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Les premiers paysans du Néolithique venaient de la mer Égée

Les chercheurs se sont notamment basés sur des analyses d'ADN provenant de squelettes vieux de 8500 ans trouvés à Revenia, dans le nord de la Grèce. Fotini Adaktylou / Ephorate of Antiquities of Pieria sda-ats

(Keystone-ATS) L’agriculture est arrivée en Europe au Néolithique, il y a plus de 8000 ans, par la migration de paysans venus de la région de la mer Égée. C’est le constat d’une étude internationale avec participation des universités de Genève et de Fribourg.

Sous la direction du paléogénéticien Joachim Burger, de l’Université de Mayence (D), les scientifiques ont séquencé des parties de l’ADN mitochondrial (hérité de la mère) de cinq squelettes du Néolithique. Il s’agissait d’agriculteurs ayant vécu entre 6500 et 4000 avant J.-C. dans l’actuelle région gréco-turque.

Les chercheurs ont comparé ces séquences avec celles de certains des premiers agriculteurs européens répertoriés, ainsi qu’avec celles d’européens modernes, selon ces travaux publiés dans la revue américaine “PNAS”.

“Nous savions que l’agriculture est apparue en Europe il y a environ 8000 ans, mais on ignorait si ce savoir et ces techniques s’étaient répandus par diffusion culturelle ou par migration”, a indiqué à l’ats Mathias Currat, de l’Université de Genève, co-auteur de cette recherche.

Deux voies migratoires

Résultats: les analyses montrent que les premiers agriculteurs apparus en Europe centrale et du Sud provenaient de la région de la mer Égée. L’origine migratoire de ce changement est donc très vraisemblable, selon les auteurs. Même s’il a pu en aller différemment dans d’autres régions d’Europe, note M. Currat.

Les chercheurs ont identifié deux voies de migration, celles des Balkans, conduisant vers l’Europe centrale, et celle par la Méditerranée menant vers la péninsule Ibérique.

Ötzi lui-même, la fameuse momie retrouvée dans un glacier autrichien, est un descendant des antiques agriculteurs égéens, a expliqué à l’agence APA Barbara Horejs, de l’Académie autrichienne des sciences, co-auteure de ces travaux.

Peu de mélange

La comparaison avec l’ADN d’européens “modernes” a quant à elle montré que les paysans immigrés ont davantage contribué au patrimoine génétique actuel que les chasseurs-cueilleurs locaux. “Il y a eu apparemment des contacts, mais peu”, a précisé Daniel Wegmann, de l’Université de Fribourg.

Toutes les populations modernes en Europe portent nettement les signes distinctifs égéens dans leur ADN, ajoute Mme Horejs. Des populations originelles, il est resté peu de choses, de manière générale comme dans le génome.

Les scientifiques entendent maintenant analyser des ossements provenant d’autres régions d’Europe. “Nous voulons également étudier la chronologie des contacts entre les paysans égéens et les chasseurs-cueilleurs”, conclut M. Currat.

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