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Les primes d’assurance-maladie à la hausse

L'augmentation des coûts hospitaliers est un facteur décisif de la hausse des primes en Suisse. Keystone

Les primes de l'assurance-maladie obligatoire augmenteront de 5,6% en moyenne en 2006. Avec 10% de hausse, les Bernois paient le plus lourd tribut.

Dix ans après l’introduction de la loi sur l’assurance-maladie (LAMal), les coûts, en particulier hospitaliers, ne cessent de prendre l’ascenseur.

Les adultes devront débourser en moyenne 5,6% de plus tandis que les jeunes subiront une hausse de 7,1%. Les primes des enfants renchériront pour leur part de 3,5%.

Selon les chiffres diffusés mardi par l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), les jeunes de 19 à 25 ans continuent ainsi de voir leurs primes maladie augmenter plus rapidement que leurs aînés.

Il y a un an, leurs primes avaient progressé de 5,5% alors que celles des adultes s’étaient appréciées de 3,7%.

Tandis que la moyenne nationale s’établira en 2006 à 241,17 francs pour les jeunes, la barre des 300 francs sera pour la première fois franchie chez les adultes à partir de 26 ans pour se situer à 306,41 francs (risque accident compris).

Selon l’OFSP, l’augmentation des coûts hospitaliers est un facteur décisif de la hausse des primes en Suisse. En dix ans, les primes se sont envolées de 67,6%.

Genève reste le canton le plus cher

Malgré une hausse modeste de 3,6% en 2006, Genève reste, comme les années précédentes, le canton le plus cher avec une prime moyenne de 425,57 francs, révèlent les chiffres diffusés mardi.

Si aucun canton romand ne dépasse la hausse moyenne nationale, quatre pratiqueront des primes plus fortes que la moyenne.

Outre les Genevois, les Vaudois devront débourser l’an prochain 370,27 francs (+4,9%), les Neuchâtelois 361,99 francs (+4,6%) et les Jurassiens 333,63 francs (+4,6%).

A Fribourg en revanche, la prime moyenne atteindra 280,86 francs (+4,8%). En Valais, le tarif de l’assurance progressera comme la moyenne nationale de 5,6% pour s’établir à 250,49 francs.

L’envolée des primes alémaniques

Six cantons alémaniques (Berne, Lucerne, Appenzel Rhodes-Intérieures, Saint-Gall, Argovie et les Grisons) voient leurs primes décoller plus vite que la moyenne.

Les Bernois devront s’acquitter d’une prime de 313,47 francs qui représente une envolée de 9,9%. Selon le communiqué de l’OFSP, cela s’explique surtout par des adaptations des tarifs hospitaliers cantonaux.

L’office estime d’ailleurs que l’augmentation des coûts hospitaliers est un facteur décisif de la hausse des primes en Suisse. De fortes différences pouvant exister au sein même d’un canton, il recommande aux assurés d’effectuer des comparaisons sur la base de leur prime individuelle.

La solidarité de la LAMal a disparu

Face à la hausse des primes, les assurés peuvent effectivement changer de caisse. Ce n’est toutefois pas la panacée avertit Jacqueline Bachmann, directrice de la Fondation pour la protection des consommateurs (SKS).

Selon elle, s’inscrire auprès d’une caisse meilleur marché permet d’y gagner individuellement. Mais cela n’a encore jamais permis d’économiser globalement.

Et la démarche peut s’avérer difficile, poursuit la directrice du SKS, et pas seulement en raison des obstacles administratifs. Cela représente en effet un changement de mentalité: avant, on restait sa vie durant fidèle à la même caisse.

Un constat s’impose: dix ans après l’introduction de la loi sur l’assurance-maladie (LAMal), le consommateur est loin d’avoir trouvé ses marques. La jungle des démarches administratives le laisse le plus souvent démuni.

Avant l’introduction de l’assurance obligatoire, le système était inefficace et injuste, rappelle la présidente de la Fédération romande des consommateurs (FRC) Pierrette Rohrbach.

«Mais, ajoute-t-elle, en dix ans, l’aspect social et solidaire de la LAMal a été perdu de vue au profit de l’économie.»

Le taux des réserves des assureurs

De leur côté, la plupart des partis politiques gouvernementaux ne ménagent pas leurs critiques contre le département du Radical Pascal Couchepin. En clair, ils l’accusent de ne pas maîtriser le dossier.

Pourtant, pour tenter de faire face à l’explosion des coûts, le ministre de l’intérieur (en charge de la santé) a récemment proposé de réduire le taux minimal des réserves des assureurs comptant plus de 100’000 assurés de 15% à 10% dans les cinq ans.

Mais, selon santésuisse, cette réduction serait «dangereuse». L’organisation faîtière des assureurs estime en effet que le taux de réserve moyen de toute la branche (16,5% en 2004) correspond au taux minimum et n’offre pas de marge de manoeuvre.

Lundi, les assureurs avaient désigné les responsables de l’explosion des coûts de la santé. Et le directeur de santésuisse Marc-André Giger d’incriminer les coûts hospitaliers, ceux des médecins et ceux des médicaments.

Pour sa part, le porte-parole de santésuisse, Peter Marbet, estime que l’obligation de contracter entre médecins et caisses-maladie doit être abolie. Et qu’une réforme du financement des hôpitaux est nécessaire pour enrayer une nouvelle hausse.

swissinfo et les agences

Hausse moyenne des primes de l’assurance obligatoire:

5,6% en 2006
3,7% en 2005
4,3% en 2004
9,6% en 2003
9,7% en 2002
5,5% en 2001
3,8% en 2000

– En dix ans, les primes d’assurance-maladie obligatoire se sont envolées de 67,6%.

– La hausse des primes pour 2006 est (en moyenne) de 5,6% pour les adultes, de 7,1% pour les jeunes de 19 à 25 ans et de 3,5% pour les enfants.

– Entrée en vigueur en 1996, la loi sur l’assurance-maladie (LAMal) a posé de nouveaux jalons. L’assurance de base est devenue obligatoire. L’âge, le sexe et l’état de santé ne sont en principe plus des critères pour calculer une prime.

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