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Les nuages s’accumulent pour l’économie mondiale

L'OCDE se montre tout particulièrement préoccupée par la guerre commerciale que se livrent les Etats-Unis et la Chine, à coups de taxes douanières et de mesures de rétorsion qui "ont déjà eu des répercussions négatives sur la confiance et les projets d'investissement" (archives). KEYSTONE/FR56856 AP/STEPHEN B. MORTON sda-ats

(Keystone-ATS) Escalade dans la guerre commerciale entre Washington et Pékin, crise dans les pays émergents ou encore hausse de l’endettement: l’OCDE tire la sonnette d’alarme. L’économie mondiale pourrait avoir atteint “son pic de croissance”.

L’économie mondiale pourrait avoir amorcé un ralentissement avec “des risques (…) qui s’intensifient”, a souligné jeudi l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE). Elle a ainsi légèrement abaissé sa prévision de croissance mondiale à 3,7% pour cette année et pour 2019, soit respectivement 0,1 point et 0,2 point de moins que prévu lors de ses dernières projections de juin.

L’OCDE se montre tout particulièrement préoccupée par la guerre commerciale que se livrent les Etats-Unis et la Chine, à coups de taxes douanières et de mesures de rétorsion qui “ont déjà eu des répercussions négatives sur la confiance et les projets d’investissement”.

“Une augmentation plus large encore des tensions commerciales, comme des taxes douanières plus importantes (…), aurait des conséquences significatives sur le commerce et frapperait la production et les revenus des foyers dans les économies imposant des mesures restrictives”, a-t-elle assuré.

Appel au dialogue

“Des mesures tarifaires supplémentaires porteraient préjudice à l’emploi et au niveau de vie, notamment pour les foyers à bas revenus”, a prévenu l’organisation. L’OCDE appelle à “l’arrêt de la glissade vers le protectionnisme et à un renforcement du système international de régulation du commerce à travers le dialogue”.

Elle maintient toutefois sans changement ses prévisions de croissance pour les Etats-Unis cette année à 2,9%, ne baissant que de 0,1 point celle pour 2019 à 2,7%, et a confirmé ses prévisions précédentes pour la Chine à 6,7% en 2018 et à 6,4% l’an prochain.

Dans la zone euro, l’institution s’attend à une croissance moins forte que prévu en juin, à 2% cette année (-0,2) et 1,9% en 2019 (-0,2). Le ralentissement touche l’économie allemande qui devrait croître à 1,9% (-0,2) cette année contre 2,5% l’an dernier et 1,8% en 2019, ainsi que la France, qui après avoir atteint 2,3% en 2017, reculerait à 1,6% cette année (-0,3), avant de rebondir à 1,8% l’an prochain.

La croissance du Royaume-Uni, affectée par le Brexit, devrait poursuivre son ralentissement à 1,3% cette année (-0,1) et 1,2 en 2019 (-0,1).

Emergents dépendants de la Chine

L’OCDE s’inquiète de la situation dans les pays émergents, en particulier ceux dont les devises se sont effondrées au cours des derniers mois comme l’Argentine, la Turquie et dans une moindre mesure l’Afrique du Sud. L’économie argentine devrait ainsi reculer de 1,9% cette année, soit 3,9 points de moins que prévu en juin; la Turquie est attendue à 3,2% (-1,9) et l’Afrique du Sud à 0,9% (-1,0). Quant au Brésil, il perd près d’un point par rapport à juin à 1,2% (-0,8).

Cette crise qui frappe des poids lourds parmi les émergents n’a pas eu pour l’instant d’effet contagieux “comme à la fin des années 90”, car de nombreuses économies émergentes “sont aujourd’hui moins vulnérables qu’à l’époque”, reconnaît l’OCDE. Mais l’institution alerte sur des risques “de tensions plus profondes et d’un retournement encore plus marqué du sentiment des investisseurs”, notamment si la guerre commerciale provoque un ralentissement de l’économie chinoise.

“Un approfondissement des tensions commerciales pourrait exacerber les faiblesses, notamment si la Chine est touchée, reflétant l’intégration croissante dans le réseau commercial mondial de la plupart des marchés émergents au cours des deux dernières décennies”, a expliqué l’organisation. Dix années après la faillite de Lehman Brothers, l’OCDE constate aussi des hauts niveaux d’endettement.

“Les réformes ont renforcé le système bancaire, mais les risques se sont déplacés vers des institutions non bancaires qui sont moins étroitement régulées”, a-t-elle prévenu. “Les niveaux de dette publique et privée sont aujourd’hui plus élevés qu’avant la crise dans de nombreuses économies”, s’inquiète l’institution, qui redoute qu’un resserrement de la politique monétaire américaine plus rapide que prévu “ne déclenche de l’instabilité financière”.

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