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Les poisons industriels, un fléau mondial

Certains pesticides peuvent être mortels pour l'homme. Keystone

Dès lundi, près de 450 ministres et délégués de plus de 100 pays sont à Genève pour parler d’importation et d’exportation de produits chimiques dangereux.

Selon l’agence spécialisée de l’ONU, ces substances ont déjà contaminé des millions de personnes dans le monde et des dizaines de milliers en sont mortes.

«Chaque habitant de la Terre porte dans son corps des traces de différents poisons chimiques et nombre d’entre eux peuvent causer le cancer, la stérilité ou d’autres problèmes de santé», écrit dans un communiqué le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE).

Lundi à Genève s’ouvre la première Conférence des parties à la Convention de Rotterdam, qui règle l’importation et l’exportation des produits chimiques les plus dangereux.

La réunion sera présidée par Philippe Roch, directeur de l’Office fédéral de l’environnement, des forêts et du paysage (OFEFP) et Genève est candidate pour abriter – conjointement avec Rome – le secrétariat de la Convention.

«Nous attendons surtout de cette Convention qu’elle aide à protéger la santé humaine et celle de l’environnement», déclare Philippe Roch à swissinfo.

Pour le chef de l’OFEFP, elle devrait aussi «offrir aux pays en développement des outils pour mesurer la toxicité des produits qu’ils vendent et qu’ils achètent».

Plus de 70’000 substances



Aujourd’hui, on trouve près de 70’000 substances chimiques différentes sur le marché et la liste s’allonge de quelque 1500 nouveaux produits chaque année.

De nombreux pays n’ont ainsi simplement pas les moyens de contrôler, ni de maîtriser celles de ces substances qui peuvent être dangereuses.

Ainsi, le PNUE s’inquiète de voir que de nombreux pesticides dont l’usage a été interdit ou sévèrement limité dans les pays industrialisés sont encore vendus et utilisés librement dans les pays en développement.

Philippe Roch compte bien que la Convention de Rotterdam puisse aider les pays à partager leurs expériences dans ce domaine et que chacun prenne conscience des risques que présentent ces poisons chimiques.

«Une première ligne de défense»

De son côté, le PNUE relève que les accidents, le mauvais usage et le manque de contrôles sur ces substances sont responsables de l’empoisonnement de millions de personnes. L’agence onusienne compte bien que la Convention crée une «première ligne de défense» contre ces fléaux.

«Tout le monde a quelque chose à y gagner. Des agriculteurs aux mères qui allaitent leurs enfants, en passant par la faune et la flore sauvage», déclare Klaus Töpfer, directeur exécutif du PNUE.

En outre, ces objectifs font partie de l’ambitieux agenda pour le développement durable et l’enrayement de la pauvreté, défini il y a deux ans au Sommet de Johannesbourg.

Savoir ce que l’on achète

La Convention prévoit notamment que les pesticides et les produits chimiques les plus dangereux ne pourront plus être exportés sans le consentement éclairé du pays acheteur.

Pour l’instant, 27 substances sont soumises à cette procédure, parmi lesquelles le DDT et les PCB, utilisés dans les transformateurs électriques. L’amiante et certains composés hautement toxiques du mercure sont également inclus dans la Convention.

Comme l’explique Philippe Roch, un des buts de la Conférence de Genève est d’ajouter au moins 13 substances à cette liste, ainsi que de garantir l’efficacité à long terme de la Convention.

Genève et Rome contre Bonn

La Conférence devrait également décider du siège futur du secrétariat de la Convention. Depuis 1998, celui-ci est établi conjointement à Genève et à Rome et les deux villes entendent bien le conserver. Mais elles seront en concurrence avec Bonn, ancienne capitale de l’Allemagne fédérale

«Les expériences accumulées depuis plus de cinq ans montrent que l’établissement du secrétariat à Genève et à Rome est une solution viable et efficace», écrit l’OFEFP dans un communiqué.

Et Philippe Roch d’ajouter que cette décision sera «très importante pour la Suisse».

swissinfo, Anna Nelson à Genève
(traduction, Marc-André Miserez)

– La Convention de Rotterdam s’applique aux produits chimiques interdits ou d’usage sévèrement contrôlé dans certains pays.

– Jusqu’ici, 22 de ces produits sont inscrits sur la liste des substances qu’un pays n’a pas le droit d’acheter sans être parfaitement informé des risques.

– Un des buts de la Conférence de Genève est d’ajouter 13 produits sur cette liste.

– La Conférence devra également choisir le siège du secrétariat permanent de la Convention. Depuis 1998, un secrétariat ad interim est installé entre Genève et Rome.

– Les deux villes sont candidates pour le secrétariat permanent, mais la cité allemande de Bonn l’est également.

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