux plus grands partis politiques suisses «décapités»

RDB

Les présidents des partis vainqueurs et vaincus des élections fédérales de dimanche dernier ont annoncé leur démission ce vendredi en l'espace de quelques heures.

Ueli Maurer et Hans-Jürg Fehr quitteront respectivement l’Union démocratique du centre (UDC/droite nationaliste) et le Parti socialiste (PS) au printemps 2008.

Les deux plus grands partis de Suisse commenceront la législature avec un nouveau président.

Candidat au second tour pour un siège à la Chambre haute du Parlement (Conseil des Etats) à Zurich, Ueli Maurer a fait part de sa démission de la présidence de l’UDC dans la matinée, en pleine campagne. Qu’il soit élu ou pas, il souhaite se réorienter professionnellement.

Agé de 57 ans, ce dernier quittera également le secrétariat de l’Union zurichoise des paysans afin de travailler dans le secteur de la communication. Il fondera vraisemblablement sa propre société.

La tête haute

Ueli Maurer quitte son poste la tête haute. Depuis qu’il a été élu président en janvier 1996, l’UDC a doublé sa force électorale, passée de 14,9 % aux élections de 1995 à 29 % à celles de 2007, et quelque 600 nouvelles sections ont été créées.

Après avoir atteint «une nouvelle étape» dimanche dernier, le parti doit maintenant planifier la prochaine législature. C’est pourquoi Ueli Maurer et le secrétaire général Gregor Rutz ont annoncé leurs retraits deux mois avant, explique l’UDC.

Le président n’a pas voulu donner de date exacte pour sa démission. Auparavant il aimerait encore mener à bien la réforme des statuts du parti. Une assemblée des délégués devrait l’adopter en mars.

Hans-Jürg Fehr aussi

C’est en mars également, le 1er, que le Parti socialiste tiendra un congrès extraordinaire. Non seulement il se penchera à cette occasion sur les analyses de sa défaite et son avenir, mais il aura à élire un nouveau président et un nouveau vice-président.

Quelques heures après l’annonce d’Ueli Maurer et sans aucun lien entre les deux, Hans-Jürg Fehr et Pierre-Yves Maillard ont annoncé leur démission de la direction du PS.

Le Vaudois avait déjà fait part de sa décision. Quant à Hans-Jürg Fehr, il avait prévu de quitter la tête du PS en automne 2008, sans avoir encore rendu publique cette intention.

Mais pour laisser les coudées franches au parti dans son besoin de remise en question, le Schaffhousois, 59 ans, a décidé d’accélérer les choses.

En toute liberté

Aucune voix n’a pourtant demandé la tête de Hans-Jürg Fehr après la défaite du week-end dernier. Vendredi encore lors de la séance du comité directeur qui s’est livré à une première analyse des résultats, des voix se sont plutôt élevées pour le retenir, a précisé Pierre-Yves Maillard.

Malgré l’échec, ce dernier a relevé le travail de son président en près de quatre ans. Celui-ci a notamment renforcé ses finances et créé la culture du débat au sein du PS.

Renforcer la dynamique

Pour le moment, Hans-Jürg Fehr, lui-même réélu pour la troisième fois conseiller national à Schaffhouse, se dit incapable de voir où il a fait des erreurs. «J’espère que mon retrait renforcera la dynamique du PS à se relever», a-t-il déclaré.

Le PS lui-même fera son autocritique. Pour la direction du parti, il faudra analyser les erreurs de communication et de stratégie au niveau suisse, mais aussi tenir compte des spécificités cantonales qui peuvent expliquer certains échecs.

Succession

Aucun des deux présidents sortants n’a souhaité s’exprimer trop précisément sur son successeur. Dans chaque camp, les papables ne se bousculent pas au portillon.

Beaucoup demandant un délai à l’image d’Ursula Wyss, présidente du groupe socialiste, qui n’exclut pas une candidature mais ne s’était pas encore posé la question. Ou des deux députés UDC Toni Brunner (Saint-Gall) et Adrian Amstutz (Berne).

swissinfo et les agences

A 59 ans, Hans-Jürg Fehr est un professionnel de la politique.

Au Conseil national depuis 1999 et réélu dimanche, il siège à la commission de l’économie et des redevances. Auparavant, cet intellectuel et historien de formation s’était profilé comme un ténor du parlement de Schaffhouse, où il siège depuis 1983 et a notamment présidé le groupe socialiste.

Marié, sans enfant, Hans-Jürg Fehr a été enseignant avant de s’engager dans la presse ouvrière. Il a été journaliste à l’hebdomadaire schaffhousois «Arbeiter Zeitung», le dernier journal militant de gauche, puis responsable de la maison d’édition du même nom.

Agé de 57 ans, Ueli Maurer a commencé sa carrière politique en 1978 en tant que conseiller communal. En 1983, il était élu au parlement cantonal zurichois et siège depuis 1991 à la Chambre basse (Conseil national) du Parlement fédéral.

Actuel secrétaire de l’Union zurichoise des paysans, il a été réélu dimanche au Conseil national et reste encore en course pour obtenir un siège à la Chambre haute (Conseil des Etats).

A la tête de l’UDC durant onze ans, Ueli Maurer a fait preuve de longévité pour un président de parti. Il avait succédé au Thurgovien Hans Uhlmann.

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