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Les Suisses ne veulent plus d’armes à la maison

La pratique qui veut que chaque Suisse conserve son arme chez lui déplaît à toujours plus de citoyens. Keystone

Selon un sondage publié par l'hebdomadaire alémanique 'SonntagsBlick', deux tiers des Suisses ne veulent plus voir d'armes militaires entreposées chez eux.

Dans une interview à la ‘SonntagsZeitung’, la présidente de la Confédération Micheline Calmy-Rey défend la même position. Une initiative à ce sujet pourrait bientôt être lancée.

Réalisé du 19 au 21 avril par l’Institut Isopublic auprès de 1203 personnes dans tout le pays, le sondage publié dimanche par l’hebdomadaire alémanique ‘SonntagsBlick’ révèle que 66% des Suisses sont d’avis que l’arme d’ordonnance et la munition devraient être déposées à l’arsenal, et non plus gardées à la maison.

Les femmes sont particulièrement favorables à ce changement, soit dans une proportion de 76%.

Et 77% des personnes interrogées sont d’avis qu’il n’est pas nécessaire que l’arme et la munition soit conservées à domicile pour que l’armée puisse accomplir sa mission.

Par ailleurs, 31,7% des sondés estiment que des drames familiaux pourraient être évités si les armes militaires étaient interdites à la maison. Ce pourcentage passe à 47,5% en Suisse romande.

Compromis insatisfaisant

Quant au compromis trouvé la semaine dernière par la Commission de sécurité de la Chambre haute – soit garder le fusil à la maison et laisser les munitions à l’arsenal -, 55% des sondés le rejettent et 42% l’approuvent.

A noter que l’idée d’interdire les armes militaires à domicile a échoué ce printemps devant la Chambre basse.

Enfin le sondage montre que 69% des sondés se prononcent pour un registre national des armes. Ils estiment en effet que la législation actuelle n’est pas suffisante.

Micheline Calmy-Rey contre

Pour sa part, la présidente du gouvernement Micheline Calmy-Rey pense qu’il n’est pas indiqué de conserver l’arme d’ordonnance à la maison, ni d’ailleurs les munitions.

«Ce serait un premier pas dans la bonne direction que le militaire n’ait plus de munition à domicile», a-t-elle déclaré à l’hebdomadaire alémanique ‘SonntagsZeitung’. «Ce qui dans le passé avait été conçu comme une mesure de sécurité est aujourd’hui un risque pour la sécurité», argumente Micheline Calmy-Rey.

Un avis que ne partagent pas les tireurs. Présidente de la Fédération sportive suisse de tir, la ministre cantonale zurichoise Rita Fuhrer pense quant à elle que «séparer l’arme des cartouches est un non-sens».

Dans un entretien au ‘Matin dimanche’, elle précise que la Fédération sportive de tir a pris position contre l’idée de rendre les munitions de poche à l’arsenal. «En Suisse, le citoyen soldat a son arme et ses munitions chez lui; c’est une question de culture, d’identité, de tradition».

Initiative bientôt lancée

Le 25 mai prochain, le parti socialiste et plusieurs autres partis et organisations décideront du lancement d’une initiative populaire dont l’objectif est de bannir les armes d’ordonnance du domicile et d’introduire un registre national des armes à feu.

Selon le sondage, si les citoyens devaient s’exprimer la semaine prochaine, le oui l’emporterait à 65,6%. Les femmes disent même oui à 75,5%, relève l’enquête d’opinion.

swissinfo et les agences

Durant leur service actif, les soldats suisses conservent tout leur équipement militaire à domicile, arme comprise.

Ils reçoivent aussi de la munition de poche. Pour les fusils d’assaut, il s’agit de 50 cartouches contenues dans une boite scellée.

En cas de mobilisation, les soldats peuvent ouvrir cette boite et se rendre ainsi sur le lieu de rassemblement des troupes avec une arme déjà chargée.

Le maintien d’armes de guerre à domicile fait régulièrement l’objet de critiques. En effet, celles-ci sont assez régulièrement utilisées dans le cadre de suicides ou de drames familiaux.

Un tel drame avait été particulièrement médiatisé l’an dernier. Corinne Rey-Bellet et son frère avaient été tués par le mari de l’ancienne championne de ski. Celui-ci s’était ensuite suicidé. L’arme utilisée était le pistolet d’ordonnance du mari.

Cette affaire avait créé une vive émotion dans le pays et avait relancé la polémique sur la présence d’armes de guerre à domicile.

Dernier drame en date: jeudi dernier à Baden (Argovie), un tireur fou de 26 ans a tué avec son fusil d’assaut un homme de 71 ans. Il a blessé quatre autres personnes, dont une se trouve dans un état critique.

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