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Les jeunes et les enfants menacés par la paupérisation

Keystone

Toujours plus d'enfants dépendent de l'aide sociale, tandis que de nombreux jeunes peinent à s'insérer durablement dans le monde du travail.

Face à ce défi, la Commission fédérale pour l’enfance et la jeunesse lance un appel afin de redéfinir le contrat de solidarité entre les générations.

C’est à cette conclusion que sont parvenus les quelque 200 experts réunis jeudi et vendredi à Bienne lors d’un séminaire organisé par la Commission fédérale pour l’enfance et la jeunesse (CFEJ). Pour eux, le contrat entre les générations devrait tenir compte plus adéquatement des besoins des jeunes.

«La Confédération, les cantons et les communes notamment doivent se soucier davantage de l’intégration sociale des jeunes», a souligné le chef du Département fédéral de l’intérieur (DFI) Pascal Couchepin, présent à Bienne. «Sinon on met une mèche à une bombe sociale qui risque d’éclater un jour ou l’autre.»

La pauvreté reste jusqu’ici un tabou en Suisse. «Les pauvres sont toujours les autres: les voisins, les habitants du Tiers Monde, ceux qui vivent dans les banlieues en France et en Allemagne. Et en Suisse? On n’y parle pas d’argent. Soit on en a, soit… », a déclaré à swissinfo le président de la CFEJ Pierre Maudet.

Intégration problématique

Beaucoup préfèrent vivre à l’écart et endettés plutôt que d’admettre leur pauvreté, relève le communiqué de la Commission fédérale pour l’enfance et la jeunesse. Or de plus en plus d’enfants sont dépendants de l’aide sociale. Pour leur part, les jeunes éprouvent beaucoup de peine à entrer dans le monde du travail.

L’intégration économique et sociale des jeunes générations est pourtant vitale pour l’avenir de la Suisse, estiment les experts. La pauvreté des enfants et des jeunes n’est pas uniquement un phénomène conjoncturel. Il s’agit plutôt d’un problème de société, qui ne peut pas être résolu à l’échelle individuelle. La mise en place de solutions de type structurel est par conséquent urgente.

Lorsqu’on observe le domaine de l’aide sociale, on constate un rajeunissement des personnes qui en sont bénéficiaires. «Il s’agit d’enfants, de jeunes et même de jeunes adultes», souligne Matthias Drilling, chargé de cours à la Haute école de travail social de Bâle.

«La pauvreté des personnes âgées a quelque peu diminué, c’est vrai. Mais cela grâce aux prestations complémentaires spécifiques qui ont été instaurées», ajoute-t-il.

Où sont les pères?

L’accroissement massif du nombre de places d’accueil extra-familial figure ainsi au nombre des mesures préconisées par les spécialistes. Tout comme la refonte de l’organisation scolaire, qui passerait par l’harmonisation des horaires et par des journées continues pour les écoliers.

Quant à l’école, elle devrait mieux préparer les jeunes à s’intégrer professionnellement. Chaque jeune devrait avoir droit à une formation reconnue.

Enfin les experts préconisent également de repenser la politique familiale en Suisse. Le versement de prestations complémentaires pour les familles à revenu modeste ou l’harmonisation des avances et du recouvrement des pensions alimentaires sont des mesures qui contribueraient à lutter contre la paupérisation.

swissinfo et les agences

La Commission fédérale pour l’enfance et la jeunesse organise tous les deux ans un séminaire auquel participent près de 200 spécialistes de la politique de la jeunesse en Suisse.

Chaque édition met l’accent sur un thème particulier. Cette année, c’est la pauvreté conduisant à l’exclusion sociale des enfants et des jeunes qui a été abordée.

L’édition 2004 avait traité de la raréfaction des espaces à disposition des jeunes dans les villes.

Les résultats des travaux de la Commission sont publiés dans un rapport qui laisse également place à l’opinion des jeunes.

Les enfants jouent un rôle dans le processus d’appauvrissement. Les familles nombreuses ou monoparentales, surtout lorsque le parent unique est une femme, sont particulièrement touchées.

Selon la CFEJ, un cinquième des familles avec trois enfants ou davantage figuraient parmi les “working poor” en 2003. Il s’agit de personnes professionnellement actives, mais dont le revenu global est inférieur au seuil de pauvreté.

La même proportion est valable pour les familles monoparentales.

En 2003, 233’000 jeunes vivaient dans des familles appartenant à la catégorie des “working poor”.

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