Des perspectives suisses en 10 langues

Les lacunes de la lutte contre le racisme

Le rapport a été présenté par Doris Angst et Georg Kreis, respectivement secrétaire général et président de la Commission fédérale contre le racisme. Keystone

Dans une étude, la Commission fédérale contre le racisme dénonce les faiblesses du dispositif antiraciste en Suisse. Et propose des solutions.

«Les pouvoirs publics ne donnent pas assez d’argent. Tout le reste est secondaire». Telle est la réponse cinglante de Karl Grünberg, Secrétaire général de l’Association romande contre le racisme, au rapport de la Commission fédérale contre le racisme (CFR).

Ce rapport identifie pourtant une série de lacunes en matière de lutte contre la discrimination raciale. Selon la commission, la Suisse manque d’institutions spécialisées où les victimes d’actes racistes peuvent trouver conseil. Un manque particulièrement criant en Suisse centrale et dans les zones rurales en général.

Absence de coordination

Cela dit, tous les cantons possèdent au moins un centre de consultation ou une antenne, à l’exception d’Appenzell Rhodes-Extérieures. Mais la majorité des centres existants travaillent seuls, sans aucune coordination entre eux ou avec les associations actives dans ce domaine.

Ces faiblesses ressortent d’une enquête menée auprès de 130 centres de conseil aux victimes d’actes racistes. Une analyse qui souligne également les maigres prestations offertes par ces centres et le faible niveau professionnel de ses employés. «Peu de centres sont en mesure d’intervenir de manière active en cas de conflit. L’essentiel des prestations se fait par téléphone», estime le rapport.

Pour remédier à ces lacunes, la CFR propose une mise en réseau de l’ensemble de ces centres. Ce qui permettrait un partage des connaissances et des compétences. Pour ce faire, la Confédération dispose d’un fond de 500 000 francs. Une enveloppe supplémentaire gérée par le tout nouveau Service de lutte contre le racisme qui dépend du Département fédéral de l’Intérieur.

Effort insuffisant

Karl Grünberg salue cet effort. Mais il l’estime insuffisant. «En signant la convention de l’ONU contre le racisme, la Suisse s’est pourtant engagée à stimuler massivement une vraie campagne de prévention contre le racisme», lance le responsable de l’Association romande contre le racisme.

Karl Grünberg estime également que la Suisse dispose de suffisamment de personnes compétentes, que ce soit des travailleurs sociaux ou des éducateurs. «Nous manquons simplement de moyens pour les engager», souligne Karl Grünberg.

Une absence de fonds qui s’explique, selon lui, par un manque de volonté politique. «La Confédération refuse de s’engager à ne pas commettre elle-même des actes de discrimination raciale. Des actes qui découlent de la Loi sur les étrangers. Cet aveu figure en toutes lettres dans la réserve mise par la Suisse à son adhésion à la convention contre le racisme», souligne Karl Grünberg.

Frédéric Burnand, Genève

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision