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Les opposants dénoncent un pillage absurde des caisses fédérales

(Keystone-ATS) L’initiative populaire dite « vache à lait » sur le financement des routes déshabillera Pierre pour habiller Paul. Le texte soumis au vote le 5 juin creuserait un trou béant de 1,5 milliard dans les caisses fédérales, a averti jeudi un comité interpartis à Berne.

L’initiative « Pour un financement équitable des transports » du lobby routier veut affecter aux infrastructures routières la totalité des impôts sur les huiles minérales, soit environ 3 milliards de francs. Actuellement, la moitié de cette enveloppe finit dans la caisse générale de la Confédération.

Ce serait une arnaque désastreuse, estime le comité réunissant des parlementaires du PS, du PLR, du PDC, des Verts, du PVL, du PBD et du PEV. L’initiative étant applicable immédiatement, il faudra tout de suite lancer un nouveau problème d’économies fédérales pour trouver les 700 millions qui manqueront cette année dans la caisse pour les autres tâches et le trou doublera dès l’an prochain, a averti la conseillère aux Etats Brigitte Häberli (PDC/TG).

M3 en danger

La formation ou l’agriculture devraient se passer de centaines de millions. La Confédération ne pourrait plus financer la deuxième tranche du métro M3 à Lausanne, a cité son syndic sortant, l’écologiste Daniel Brélaz. Car l’initiative détruirait le Fonds pour les routes nationales et le trafic d’agglomération (FORTA) que les Chambres fédérales sont en train de mettre sur pied.

Ce dernier est une bien meilleure solution pour garantir un financement durable des routes. Il devrait apporter au moins 700 millions de francs aux automobilistes, ont assuré plusieurs orateurs. Les conseillers nationaux Evi Allemann (PS/BE) et Jürg Grossen (PVL/BE) ont refusé de promettre le soutien final de leur parti, mais selon eux, le fonds est bien parti.

Pas des vaches à lait

Malgré son titre officiel, l’initiative n’est pas équitable et affubler les automobilistes de vache à lait n’est pas plus juste. Les taxes sur l’essence n’ont pas été adaptées depuis des décennies et les conducteurs ne participent pas aux coûts externes de la route comme le bruit, la pollution ou les accidents, soit 6,5 milliards de francs par an, a fait valoir Mme Allemann.

C’est déjà bien qu’ils touchent la moitié des recettes des huiles minérales depuis les années 1950. Ce n’est pas courant dans les pays voisins. La logique de l’initiative est de toute façon absurde: à ce ce compte-là, seuls les parents devraient financer l’école obligatoire et l’impôt sur l’alcool devrait servir à encourager la consommation d’alcool, a ironisé la conseillère nationale Rosmarie Quadranti (PBD/ZH).

Pour M.Grossen, un point relie tout de même les automobilistes et les vaches à lait: elles sont fortement subventionnées. Le système actuel des transports fonctionne bien: il est inutile de jouer la route contre le rail: seuls 10% des automobilistes ne prennent jamais les transports en commun, a relevé M.Brélaz. Les autres voteraient contre leur intérêt en soutenant l’initiative.

PLR divisé

Le texte est sans compromis et excessif, a dénoncé le conseiller aux Etats Olivier Français (PLR/VD). Selon lui, avec FORTA, l’initiative aurait pu être retirée et le PLR a cherché en vain le dialogue avec les initiants. Comme le PDC, le parti est pourtant divisé sur la question. La future présidente Petra Gössi (SZ) fait partie du comité d’initiative et seuls quatorze parlementaires dont une poignée de romands figurent dans l’alliance du « non ».

Au total 137 parlementaires fédéraux ont rejoint cette l’alliance qui compte aussi l’Union des transports publics, celle des villes l’Association transport et environnement, l’Union suisse des paysans, des organisations environnementales et des syndicats. Son budget de campagne se monte à 1 million de francs.

Dans les rangs adverses figurent des parlementaires fédéraux PLR, PDC et UDC. Emmené par l’association des importateurs suisses d’automobiles (auto-suisse), le comité d’initiative réunit aussi l’Union professionnelle suisse de l’automobile (UPSA), l’Association suisse des transports routiers (ASTAG), Commerce Suisse et l’Union pétrolière (UP).

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