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Les ONG veulent un moratoire sur les OGM

Pour les oeuvres d'entraide, les OGM ne servent pas les paysans du Sud. Keystone

Les œuvres d'entraide appellent les Suisses à voter pour un moratoire sur l'utilisation d'organismes génétiquement modifiés (OGM) dans l'agriculture.

Mais, si un ‘oui’ sortait des urnes le 27 novembre, avertit l’Institut de recherches conjoncturelles (KOF), des dizaines de milliers d’emplois seraient menacés en Suisse.

La technologie des OGM aggrave les difficultés sociales des petits paysans en les rendant dépendants des grandes multinationales de l’agrobusiness.

C’est, en tous cas, les propos tenus vendredi à Berne par Michèle Laubscher, d’Alliance Sud, la communauté de travail regroupant des ornanisations non gouvernementales (ONG) telles que Swissaid, Action de Carême, Pain pour le prochain, Helvetas, Caritas et Entraide protestante suisse (EPER).

Les semences génétiquement modifiées sont en effet plus chères que les semences traditionnelles en raison des licences sur les brevets, a indiqué Caroline Morel, directrice de Swissaid. En Argentine, les cultures de soja transgénique ont contribué à la disparition de plus de 150’000 petites exploitations.

En acceptant un moratoire sur le génie génétique dans leur agriculture, les Suisses enverraient «un signal important de soutien à tous ceux qui, dans le Sud, se battent contre les OGM», a ajouté Michèle Laubscher. «Cela d’autant plus que Syngenta, l’une des plus grandes entreprises de semences OGM dans le monde, a son siège en Suisse».

Une menace sur les emplois

Pour l’Institut KOF de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich, qui a mené une étude financée par les opposants au moratoire, le danger est d’une toute autre nature. Accepter l’initiative populaire «pour des aliments produits sans manipulations génétiques» mettrait en danger près de 40’000 places de travail en Suisse.

Un moratoire de cinq ans défavoriserait les paysans helvétiques par rapport à la concurrence étrangère, car ils ne pourraient plus cultiver des plantes résistant aux nuisibles et aux maladies, a expliqué jeudi Bernd Schips, directeur du KOF.

D’autre part, l’initiative aurait des effets néfastes sur la place scientifique suisse et sur le développement économique du pays dans son ensemble. Même si la recherche génétique ne serait pas à proprement parler interdite, un “oui” inciterait les entreprises à délocaliser leurs recherches. La Suisse perdrait sa position de pointe en la matière.

Conforté par une précédente étude menée en rapport à l’initiative pour la protection génétique, rejetée par deux tiers des votants en 1998, Bernd Schips évalue à près de 40’000 le nombre d’emplois menacés en Suisse. Tant la recherche fondamentale que d’autres domaines sont concernés.

Les scientifiques se mobilisent

La vision du KOF est en tout cas partagée par le Comité de coordination de biotechnologie (CCSB). Il a appelé vendredi à voter contre ce moratoire qui est à ses yeux nuisible pour la place suisse d’innovation.

Le CCSB est une association qui a pour but la coordination des intérêts et des activités scientifiques des diverses branches de sociétés, d’organisations et de corporations ayant trait aux questions des biotechnologies. Ceci dans le domaine de la science, de l’économie et de l’administration.

D’une manière générale, les milieux scientifiques se sont fortement mobilisés en vue de la votation du 27 novembre. Quelque 150 chercheurs se sont même fendus d’un manifeste contre le moratoire.

swissinfo et les agences

Aux Etats-Unis, ont compte pratiquement 50 millions d’hectares cultivés avec des plantes génétiquement modifiées.
On trouve 16 autres millions d’hectares en Argentine, 5,4 millions au Canada, 5 millions au Brésil, 3,7 millions en Chine, 0,5 million en Inde.
Au total, il y avait 81 millions d’hectares de terres cultivées avec des OGM en 2004, 20% de plus que l’année précédente.

– Le 27 novembre, le peuple se prononce sur une initiative demandant un moratoire de cinq ans sur l’utilisation de plantes OGM dans l’agriculture.

– Le texte prévoit également un moratoire sur l’utilisation d’animaux génétiquement modifiés.

– En revanche, l’importation de produits agricoles OGM finis (par exemple du soja), resterait permise.

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