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Les opposants à une école homogène en campagne

Olivier Delacretaz, président du «comité suisse d'opposition à l'espace éducatif suisse unifié», vendredi à Berne. Keystone

Les opposants de droite et de gauche aux articles constitutionnels sur l'éducation ont lancé leur campagne respective en vue de la votation du 21 mai.

Les deux comités – l’un emmené par une petite partie de la droite dure et l’autre par des partis d’extrême-gauche – dénoncent une atteinte au fédéralisme et l’absence de débat.

Les cantons ne seront plus que des exécutants, puisque les articles donnent à la Confédération le droit de légiférer s’ils ne se sont pas mis d’accord pour harmoniser l’instruction publique.

C’est en tous cas l’avis de Julien Le Fort, assistant en droit à l’Université de Fribourg et membre du comité de droite, intitulé «comité suisse d’opposition à l’espace éducatif suisse unifié».

En matière d’enseignement des langues par exemple, le conflit est programmé, lance de son côté Ulrich Schlüer, député zurichois de l’UDC (Union démocratique du centre/droite dure).

Ulrich Schlüer souligne que les intérêts ne sont pas les mêmes dans les cantons de Suisse orientale que dans les cantons de Suisse romande.

De son côté, l’enseignant et député Oskar Freysinger prédit même que «tous les cantons seront forcés, au mépris du fédéralisme, à rechercher le consensus et l’harmonisation à tout prix, sous peine de se voir imposer une législation fédérale».

Pour le démocrate du centre valaisan, le plus petit dénominateur commun sera «la médiocrité».

Pas de problème de mobilité

Les partisans du «oui» estiment que sans harmonisation du système scolaire, la mobilité des parents en Suisse restera entravée. Mais cet argument laisse de marbre le comité de droite.

C’est un faux problème, explique Christophe Reymond, directeur du Central patronal vaudois. Car les flux migratoires entre cantons sont faibles et ne cessent de baisser.

Le comité de droite est un comité «de personnes et non pas de masses», précise Olivier Delacrétaz, président de la Ligue vaudoise.

Pour autant, Oskar Freysinger estime que plus de la moitié des parlementaires UDC voteront «non» le 21 mai. Il rappelle par ailleurs que plusieurs sections cantonales de l’UDC recommandent de faire pareil.

Extrême-gauche également contre

A l’autre extrême de l’échiquier politique, la coordination «Non le 21 mai» dénonce également ces nouveaux articles constitutionnels.

A vocation nationale, cette coordination ne regroupe toutefois que des partis d’extrême-gauche romands, des associations d’étudiants genevois et tessinois ainsi que le réseau école et laïcité.

Selon cette alliance, l’harmonisation de la formation, qui n’est pas un mal en soit, cache un projet antidémocratique, une mainmise de l’économie sur l’éducation et la libéralisation de cette dernière

«Il n’y a malheureusement pas de débat sur cette votation», a déploré Joyann Boget à l’occasion d’une conférence de presse qui s’est tenue simultanément à celle du comité de droite.

Libéralisation larvée

En cas de «oui», les citoyens et les parlements cantonaux seront dépossédés de leurs droits de regard et de décision au profit des exécutifs réunis dans les conférences intercantonales, explique la présidente popiste (communiste) du Grand conseil vaudois Christiane Jaquet-Berger.

Or, selon elle, beaucoup ne s’en rendent pas encore compte, notamment en Suisse alémanique,

Pour Tamara Katz, membre de la Conférence des associations d’étudiants de l’Université de Genève, cette évolution s’inscrit dans un contexte international qui vise à libéraliser puis à privatiser la formation.

Et Tamara Katz de souligner que, selon le principe de l’égalité de traitement, des universités privées seront désormais en droit de demander des subventions.

swissinfo et les agences

– Etat fédéral, la Suisse accorde la compétence de l’instruction publique aux cantons.

– Aujourd’hui, la Suisse compte 26 systèmes d’éducation différents, soit un par canton.

– Les autorités et les responsables de l’instruction publique estiment que cette diversité est préjudiciable.

– Un projet d’harmonisation de l’enseignement obligatoire au niveau national a été élaboré.

– Il accorde à la Confédération le droit d’intervenir dans les affaires dans cantons au cas où ils ne parviendraient pas à s’entendre.

– Mais, pour que ce projet soit réalisé, il faut une modification de la Constitution et l’aval du peuple suisse.

– Pour être accepté, l’objet doit obtenir une majorité du peuple et des cantons.

Le système éducatif suisse va au devant de nombreux changements ces prochaines années:
Mise en place d’un système de contrôle généralisé
Etablissement de standards de formation
Enseignement précoce
Amélioration des compétences dans la langue maternelle
Apprentissage plus précoce des langues étrangères
Adaptation aux données structurelles de la famille et de la vie professionnelle
Réforme des hautes écoles

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