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Les Suisses boudent les téléphones sur l’Internet

Au niveau mondial, la téléphonie sur l'Internet a un avenir prometteur. Keystone

La téléphonie sur l'Internet (IP, pour Internet Protocol) en Suisse ne connaît guère de succès. En pleine expansion dans de nombreux pays, le système n'a pas encore enthousiasmé les opérateurs suisses. C'est surtout sa complexité qui lui est reprochée.

L’IP permet de transmettre des données vocales sur l’Internet à un coût inférieur aux télécommunications traditionnelles. Selon les chiffres de l’Union internationale des télécommunications (UIT), les réseaux téléphoniques IP ont vu transiter 4 milliards de minutes de communications en 2000, soit 3% du total des communications vocales et par fax.

Pourtant en Suisse, aucune trace de ce boom n’est perceptible. Chez sunrise, après avoir proposé ce service pendant quelques temps, l’opérateur a abandonné le projet. «L’utilisation est beaucoup trop compliquée», indique Monika Walser, porte-parole de sunrise (né de la fusion diAx-sunrise).

Du côté d’Orange, le système est à l’étude. «La technique est intéressante mais, pour l’instant, elle n’est envisageable que pour le réseau fixe», relève Therese Wenger, de la société détenue à 85 % par France Télécom. L’opérateur lausannois ne possède pas encore cette technologie dans ces services.

Swisscom semble l’opérateur le plus intéressé. Le géant bleu a délégué ce dossier au fournisseur d’accès Internet Bluewin, dont il détient 92% des parts.

Pour Melanie Schneider, porte-parole de Bluewin, la qualité vocale réduite des transmissions et la nécessité de se doter de nouveaux équipements diminuent l’attrait du système. La filiale du géant bleu étudie néanmoins de près les potentialités du VoIP (Voice over Internet Protocol).

A l’étranger, ces communications connaissent une augmentation exponentielle alors même que la croissance du trafic international ralentit. Le système prive les opérateurs publics d’une partie importante de leurs revenus les plus lucratifs.

La technologie IP est ainsi synonyme de prix plus bas pour les consommateurs, et de grands défis pour les opérateurs. C’est une technologie perturbatrice, qui casse la structure actuelle des prix et le modèle économique des opérateurs téléphoniques publics, selon l’UIT.

A tel point que certains pays, à l’instar de l’Egypte, d’Israël ou du Nigeria, ont décidé d’interdire les communications via l’Internet, comme le confirme l’UIT dans un rapport sur ses 189 pays membres. Une centaine d’opérateurs sont en train ou ont déjà développé leur réseau IP.

Les télécommunications traditionnelles sont transmises par les opérateurs sur un réseau bien défini. La technologie IP permet de «casser» un appel téléphonique en paquets de données numériques, de les transmettre sur la bande passante disponible à ce moment-là et de les recomposer de l’autre côté. Ce qui permet une utilisation plus efficace de la capacité des réseaux.

De nombreux pays cherchent à savoir comment réagir face à ce phénomène. Ailleurs, ce service remporte un vif succès. La Chine, dont les opérateurs publics développent cette technologie, est devenue le deuxième marché des télécommunications sur l’Internet, derrière les Etats-Unis.

Au niveau mondial, la téléphonie IP est très importante dans les secteurs où il y a très peu de concurrence. Comme sur les réseaux allant vers l’Inde, la Chine ou l’Arabie Saoudite.

Cette technologie a un avenir prometteur en dépit des questions qu’elle soulève, ont récemment estimé des experts en télécommunication réunis par l’UIT à Genève. Si le consommateur est gagnant, il n’en va pas nécessairement de même pour l’opérateur.

Ce dernier devra à la fois investir dans ce service et maintenir les anciens systèmes de transmission, souligne l’UIT. Ces contraintes pourraient expliquer la timidité des opérateurs suisses.

swissinfo avec les agences

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