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Les Suisses de l’étranger protestent

Le comité du CSE: J.Aeschlimann, R. Gysin, J.-S: Eggly, R. Wyder (de g. à dr.). swissinfo.ch

La session d'été du Conseil des Suisses de l'étranger (CSE) s'est tenue vendredi à Fribourg. Comme on s'y attendait, il a adopté deux résolutions, sur le e-voting et le sort de la Revue Suisse.

«Paradoxalement, alors que la communauté des Suisses de l’étranger augmente, on veut diminuer les ressources de l’OSE!» Le président du CSE, Jacques-Simon Eggly a une fois de plus martelé son mécontentement.

Et de rappeler que les restrictions budgétaires pèsent lourd sur la Cinquième Suisse: fermeture de consulats en Europe, incertitudes sur le financement futur des écoles suisses de l’étranger et, bien sûr, le projet de diminuer de 27% le budget de la Revue Suisse.

La centaine de représentants du CSE s’est réunie vendredi dans la majestueuse salle du Grand Conseil (parlement cantonal) fribourgeois, avec fresques, lambris sculptés, vitraux et crucifix.

Ils se sont livrés à un débat-fleuve sur le sort de la Revue Suisse, un sujet «pénible», selon Jacques-Simon Eggly

Dialogue de sourd sur la «Revue Suisse»

Plus de 300’000 francs ont déjà été économisés sur le budget de la Revue a plaidé Rudolf Wyder, directeur de l’OSE. Or le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) exige maintenant une nouvelle réduction de 500’000 francs sur le budget de 1,8 million de francs.

Les «députés» de la Cinquième Suisse se sont bousculés au micro pour présenter leurs arguments. Pas question de diminuer le nombre de numéros de la revue, ni de limiter le nombre de lecteurs à ceux qui le demandent expressément.

L’ambassadeur Markus Börlin a courageusement (et solitairement…) défendu la position du DFAE: 70% de la subvention va à la diffusion de la revue, le DFAE veut continuer à la distribuer, mais à ceux qui s’inscrivent.

En outre, a poursuivi le diplomate, un transfert sur Internet, «permettrait d’intéresser plus de jeunes Suisses de l’étranger à la politique». Et d’ajouter non sans malice que, du reste, l’OSE elle-même milite pour le développement de la cyberadministration et du e-voting.

Jacques-Simon Eggly a déploré de voir ainsi retourné le «principe» que tous les Suisses de l’étranger aient droit à une information, qu’ils soient intéressés ou non. Le CSE refuse tout «déchet» dans le lectorat de la revue. «Après tout, même les abstentionnistes sont des citoyens à part entière», a déclaré l’ancien député genevois.

Et de poser cette question «très grave»: le DFAE va-t-il encore discuter avec l’OSE ou la messe est-elle déjà dite? «Si c’est ça, alors c’est très grave et ce sera une bataille au parlement», avertit le président.

Adoptée à l’unanimité, une résolution «rappelle à la Confédération son devoir d’information envers ses ressortissants à l’étranger». Elle sera transmise au Conseil fédéral (gouvernement).

La Suisse et l’UE

A une large majorité de oui, 3 non et 2 abstentions, le Conseil a donné son feu vert au comité pour qu’il exprime sa position dans le débat sur la prolongation de l’accord bilatéral avec l’UE sur la libre circulation des personnes (Schengen) et son extension aux deux nouveaux membres, la Roumanie et la Bulgarie.

Un «paquet» de deux questions sur lequel les citoyens pourraient être amenés à voter en 2009.

E-voting: appel aux cantons

Le Conseil fédéral a décidé cette semaine d’envoyer aux cantons une circulaire les invitant à développer rapidement des registres électoraux centralisés de Suisses de l’étranger et à développer le vote électronique.

C’est ce qu’a annoncé le vice-chancelier de la Confédération Thomas Helbling, venu dresser l’état des lieux du développement du vote électronique, qui doit être intégré au guichet unique censé réunir administration et administrés.

Fédéralisme oblige, la balle est dans le camp des cantons. Mais les choses ne sont pas si simples. C’est ce qu’a expliqué Jean-Marie Reber, chancelier du canton de Neuchâtel, venu rendre compte de l’essai pilote mené dans son canton (avec Genève et Zurich), où des Suisses de l’étranger ont pu voter pour la première fois par Internet le 1er juin dernier.

Pour limiter les risques, par exemple de devoir annuler des scrutins, les spécialistes avancent prudemment 2015 comme délai. Mais Jean-Marie Reber a également indiqué que l’accès au vote électronique serait limité à 10% des citoyens, de l’étranger ou de Suisse.

Quant au e-voting, fédéralisme oblige, le Conseil des Suisses de l’étranger a voté à la quasi-unanimité (moins une voix et une abstention) une résolution demandant le e-voting.

Texte qui «encourage vivement les cantons» à introduire rapidement le vote électronique pour les électeurs inscrits sur leurs registres, et les Suisses de l’étranger en particulier. Et enfin les encourage à «collaborer entre eux afin de tirer profit des expériences effectuées».

swissinfo, Isabelle Eichenberger à Fribourg

Le CSE est l’organe suprême (parlement) de l’Organisation des Suisses de l’étranger (OSE). Il défend les intérêts des expatriés face aux autorités et à l’opinion en Suisse.

Composé de 130 représentants de la 5e Suisse et de 40 membres de l’intérieur, il se réunit deux fois l’an pour prendre position sur les questions politiques touchant la 5e Suisse.

Publié par l’OSE, ce magazine destiné aux expatriés paraît depuis 35 ans en 5 éditions (allemand, français, italien, anglais et espagnol) de 400’000 exemplaires en tout.

Elle informe gratuitement les 670’000 Suisses de l’étranger, dont près de 120’000 sont inscrits sur les listes électorales et votent.

Le 22 août 2008, le Conseil des Suisses de l’étranger a voté à l’unanimité une résolution protestant contre la coupure de budget de 500’000 de francs (sur un total de 1,8 million) annoncée par le DFAE. Ce qui aurait pour conséquence soit la réduction du rythme de parution soit que seuls les gens qui le demandent reçoivent la revue.

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