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Les enjeux de l’aide suisse au Népal

La population manifeste à Katmandou pour dénoncer l'accession au trône du nouveau roi Gyanendra. Keystone

Les remous qui secouent actuellement le royaume himalayen sont de nature à faire réfléchir sur l'aide en général. La Suisse est d'autant plus concernée qu'elle oeuvre depuis longtemps à Katmandou et qu'elle est assez au fait des habitudes locales.

La précarité des conditions générales de sécurité a amené le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) à déconseiller aux citoyens suisses de voyager au Népal. «La vie publique est pratiquement paralysée, notamment dans les domaines des transports, de l’administration, des banques et des contrôles aux frontières», précise le DFAE dans un communiqué.

Près de 200 ressortissants suisses y vivent actuellement. Et des mesures d’évacuation sont actuellement à l’étude en cas de nécessité. Des manifestations populaires ont éclaté en début de semaine à Katmandou pour dénoncer l’accession au trône du nouveau roi Gyanendra, très impopulaire.

La tragédie, qui a vu l’héritier de la couronne abattre la plupart des membres de la famille royale, avant de retourner l’arme contre lui, ne modifie pas pour l’instant les relations entre la Suisse et le Népal, explique le chef de l’information du DFAE, Ruedi Christen.

Ill faut dire que les liens entre le Népal et la Suisse sont anciens. La coopération suisse au développement au Népal remonte à une cinquantaine d’années et ce sont d’abord des passionnés de la montagne qui l’ont entamée.

L’appel des hauts sommets inviolés et l’attrait d’un pays interdit ont poussé ceux qu’on appelait encore des explorateurs, comme Toni Hagen, à jeter les premières passerelles, au propre comme au figuré. Il n’était pas dans les usages locaux d’escalader les montagnes par plaisir ou défi. Techniciens et spécialistes ont suivi, avant routards et touristes.

Un demi-siècle plus tard, le Népal continue de vivre essentiellement de l’assistance internationale. Ses grands voisins, l’Inde et la Chine, le surveillent de près.

Classé au 8e rang des pays les plus pauvres du monde, plus de la moitié de ses 20 millions d’habitants vivent dans une pauvreté extrême, avec un revenu annuel par personne de 285 francs pour 2000, une espérance de vie d’environ 50 ans et un taux d’analphabétisme de 78% pour les hommes, de 87% pour les femmes. C’est dire que la coopération internationale a encore de beaux jours devant elle.

Le Népal se trouve parmi les sept priorités de la Direction du développement et de la coopération (DDC). Pour 2001, il est prévu de lui consacrer 18,4 millions en aide bilatérale, plus 1,1 million aux organisations caritatives privées qui y travaillent.

Par comparaison, les programmes en Inde sont budgétés à 27 millions, et au Bangladesh à 23,9 millions pour la même période. Outre les projets classiques, le projet pilote sur lequel la DDC compte beaucoup est plus novateur: il porte sur la bonne gouvernance, la promotion des droits de l’homme et la lutte contre la corruption.

Nul doute que sur ce plan-là, le Népal a encore du chemin à parcourir et que le défi à relever donne une perspective à long terme. Pour l’instant, les responsables helvétiques attendent de voir l’évolution sur place, dans l’espoir de reprendre leurs activités le plus vite possible. Ils feront alors le point sur les possibilités et leurs intentions.

Claude Levenson

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