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Les employeurs critiquent l’évaluation scolaire

«Stellwerk», littéralement «poste d'aiguillage»: à l'adolescence, les chemins divergent... Keystone

Face au manque de repères dans l'appréciation des candidats aux places d'apprentissage, beaucoup d'entreprises exigent des candidats des tests de compétences.

Développé en 2005, «Stellwerk», nouveau test organisé directement dans les écoles, doit mieux orienter les jeunes suisses alémaniques dans leur formation, et renseigner les employeurs sur leur niveau.

Les Elèves d’Outre-Sarine ont désormais à disposition un nouveau test d’évaluation de leurs capacités, afin d’être mieux aiguillés lors de leur entrée dans la vie professionnelle.

Baptisé «Stellwerk», l’examen évalue le niveau des élèves en mathématiques, sciences naturelles et techniques, allemand, français et en anglais. Il évaluera dès septembre également la capacité de représentation mentale, comme demandé par les entreprises.

Tant que le candidat répond correctement, les exercices se compliquent. A l’inverse, ceux-ci deviennent plus simples en cas d’erreur. «Stellwerk», littéralement «poste d’aiguillage» permet ainsi de mieux orienter les élèves.

Effectué durant la huitième année scolaire, les résultats sont utilisés l’année suivante afin de combler les lacunes, et de développer les points forts de chacun.

A la demande des entreprises

Ce test a en outre été mis en place dans le but de répondre à la requête des entreprises, pour lesquelles les trop nombreux systèmes d’évaluations différents rendent difficile la détermination du niveau réel d’un candidat. Grâce à «Stellwerk» la comparaison entre candidats est plus aisée.

Il existe déjà des tests de capacité similaire, organisés principalement par des organismes privés. L’émission «Mise au point» de la Télévision suisse romande (TSR) évalue à 40% les jeunes à la recherche d’un emploi ou d’une place d’apprentissage qui se soumettent à ces examens.

«Tous les candidats sont jugés sur les mêmes critères », explique Luz Weingart, de l’organisme Multicheck. «Ainsi, il n’y a pas les habituels décalages entre les méthodes d’évaluation des différentes régions, ou même entre les différents professeurs, certains étant plus sévères ou d’autres coulants».

Les examens sur ordinateur assurent donc la constance de l’évaluation. «Et puis, outre les compétences scolaires, le potentiel du candidat est également pris en compte, précise Luz Weingart. La logique, la concentration et la capacité de mémorisation, entre autres, sont étudiés ainsi. Les tests Multicheck sont par ailleurs ajustés au niveau requis par les écoles professionnelles».

Echos positifs

Selon Claudia Coray, la responsable du projet « Stellwerk », les premiers échos sont positifs, tant de la part des élèves, des conseillers en orientation que des maîtres d’apprentissage. Ses créateurs aimeraient l’étendre à la Suisse romande et au Tessin, et ainsi en faire un standard national.

«Stellwerk» est déjà utilisé dans les écoles des cantons d’Argovie, d’Appenzell Rhodes-Extérieures, de Saint-Gall et de Zurich, ainsi qu’au Liechtenstein. Cinq autres cantons d’Outre-Sarine, dont Berne, l’introduiront au printemps 2007.

Mais pour la Conférence suisse des directeurs cantonaux de l’instruction publique (CDIP), «généraliser Stellwerk n’est pas d’actualité», indique sa responsable de la communication, Gabriela Fuchs.

Elle relève l’existence d’autres systèmes d’évaluation et ajoute que la CDIP élabore actuellement les standards d’éducation nécessaire à l’harmonisation de l’école votée massivement en mai dernier, le concordat HarmoS. «Les tests d’aptitude existants ou futurs devront de préférence se baser sur ces standards», explique-t-elle.

Réponse à un besoin

Il n’en pas toujours été ainsi. Les exigences des employeurs ont-elles donc changé? Ou les évaluations scolaires sont-elles moins fiables qu’auparavant? Selon Madame Weingart, ces tests étaient depuis un certain temps déjà organisés par les entreprises elles-mêmes, les banques notamment.

Un test valable pour toute la Suisse, avec des critères uniformes, s’est ensuite avéré nécessaire. Des organismes comme Multicheck sont alors apparus, en réponse à ce besoin. « Ce système de sélection est en outre équitable lorsqu’il s’agit de comparer quelques centaines de candidats. »

Et de noter que les résultats sont évidemment pris en compte en plus des résultats scolaires, et des appréciations des employeurs eux-mêmes.

swissinfo, Emilie Bay

En Suisse, deux tiers des jeunes optent pour la formation professionnelle.

La formation professionnelle initiale en entreprise est la forme de formation professionnelle la plus courante, selon l’office fédéral de la formation professionnelle et technologique.

En 2004, 63’858 jeunes ont commencé une formation professionnelle en entreprise.

La Suisse compte autant de systèmes d’évaluation que de cantons.

Le concordat intercantonal HarmoS prévoit de fixer des objectifs d’éducation communs, mais en ce qui concerne l’évaluation, chaque canton reste libre dans ses choix, des notes aux appréciations.

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