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Les jeux sont faits

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Le gouvernement a octroyé jeudi des concessions pour l’exploitation de 22 casinos. Vingt autres projets ont été refusés. Pire, des établissements devront fermer.

Berne a accordé sept concessions de type A. Elles permettent l’exploitation d’un grand casino caractérisé notamment par une large offre de jeux ainsi que par des mises et des gains illimités.

En Suisse romande, c’est Montreux qui décroche le jackpot. Son maire, Pierre Salvi, s’en réjouit. «Cela représente un apport très important du point de vue de la politique touristique. Nous pouvons voir l’avenir avec sérénité; c’est un jour magnifique», déclare-t-il.

Les six autres concessions de type A ont été accordées à des projets situés à Baden, Bâle-aéroport, Berne, Lugano, Lucerne et St-Gall.

La plus grande densité au monde

Quatorze autres projets ont reçu une concession de type B. Celle-ci autorise l’exploitation d’un casino dont l’offre de jeux et le montant des mises et des gains ainsi que les jackpots sont limités.

Dans leur dimension, les futurs casinos de type B se rapprocheront des actuels kursaals. Quatre d’entre eux seront situés en Suisse romande: Crans-Montana (VS), Granges-Paccot (FR), Courrendlin (JU) et Meyrin (GE).

Avec un total de 22 casinos autorisés, la Suisse comptera un casino pour 323 000 habitants. C’est la plus forte densité au monde. Par comparaison, la France compte un casino pour 367 000 habitants et l’Allemagne un pour 1 632 000 habitants.

Critères de choix

Ces chiffres montrent bien que la Suisse pouvait difficilement satisfaire toutes les demandes. C’est la raison pour laquelle 20 dossiers ont été refusés.

Pour fixer son choix, Berne a imposé toute une série de conditions. Deux ont pesé particulièrement lourd dans la balance: l’assise financière et le caractère professionnel des projets.

D’autres critères, comme l’impact économique et touristique pour une région, l’origine licite des fonds ou encore le savoir-faire des promoteurs sont aussi entrés en ligne de compte.

Le critère géographique enfin était important, les casinos devant être répartis équitablement selon les régions. C’est la raison pour laquelle d’excellents projets situés dans des zones de forte concurrence ont été écartés alors que des projets un peu moins bons, mais se trouvant dans des régions où il n’y avait pas une forte demande, ont été retenus, explique la conseillère fédérale Ruth Metzler.

Choix discutables

Les choix du Conseil fédéral ont naturellement fait des malheureux. C’est notamment de cas de la Romande des Jeux, dont aucun des quatre projets n’a été retenu.

La société comprend assez mal la décision du gouvernement, d’autant que ses projets répondaient à toutes les conditions requises. Mieux, en redistribuant les bénéfices à des œuvres d’utilité publique, la Romande des Jeux pouvait se targuer d’une certaine caution morale.

«On fait le poing dans notre poche, déclare Pierre Dubois, président de la Romande des Jeux. L’utilité publique ne semble pas avoir convaincu le Conseil fédéral. Par ailleurs, on ne peut pas dire que les sites retenus soient des hauts lieux du tourisme romand».

Chômage en perspective

Mais il y des cas plus dramatiques. Certains casinos déjà en activité n’ont pas reçu de concession. Ils devront donc fermer leurs portes d’ici au 31 mars prochain. L’échéance pourrait toutefois encore être prolongée de trois mois dans les cas de rigueur.

C’est notamment le cas du casino de Saxon (VS), ouvert depuis le 15 mai 1996. Tant son directeur Joël Mari que son président Eric Woirin se déclarent «abattus» et ne comprennent absolument pas la décision du gouvernement.

«Je n’ai plus qu’à annoncer à 72 personnes que nous devons fermer», déclare Eric Woirin. De son côté, le Conseil fédéral estime que la plupart des employés des casinos recalés retrouveront du travail dans les nouveaux établissements.

Le casino de Saxon fait partie de Cie Casinos Holding SA (CDC). Dans cette affaire de concession, le groupe a connu les fortunes les plus diverses. Son casino de Saxon doit fermer, son projet de Fribourg est refusé, mais son projet à Meyrin a été accepté.

«Ma réaction est donc assez contrastée, déclare Me Albert Nussbaumer, avocat du groupe. Mais pour ce qui concerne Saxon, je crois que c’est la proximité du futur grand casino de Montreux qui a joué en défaveur de notre établissement.»

«Le Conseil fédéral veut que les casinos soient rentables, poursuit-il. Il n’y avait donc pas de place pour deux établissements dans la même région».

Olivier Pauchard, Palais fédéral

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