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Les effets secondaires de la dioxine de Seveso

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Une décision de la Cour suprême italienne pourrait coûter cher à Givaudan. Les victimes de Seveso pourraient lui réclamer des millions de francs.

Souvenez-vous, le 10 juillet 1976, à cause d’un défaut de l’installation de refroidissement, l’usine Icmesa de Seveso, près de Milan, libérait dans l’atmosphère un nuage toxique qui déposait sur les villages voisins 2 grammes de dioxine.

Dans l’immédiat, on ne déplorait heureusement aucune victime. Mais un millier de personnes devaient évacuer leur maison et 200 habitants étaient hospitalisés. Pire, les années suivantes, plusieurs enfants naîtront avec des malformations.

Une indemnité de 3200 francs par victime

Propriétaire d’Icmesa, le producteur de parfums et d’arômes genevois Givaudan versera aux victimes 180 milliards de lires (144 millions de francs) pour les dommages biologiques endurés. On croyait alors le dossier clos.

Mais, plus de 25 ans après, la Cour Suprême italienne vient de rendre un jugement qui devrait lancer une nouvelle procédure. Le Tribunal a admis le recours d’une victime qui réclamait en plus une indemnisation pour le tort moral subit suite à cet accident.

En clair, la peur de voir se développer une maladie au fil des ans, ou l’angoisse encourue lors d’une grossesse sur une éventuelle malformation du nouveau-né, doivent être prises en compte. La Cour a donc condamné Givaudan à verser une indemnité de 4 millions de lires (3200 francs) à un habitant de la région.

La direction de Givaudan reste sereine

Résultat, si les quelque 10 000 victimes du drame suivent le même chemin, Givaudan risque de devoir débourser au moins 32 millions de francs. Déjà, l’avocat italien Francesco Borasi a déclaré au journal italien Corriere della Sera vouloir négocier avec l’entreprise pour le versement d’une indemnité globale.

Les chiffres avancés varient entre 20 et 50 millions d’euros (de 30 à 75 millions de francs). Si Givaudan refuse, l’avocat italien menace de lancer une plainte collective contre la société genevoise pour obtenir une réparation financière.

Chez Givaudan, on reste serein. «Une cause commune n’est pas possible en Italie, il faudra que chaque personne porte plainte individuellement et prouve qu’elle a subi un dommage moral», précise son porte-parole Peter Wullschleger. Pour l’heure, la société estime que «le risque est limité et les provisions nécessaires ont été faites dans les comptes».

Givaudan refuse de se prononcer sur une éventuelle transaction à l’amiable. Elle attend de prendre connaissance de la décision du Tribunal «pour analyser en détail la situation». A ce jour, l’accident de Seveso a coûté au total 300 millions de francs à l’entreprise.

Luigino Canal

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