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Les Noirs de Suisse se sentent mal-aimés

Les Noirs ne se sentent pas bien acceptés par la société suisse. Keystone

Les Noirs estiment qu’ils ne sont pas acceptés par la société en général. Ils demandent aux autorités d’encourager davantage la multiculturalité.

Selon une étude mandatée par la Commission fédérale contre le racisme (CFR), ils se disent victimes de clichés, de préjugés, de discrimination, voire d’actes racistes.

Présentée mercredi à Berne, l’étude «Les Noirs en Suisse. Une vie entre intégration et discrimination» a été réalisée par deux chercheuses appartenant au groupe des personnes concernées.

Les Noirs, qui constituaient en 2002 environ 0,6% de la population, sont souvent perçus comme un groupe homogène du fait de la couleur de leur peau, écrivent les auteurs. Elles constatent également que les stéréotypes qui leur sont associés datent en grande partie de l’esclavage et de l’ère coloniale.

Pour changer les mentalités, une meilleure connaissance entre les populations blanches et noires est nécessaire, estiment-elles. C’est pourquoi elles ont choisi à travers leur étude de donner la parole aux Noirs eux-mêmes, dont certains vivent depuis des dizaines d’années en Suisse.

Leur première constatation est que les personnes interrogées sont souvent bien intégrées dans leur environnement social, qu’elles ont du travail et des amis suisses, mais qu’elles ne se sentent pas acceptées par la société en général. Plusieurs incidents de la vie quotidienne viennent confirmer ce sentiment.

Ces personnes décrivent comme méfiants les regards portés sur elles dans la rue ou les lieux publics. Dans les transports en commun, elles constatent que la place à côté d’elles reste souvent inoccupée. Elles ont aussi l’impression que l’image des Noirs est négative, car basée sur un amalgame entre la couleur de leur peau et des comportements criminels.

Racisme quotidien



Le racisme constitue une autre réalité quotidienne des Noirs vivant en Suisse. La plupart des événements entrent dans la catégorie du racisme sournois ou latent, comme le fait d’être ignoré, méprisé ou pas écouté.

Puis viennent les insultes – une personne sur deux a déjà été insultée plus d’une fois à cause de la couleur de sa peau – et les agressions physiques.

Ces actes sont l’œuvre d’individus isolés, mais aussi de personnes appartenant à une autorité, des services ou des institutions. Les agressions policières, qu’elles soient verbales ou corporelles, sont les formes de violence raciste le plus souvent subies par les Noirs.

Une question de couleur



Pour Georg Kreis, président de la CFR, «les propos recueillis dans le cadre de cette étude nous montrent clairement que la couleur de peau joue un rôle majeur dans tous les domaines de la vie quotidienne. Une réalité dont nous, Blancs vivant dans un environnement à majorité blanche, avons trop peu conscience», écrit-il dans la préface de l’étude.

Les personnes interrogées estiment que c’est d’abord aux autorités d’intervenir activement pour édifier une société qui reconnaisse la multiculturalité de la Suisse et supprimer les discriminations et le racisme. Concrètement, ils souhaitent des campagnes de sensibilisation, en particulier à l’école.

Une action que les auteures appellent également de leurs vœux. Elles demandent aussi de garantir le respect des droits de l’homme et de soutenir les organisations noires qui travaillent déjà dans le secteur de l’intégration et de la lutte contre le racisme.

swissinfo et les agences

En 2003, les Noirs représentaient environ 0,6% de la population totale en Suisse et 2,4% de la population étrangère.
La population originaire d’Afrique sub-saharienne en Suisse est estimée à environ 35’000 personnes (chiffres de 2002).

– L’étude a été réalisée entre février et octobre 2003 au moyen d’entretiens dits «qualitatifs».

– 27 personnes de sexe, d’âge, de lieu de résidence, de profession et de statut social différents ont été interrogées.

– 20 sont Suisses.

– Les deux chercheuses – Carmel Frölicher-Stines et Kelechi Monika Mennel – sont Noires elles-mêmes.

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