Des perspectives suisses en 10 langues

Les gros émetteurs dans la mire de la Suisse à Bali

Les émissions de gaz à effet de serre au menu de la conférence de Bali. Keystone Archive

Les représentants de 190 nations se retrouvent dès lundi en Indonésie pour une conférence cruciale sur le climat. La Suisse y ambitionne d'impliquer les gros émetteurs de gaz à effet de serre.

Pour Thomas Kolly, qui dirige les négociateurs suisses, il faut pouvoir inclure les pays émergeants et les Etats-Unis dans le système qui s’appliquera après 2012.

A Bali, chacun a en tête le rapport alarmant du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), dont les chercheurs prédisent sécheresses, canicules et montée des océans en conséquence du réchauffement climatique.

«Cette réunion répond à une urgence désormais sans précédent», affirme Yvo de Boer, secrétaire de l’Onu en charge des questions climatiques.

L’objectif principal de la réunion de Bali? Lancer le débat en vue de l’accord climatique qui succèdera au protocole de Kyoto après 2012.

«A Bali, le but et le résultat probable sera que nous déciderons de la feuille de route qui doit nous mener vers la fin 2009 et la conférence sur le climat organisée à ce moment-là», explique à swissinfo le Suisse Thomas Kolly.

«Cela peut sembler modeste et bureaucratique, reconnaît le chef des négociateurs suisses. Mais il est nécessaire de construire la route qui permettra aux voitures de passer. Etablir une feuille de route implique aussi de mettre à plat les principaux enjeux.»

«Pas suffisant»

Les pays émergents dont l’Inde ou la Chine sont exonérés de l’obligation de limiter leurs émissions, au même titre que l’ensemble des pays en développement. Et ce, malgré leur croissance exceptionnelle.

Pour Thomas Kolly, «les pays liés aux objectifs du Protocole de Kyoto ne «pèsent» qu’un quart environ des émissions de CO2. Ce n’est simplement pas suffisant».

La Chine, par exemple, est en train de rattraper les Etats-Unis et deviendra bientôt le premier émetteur de la planète. Mais la position rigide de Pékin évolue.

Selon Yvo de Boer, Pékin donne depuis peu des signaux encourageants et pourrait accepter des réductions d’émissions, sinon globales, au moins dans certains secteurs d’activité.

Sur le fond, les pays émergents craignent notamment que la lutte contre le réchauffement ne nuise à leurs efforts pour s’extraire de la pauvreté.

Les Etats-Unis

De son côté, Thomas Kolly se montre optimiste sur la participation des Etats-Unis au processus de négociation. Et cela, en raison surtout de la pression de l’opinion publique américaine et du poids des preuves scientifiques.

Pour l’heure, les USA sont avec l’Australie le seul grand pays industrialisé resté en dehors du système de Kyoto qui oblige à réduire les émissions de CO2. L’Australie vient toutefois d’annoncer son entrée prochaine dans le protocole.

Convaincue qu’il faut limiter la hausse de la température moyenne de la planète à 2°C, l’Union européenne (UE) s’est pour sa part engagée unilatéralement à réduire d’ici 2020 ses émissions de 20%. Voire de 30%, si les autres pays industrialisés s’engagent. La Suisse a annoncé qu’elle adopterait une position semblable à l’UE en Indonésie.

Une obligation

Des signaux encourageants donc. Mais selon de nombreux experts, l’objectif de parvenir à un accord avant fin 2009 est très optimiste, étant donné que les Etats-Unis seront gouvernés par une nouvelle administration à partir de janvier 2009.

Cette date doit toutefois être respectée, estiment les spécialistes, qui rappellent que plusieurs années seront nécessaires à obtenir la ratification du document final.

Un autre motif invite à respecter cette date: les industriels exploitant des usines ou des centrales électriques sont pressés de connaître les nouvelles règles que le successeur du protocole de Kyoto leur imposera.

Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon a déjà annoncé que face au changement climatique, «nous ne pouvons pas nous permettre de quitter Bali sans une réelle percée vers un accord global entre toutes les nations».

swissinfo et les agences

La conférence de Bali doit plancher sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Mais pas seulement.

Il y sera question de compensations octroyées aux pays tropicaux pour les inciter à lutter contre la déforestation, source de 20% des émissions de CO2.

Les débats tourneront aussi autour d’un fonds d’adaptation qui doit permettre aux nations pauvres de faire face aux effets du changement climatique. On y parlera aussi de la manière d’aider les pays en développement à accéder aux technologies énergétiques de pointe.

Le protocole de Kyoto a été conclu en 1997. Son objectif: ramener avant 2012 les émissions globales de gaz à effet de serre à un niveau inférieur de 5% à celui de 1990. Plus de 170 pays se sont engagés à participer au système.

Les Etats-Unis, premier pays émetteur, ont choisi en 2001 de se retirer du pacte qui, selon Washington, coûterait trop cher à l’économie américaine et la pénaliserait vis-à-vis notamment de la Chine et de l’Inde. Les émissions des Etats-Unis devraient augmenter d’un tiers d’ici 2010 par rapport à 1990.

Les gaz à effet de serre retiennent la chaleur à l’intérieur de l’atmosphère terrestre. Le principal d’entre eux est le dioxyde de carbone (CO2), suivi du méthane et du protoxyde d’azote (N2O).

Le Suisse Louis Palmer effectue actuellement un tour du monde en voiture solaire et veut montrer aux grands de ce monde comment les énergies propres peuvent être mises à profit. Il sera à Bali et espère que les politiciens souhaitant faire un tour dans son «Solartaxi» seront nombreux.

Le Solartaxi est un véhicule à trois roues avec une remorque de six mètres carrés équipée de cellules solaires. Il peut atteindre 90 km/h et accomplir jusqu’à 400 km sans s’arrêter.

Louis Palmer fait à la fois partie de la délégation du programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) et de la délégation suisse.

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision