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Les ONG suisses s’associent à la campagne contre les bombes à fragmentation

Fortes du succès rencontré par leur campagne contre les mines antipersonnel, les ONG remontent au front. En Suisse aussi. Mais, aujourd'hui, c'est pour lutter contre les bombes à fragmentation. Logique: ces bombes ont les mêmes effets et font autant de victimes que les mines.

Décembre 1997, à Ottawa, au Canada: une bonne centaine de pays se mettaient d’accord pour interdire définitivement les mines antipersonnel. Mais ce nouveau traité n’aurait jamais vu le jour si des organisations non gouvernementales (ONG) de tous pays ne s’étaient pas impliquées dans cette bataille humanitaire.

Trois ans plus tard, emmenées notamment par des organisations américaines – une œuvre d’entraide mennonite et Human Rights Watch – les ONG repartent en guerre contre une autre arme antipersonnel, la bombe à fragmentation.

On avait un peu oublié son existence. Mais la guerre du Golfe et surtout les bombardements de l’OTAN au Kosovo ont montré que la «bombinette» faisait toujours partie des arsenaux. Une bombe à fragmentation peut contenir et disperser d’un seul coup plusieurs dizaines de ces explosifs pas plus gros qu’un poing mais terriblement puissants et meurtriers.

Ces munitions, si elles n’explosent pas tout de suite, deviennent de véritables mines. «C’est lorsqu’elles ont des ratés qu’elles posent problème car elles explosent au moindre contact», explique Elisabeth Reusse-Decrey, présidente de la Campagne suisse contre les mines antipersonnel.

Alors pourquoi ne pas avoir fait bataille contre elles en même temps que contre les mines? «C’était difficile, ce fut un long débat, on s’est finalement résolu à lutter d’abord contre les armes conçues pour exploser au contact des gens. Maintenant, il faut s’attaquer à celles qui ont les mêmes effets, les bombes à fragmentation, mais aussi les systèmes anti-manipulation des mines anti-chars.»

La Campagne suisse contre les mines antipersonnel se rallie donc aux arguments de la quarantaine d’autres ONG qui, dans un premier temps, réclament un moratoire sur la fabrication, l’utilisation et le commerce des munitions à fragmentation.

«Nous allons donc relancer une campagne de sensibilisation de l’opinion publique, dit encore Elisabeth Reusse-Decrey. Nous utiliserons les mêmes images que pour les mines et pour dire que ce n’est pas fini, que ça a un autre nom, et qu’il faut que ça cesse!»

La Suisse est directement concernée. L’armée en possède et l’Entreprise suisse de munitions (SM) en fabrique en collaboration avec l’industrie militaire israélienne. Mais, signe particulier, elles sont munies d’un mécanisme d’autodestruction fiable à 98%.

C’est insuffisant, disent les militants suisses: «Dans une grande offensive, où beaucoup de munitions sont utilisées, même 2% de ratés, c’est beaucoup. Des lieux à usage civils tels que les villages, les villes, des sources d’eau, mais également des terres agricoles ne doivent pas être la cible de telles munitions».

En janvier, ils ont déjà demandé au gouvernement fédéral que la Suisse soit «le premier pays du monde à se plier à un moratoire». Ils attendent aussi des parlementaires fédéraux qu’ils fassent preuve, dans ce dossier, de la même audace qu’ils avaient affichée à propos des mines antipersonnel.

On en entendra donc parler dans les mois qui viennent, peut-être même pendant la campagne de la prochaine votation sur la révision de la loi militaire. Certaines personnalités politiques ont en effet demandé, en échange de leur ‘oui’, que le gouvernement s’engage à bannir ce type de munitions et accompagne la nouvelle loi de mesures concrètes.

Bernard Weissbrodt

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